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Paracétamol et grossesse : le vrai risque pour le cerveau de l’enfant

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Paracétamol

Photo: Cameron/Reuters

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Durée de lecture: 4 Min.

Une étude récente suggère que l’usage du paracétamol pendant la grossesse pourrait accroître le risque pour l’enfant de développer un trouble du spectre autistique ou un TDAH.

Vendu sous différentes  marques, le paracétamol est depuis longtemps considéré comme l’analgésique le plus sûr pour soulager fièvre et douleurs chez les femmes enceintes.

Mais selon des chercheurs de l’université de Harvard, dirigés par Andrea Baccarelli, l’exposition in utero à ce médicament augmenterait la probabilité de troubles neurodéveloppementaux, dont l’autisme et le TDAH, d’après un communiqué publié le 20 août.

En analysant 46 études portant sur 100.000 participants, des chercheurs ont évalué le lien entre la prise de paracétamol pendant la grossesse et des troubles du développement neurologique comme l’autisme et le TDAH.

Leur synthèse met en évidence plusieurs travaux montrant une augmentation statistiquement significative du risque, tandis qu’un nombre plus limité d’études n’a pas retrouvé cette association. Publiée le 13 août dans BMC Environmental Health, la recherche ne démontre pas que le paracétamol cause directement ces troubles, mais elle remet en question les recommandations actuelles concernant son usage chez les femmes enceintes.

« Nos résultats suggèrent que les études les plus rigoureuses sont aussi celles qui pointent un lien entre l’exposition prénatale au paracétamol et un risque accru d’autisme et de TDAH », souligne Didier Prada, professeur à l’Icahn School of Medicine de Mount Sinai (USA). Il rappelle qu’au vu de l’usage massif de ce médicament, même une faible hausse du risque aurait d’importantes conséquences de santé publique.

Le Pr Prada rappelle toutefois que les femmes enceintes ne doivent pas arrêter leur traitement sans avis médical, soulignant que fièvre et douleurs non prises en charge peuvent aussi nuire au bébé. Selon lui, l’enjeu est de discuter avec son médecin des options les plus sûres et d’envisager, lorsque possible, des alternatives non médicamenteuses.

Cette étude s’ajoute à un corpus de recherches déjà fourni sur le paracétamol. En 2019, une équipe de l’université Johns Hopkins avait montré, à partir d’analyses de sang de cordon ombilical, que les nouveau-nés les plus exposés présentaient un risque environ trois fois plus élevé d’être diagnostiqués plus tard avec un TDAH ou un trouble du spectre autistique, par rapport à ceux le moins exposés.

À l’inverse, une étude parue l’an dernier dans le Journal of the American Medical Association — financée par les Instituts nationaux de santé américains — n’a trouvé aucun lien entre la prise de paracétamol pendant la grossesse et un risque accru d’autisme, après analyse des données de 2,5 millions d’enfants nés en Suède entre 1995 et 2019.

L’étude souligne aussi que certains travaux antérieurs pourraient avoir été biaisés par des facteurs extérieurs, ce qui aurait amplifié l’apparente corrélation entre paracétamol et troubles neurodéveloppementaux.

De son côté, la FDA, l’agence fédérale américaine chargée de la sécurité des aliments et des médicaments, l’équivalent américain d’une autorité comme l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) en France, mais avec un champ d’action plus large, rappelle sur son site être consciente des interrogations autour de l’innocuité du paracétamol pendant la grossesse.

 L’agence invite les femmes enceintes à discuter systématiquement de tout traitement avec leur médecin, soulignant que l’usage d’antalgiques doit être soigneusement pesé en raison des incertitudes persistantes.