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Pauvreté

Plus de 900 personnes sans domicile fixe sont mortes en France en 2024

Le collectif Les Morts de la Rue a publié ce jeudi 30 octobre son recensement annuel, révélant le décès de 912 personnes sans domicile fixe en 2024. Une hausse de 16 % en un an qui confirme une tendance alarmante et appelle à une refonte urgente des politiques publiques du logement.

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Un sans-abri dort sur son matelas sous une ligne de métro aérienne, à Paris, le 21 septembre 2025.

Photo: JOEL SAGET/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Le bilan est accablant. Alors que 735 personnes sans domicile fixe avaient perdu la vie en 2023, le nombre de victimes franchit en 2024 un nouveau cap tragique avec 912 décès recensés.

« Un nouveau record effroyable »

Depuis 2012, année où le collectif a commencé son travail de recensement avec 413 morts comptabilisés, la courbe ne cesse de grimper, rapporte BFMTV. Face à cette progression inexorable, le collectif dénonce « un nouveau record effroyable » et appelle à « agir face à la précarité qui tue ».

Dans son communiqué, l’organisation martèle : « Face à cette tragédie, l’urgence est double : protéger les plus vulnérables et réformer en profondeur les politiques publiques pour que le droit au logement convenable devienne enfin une réalité. »

Une mortalité bien plus précoce que dans la population générale

L’analyse des décès révèle une réalité glaçante : ces personnes sont mortes de manière « prématurée », à 47,7 ans en moyenne, creusant un écart de 32 ans avec l’espérance de vie de la population générale. Les victimes sont majoritairement des hommes (82 %), mais la proportion de femmes décédées (13 %) est « en hausse, reflétant une féminisation du sans-abrisme », souligne le collectif.

Plus inquiétant encore, 4 % des décès concernent des mineurs de moins de 15 ans, soit « un doublement par rapport à la période 2012-2023 ». Cette donnée traduit l’extension de la précarité à toutes les tranches d’âge, y compris les plus jeunes.

Des circonstances de décès souvent floues

Le rapport distingue différents profils de personnes parmi les 912 cas de décès :

– 33 % vivaient directement à la rue (304 personnes),

– 27 % étaient hébergées temporairement (243 personnes),

– 40 % étaient « probablement sans chez-soi » (365 personnes).

Les causes des décès demeurent largement méconnues : dans 40 % des cas, elles restent indéterminées. Pour 17 % des victimes, il s’agit de morts violentes incluant noyades, agressions ou suicides.

Le collectif cite notamment l’histoire d’un homme de 41 ans, retrouvé mort dans un hôtel social en Bretagne à l’été 2024, d’après Ouest-France. Victime d’un accident qui avait fragilisé sa santé mentale, il avait dû quitter la ferme familiale après le départ de sa mère en Ehpad. La consommation de médicaments et d’alcool a fini par l’emporter.

L’Île-de-France concentre le tiers des décès

L’Île-de-France regroupe 37 % des décès recensés, concentrant une grande partie des situations d’extrême pauvreté.
Les Hauts-de-France sont également particulièrement touchés avec 163 morts, un doublement attribué en partie aux personnes décédées « notamment survenus lors de traversées de la Manche ».

Un phénomène difficile à quantifier

Le nombre de personnes vivant sans solution d’hébergement en France reste difficile à établir précisément. On estime environ 350 000 personnes sans domicile, selon la Fondation pour le Logement, soit 20 000 de plus qu’en 2023.
À titre de comparaison, la dernière étude officielle de l’Insee date de 2012, et faisait état de 143 000 personnes sans logement. Une nouvelle évaluation est en cours pour actualiser ce chiffre devenu obsolète.

Avec AFP