On Iran tous au paradis

20 juillet 2015 18:47 Mis à jour: 25 octobre 2015 22:30

 

ÉDITO – La peur de la grande course à l’arme atomique au Moyen-Orient s’éloigne avec la signature longuement négociée d’un accord entre l’Iran et les grandes puissances ; l’encre à peine séchée, jaillissent des termes de ce contrat près de 150 milliards de dollars d’ argent frais – soit ce qu’on estime être la valeur des avoirs iraniens gelés à l’étranger, essentiellement en Asie, par les sanctions internationales ; cette somme colossale devrait redevenir totalement disponible dès le début 2016, soit un énorme, énorme ballon d’oxygène pour ce pays étranglé depuis près de 10 ans ; et un énorme, énorme gâteau pour les entreprises et investisseurs du monde entier. La grande république islamique, autrefois sorcière enturbannée de l’« axe du mal », est à mesure que se négociait l’accord devenue jeune fille à marier ; depuis plusieurs mois on voit un peu moins de cravatés occidentaux à Dubai ou Doha, et bien plus à Téhéran.

Les eldorados économiques sont rares de nos temps, les mentalités évoluent donc avec la beauté des opportunités. On ne considère plus, ou plus autant, être en Iran face à un affreux régime des mollahs qui devrait faire frémir d’indignation toute personne de bon sens. Maintenant qu’on est officiellement assuré qu’aucune bombe atomique ne décollera prochainement avec pour destination Tel-Aviv, les grandes puissance ont hâte de détacher les mains liées du plus grand adversaire régional de Daech, leur secours inespéré pour trancher le cou au terrorisme islamique et éviter un grand marasme de Damas à Bagdad ; l’Arabie Saoudite et le Qatar n’ont qu’à se faire à l’idée, il fallait un contrepoids iranien à l’islam sunnite, le voilà libéré.

Le moment était d’autant plus propice que le grand Iran, qui a passé par les années glacées de l’ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad, a découvert avec la présidence d’Hassan Rohani la possibilité du dialogue, et peut-être même de la modération. Le « guide suprême » Ali Khameini semble lui-même s’y convertir en vieillissant. Dans ce pays de l’Islam lettré, la soif de développement est immense pour 80 millions d’habitants et pour une jeunesse moderne et instruite. Des routes et autoroutes sont à construire, on rêve de moderniser l’agriculture, d’irriguer mieux les terres de culture, d’assurer l’autosuffisance pour nourrir et éduquer chaque iranien. On rêve aussi de ponts, d’aéroports, d’achat de centaines d’avions, de construction de nouvelles usines, de machines-outils, de voitures, de centres de recherche, d’hôpitaux, de raffineries pour mieux valoriser la manne pétrolière, de gazoducs, des centres commerciaux… et pourquoi pas de tourisme bientôt.

Aussi hypothétique que cela soit, la stabilité dans un Moyen-Orient sur-fragmenté pourrait être aidée par l’accord sur le nucléaire avec Téhéran, qui donne à l’Iran les moyens de développer son économie en s’appuyant sur une population jeune et cultivée qui désire plus fonder en paix une famille que partir en guerre. Déjà, une filiale de la SNCF s’est positionnée pour moderniser des gares. Le Medef fera le déplacement à Téhéran fin septembre et même les banques échaudées par l’amende record infligée à BNP Paribas pourraient revenir dans la mêlée en soutenant les entrepreneurs faisant le pari de l’Iran. Les groupes PSA et Renault négocient plus ou moins discrètement l’implantation d’usines et tous espèrent pouvoir renouer les relations privilégiées qui avaient fait de la France le troisième partenaire commercial de l’Iran au début des années 2000. Les temps changent et les grands démons de la scène internationale d’hier ont droit parfois à leur rédemption à la faveur d’une signature. Dans le nouveau monde économique, « qu’on soit béni ou qu’on soit maudit », on ira tous au paradis.

 

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