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Postes-clés à l’Assemblée : la gauche accuse le socle commun d’avoir passé un accord avec le RN

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Photo: GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Avec le soutien du Rassemblement national, la coalition gouvernementale est parvenue jeudi, à l’exception de la commission des Finances, à prendre la tête de toutes les commissions de l’Assemblée nationale.

Deux présidences jusque-là détenues par la gauche lui ont échappé, faisant d’elle la grande perdante de cette bataille des postes-clés menée sur deux jours au Palais Bourbon.

Accusations d’accord politique avec le RN

La gauche a immédiatement accusé le socle central d’avoir conclu un accord avec le RN pour parvenir à ce résultat. La veille, le parti de Marine Le Pen avait fait son retour au sein du Bureau de l’Assemblée, sa plus haute instance exécutive, avec l’appui des macronistes et de la droite.

Arthur Delaporte, porte-parole du PS, a dénoncé que « les macronistes poursuivent leur compromission : aucun candidat RN ne s’est présenté aux présidences de commissions pour respecter le deal avec le bloc central ». Yaël Braun-Pivet (Renaissance), présidente de l’Assemblée, a répondu sur France 2 : « C’est un contre-sens absolu », assurant que « cela n’a rien à voir avec le front républicain » et que l’objectif était « la juste représentation des partis ». Ludovic Mendes (Renaissance) a ajouté : « Il n’y a pas eu de deal avec le RN (…) Il ne revient qu’à Marine Le Pen d’expliquer le choix qui a été fait par son groupe politique. »

Une stratégie concertée du RN

Les commissions permanentes, où les textes de loi sont examinés avant l’hémicycle, jouent un rôle stratégique. Cette année, le RN a choisi de ne présenter aucun candidat à leur présidence et de voter pour ceux du socle commun, empêchant toute possibilité pour la gauche. Le parti estime que, hors Finances, les présidences doivent revenir aux soutiens du gouvernement. Il réclamait aussi des vice-présidences, qu’il a obtenues grâce aux voix du socle.

Les élections ont ainsi été bouclées très rapidement.

Commissions prises à la gauche

La commission des Affaires culturelles, jusque-là présidée par la socialiste Fatiha Keloua Hachi — qui avait dirigé la commission d’enquête sur l’affaire Bétharram — revient désormais au LR Alexandre Portier. La commission des Affaires économiques, dirigée depuis un an par Aurélie Trouvé (LFI), a été reprise par le macroniste et ancien ministre de l’Agriculture Stéphane Travert. Laurent Wauquiez, président des députés LR, a commenté : « Une bonne chose de faite. »

Les présidences conservées par le bloc central

Hormis la commission des Finances, systématiquement attribuée à l’opposition et toujours dirigée par l’insoumis Éric Coquerel, toutes les autres commissions restent aux mains du bloc central. Florent Boudié (Renaissance, Lois), Frédéric Valletoux (Horizons, Affaires sociales), Bruno Fuchs (MoDem, Affaires étrangères), Sandrine Le Feur (Renaissance, Développement durable) et Jean-Michel Jacques (Renaissance, Défense) conservent leurs postes.

Un rapporteur général du budget LR

Le poste de rapporteur général du budget, interface entre gouvernement et députés, a été attribué au LR Philippe Juvin, qui a évincé Charles de Courson (Liot). Cette fonction est stratégique, alors que les discussions sur le budget 2026 s’annoncent très difficiles pour le Premier ministre Sébastien Lecornu, dont le gouvernement doit être annoncé d’ici la fin de la semaine.

Éric Coquerel a affirmé : « Je serai, en tant que président de la commission des Finances, quelque part le premier opposant de ce budget face aux ministres qui prendront place. »

Accusation d’arrangements en vue du futur gouvernement

Manuel Bompard, coordinateur de LFI, estime que la stratégie macroniste vise aussi à s’assurer la clémence du RN pour le futur exécutif : « À l’Assemblée nationale, un accord a été noué entre la macronie et l’extrême droite pour s’échanger des postes et acheter la non-censure du RN », a-t-il écrit sur X.

La gauche perd aussi au Bureau de l’Assemblée

Plus tôt dans la matinée, la gauche avait déjà perdu sa majorité au Bureau de l’Assemblée, organe chargé des sanctions les plus lourdes et de la recevabilité de certains textes. Le RN y a fait son retour, obtenant deux vice-présidences et deux secrétariats grâce à un accord avec le socle commun.

Les deux blocs ont imposé aux autres groupes une répartition des 22 postes proportionnelle à leur poids respectif, une formule défendue depuis des mois par Yaël Braun-Pivet.

Le nouveau Bureau compte douze femmes et dix hommes, mais sept commissions permanentes sur huit sont désormais présidées par des hommes.

Avec AFP