Taylor Swift, une force positive pour la féminité?

Taylor Swift, malgré ses discours de gauche projette l'image d'une jeune femme profondément traditionnelle

Par Charlotte Allen
23 février 2024 10:25 Mis à jour: 26 février 2024 12:53

Taylor Swift n’est pas une femme conservatrice. Elle a soutenu le Démocrate Joe Biden dans sa course à la présidentielle de 2020 et elle vit une histoire d’amour avec Travis Kelce, un joueur de la NFL, qui est connue pour être une organisation particulièrement « woke ». 

Mais les conservateurs auraient tort de ne pas y prêter attention. Taylor Swift, malgré tous les discours ancrès à gauche qu’elle prononce en public, projette une image de jeune femme profondément traditionnelle. Elle est la première mégastar de la scène pop depuis des dizaines d’années à embrasser une féminité sans complexe, à passer de bons moments avec des gens normaux, et à faire preuve d’un goût et d’une classe authentiques dans la façon dont elle s’habille et se présente au monde. Et les femmes – que ce soient les adolescentes de la « génération Z » ou leurs grands-mères de la génération des baby-boomers – aiment cela. 

Sa tournée mondiale, « Eras Tour », a généré des ventes de billets estimées à 2,2 milliards de dollars (un record absolu) rien qu’en Amérique du Nord, sans compter les milliards de dollars dépensés par les fans pour se rendre sur les lieux des concerts. Elle a été l’artiste la plus écoutée sur Spotify en 2023.

La majorité de ses fans – 52 % – sont des femmes, près de 75 % d’entre elles sont blanches et, conformément aux habitudes de vote des femmes en général, 55 % d’entre elles s’identifient comme étant plutôt à gauche. Ses fans adultes (18 ans et plus) sont en grande partie des millénaires (45 %), comme on pouvait s’y attendre. Mais ce qui est fascinant, c’est que 44 % d’entre eux ont plus de 40 ans. Taylor Swift a un attrait intergénérationnel stupéfiant. 

Pourquoi tant de succès auprès des femmes? Tout d’abord, Taylor Swift n’arbore pas de cheveux teintés rouge ou bleu, ni de colliers forgés à partir de grillages, comme c’est le cas d’une autre star de la pop, Billie Eilish. Elle ne pose pas non plus dans des bikinis et des bodys qui dévoilent sa poitrine, comme Shakira et Rihanna. Elle n’en fait pas non plus des tonnes quand elle est sur scène, comme Beyoncé. Elle ne se drape pas de cuir noir comme Lady Gaga – ou, pire encore, de viande crue comme Lady Gaga. Taylor Swift évite le bizarre et le grotesque. Ses cheveux sont toujours de couleur naturelle. Son maquillage est sobre et conventionnel (même son rouge à lèvres rouge, assorti à ses sweatshirts de Kansas City les jours de match, fait très Amérique des années 50). Elle n’affiche aucun tatouage visible ni aucun piercing. Pas de bijoux tape-à-l’œil. Même ses costumes de scène sont modestes : essentiellement des versions pailletées de maillots de bain des années 1950, ou d’élégantes robes de bal de conte de fées aux jupes somptueuses.

En dehors de la scène, c’est une icône de mode dans un monde qui n’en peut plus des années Covid où l’on restait toute la journée à la maison en survêtement. Un site web, Taylor Swift Style, géré par la rédactrice de mode canadienne Sarah Chapelle (qui est également l’auteur d’un livre à paraître sous ce titre), suit presque quotidiennement presque chaque vêtement, chaque bijou et chaque chaussure dans laquelle la chanteuse se fait photographier. Sarah Chapelle donne également des liens qui indiquent comment s’offrir ces vêtements de haute couture à moindre coût où comment trouver des imitations bon marché. Dès que Taylor Swift porte l’un de ces articles – une robe, un sac à main, une paire de boucles d’oreilles – « l’effet Taylor Swift » se produit : l’article est épuisé en quelques heures. Photographiée lors des matchs de son amoureux, elle a à elle seule remis au goût du jour les blousons des équipes universitaires des campus américains. Les femmes veulent ressembler à Taylor Swift, voire même être Taylor Swift.

La chanteuse-compositrice a manifestement un grand sens de la mode, mais elle offre quelque chose de plus : un look sexy et accrocheur, tout en étant de bon goût et raffiné. Même lorsqu’elle porte une tenue décontractée – un short en jean et un T-shirt, ou une minijupe et des bottes à semelles compensées – elle a toujours l’air soignée, avec des accessoires discrets et une coiffure simple qui s’accorde avec la tenue. Elle projette une image saine, une version sophistiquée de la fille normale, celle qu’un homme aurait envie d’inviter à un rendez-vous élégant plutôt que de faire un appel vidéo avec elle. La fille qu’il aurait peut-être envie d’épouser et avec laquelle il pourrait avoir des enfants.

De nos jours, ces filles, qui incarnent la féminité et la classe traditionnelles, se font rares. Les médias disent aux femmes à tout bout de champ qu’elles devraient s’imposer dans ce monde, porter des tailleurs pantalons à pinces et hurler sur les autres au travail. Ou bien on leur dit qu’elles devraient mettre en avant leur « positivité sexuelle » c’est-à-dire s’habiller comme des prostituées partout où elles vont. Ou encore, adopter un style « neutre » et dissimuler toute trace de féminité dans des vêtements amples et informes. Ou, pire encore, ne pas se donner la peine de s’habiller du tout : pyjama, pantoufles, peut-être un manteau par-dessus pour aller promener le chien et chercher les enfants à l’école.

Mais il est clair que les femmes ont plutôt envie de ce qu’elles voient chez Taylor Swift et elles veulent qu’on leur parle de Taylor Swift. Taylor Swift est grande – 1,80 m – mais elle se blottit pendant les pauses des matchs dans les bras forts et protecteurs de son amoureux d’1,95 m. Sur scène, elle chante surtout des histoires de rupture et d’amour non partagé, des thèmes romantiques qui ont envoûté les femmes depuis que les êtres humains ont commencé à écrire des chansons. Il n’est pas surprenant que les femmes, le sexe socialement sensible, coincées seules à la maison pendant des années lors de la pandémie, et aussi dans l’isolement numérique général que la combinaison mortelle du travail à la maison et de la tyrannie des réseaux sociaux a rendu possible, aient envie de sortir et de s’amuser avec leurs amies tout en savourant leur féminité.

Il est fort peu probable que Taylor Swift change d’opinion politique, de même que la plupart de ses fans. Mais il est possible que la féminité qu’elle projette puisse éveiller un désir chez les femmes de vivre leur féminité autrement, et de rejeter le modèle stérile que leur assène la société à tous les coins de rue.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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