Pourquoi aucun gouvernement arabe ne veut de Gaza, de la Cisjordanie ou des Palestiniens

Par Patricia Adams et Lawrence Solomon
27 novembre 2023 15:23 Mis à jour: 27 novembre 2023 15:23

En fin de compte, il semble qu’Israël parvient à débarrasser la bande de Gaza du Hamas. Mais la question se pose qui contrôlera Gaza une fois que les combats auront cessé. Bien qu’Israël puisse conserver le contrôle dans un avenir prévisible, il ne veut aucune partie de la bande de Gaza. Son gouvernement a décidé de se retirer de Gaza en 2005, amenant avec lui tous les Juifs qui y résidaient et même tous ceux qui y ont été enterrés. Et Israël n’est pas seul.

L’Égypte ne veut pas non plus de Gaza qu’elle dirigeait jusqu’à ce qu’Israël s’en empare lors de la guerre des Six-Jours en 1967. Pour l’Égypte, régner sur Gaza une fois a suffi. Malgré les pressions exercées par les États-Unis sur l’Égypte pour qu’elle reprenne Gaza, même temporairement, après qu’Israël l’a débarrassée des terroristes du Hamas, l’Égypte a refusé. Elle a également refusé d’offrir un refuge aux Palestiniens fuyant la guerre à Gaza.

La Jordanie, l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes ne veulent pas non plus participer à la gestion de Gaza. Les tentatives visant à les inclure dans une force de maintien de la paix à Gaza après l’expulsion du Hamas n’ont abouti à rien – et ce, en raison des soupçons qui pèsent sur les intentions des Palestiniens ainsi que de l’historique des bains de sang.

Les pays arabes ne veulent pas non plus des habitants de Gaza. Alors que des manifestations anti-israéliennes ont eu lieu en Jordanie, au Yémen, en Algérie, au Maroc, au Liban et en Syrie, entre autres États arabes, aucun d’entre eux n’a proposé d’accueillir des réfugiés palestiniens.

La Jordanie craint les Palestiniens depuis Septembre noir – la tentative sanglante des fedayin palestiniens lourdement armés de Yasser Arafat de tuer le roi Hussein de Jordanie et de s’emparer de la Jordanie en 1970. Après avoir échoué à vaincre l’armée jordanienne, les Palestiniens se sont réfugiés au Liban, où ils se sont emparés du Sud-Liban, bientôt appelé Fatahland, du nom de l’organisation Fatah d’Arafat. Le Liban, pays mi-chrétien mi-musulman qui était connu comme la Suisse du Moyen-Orient, a perdu toute chance de rester cohérent, d’autant plus que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a utilisé le Sud-Liban comme base pour attaquer Israël.

En 1975, le Liban a été déchiré par une guerre civile chaotique, qui a conduit la Syrie voisine à envoyer des troupes au Liban pour contrer l’OLP, puis à une invasion israélienne en 1982 qui a poussé Arafat et ses fidèles à fuir vers la Syrie, qui les a expulsés ensuite vers la Tunisie.

Dix ans plus tard, en 1991, après l’invasion et l’occupation de sept mois du Koweït par l’Iraq de Saddam Hussein, le ressentiment du Koweït à l’égard de l’allégeance d’Arafat à Saddam a conduit à l’expulsion de la quasi-totalité des 200.000 résidents palestiniens en une seule semaine.

Les Saoudiens se sont montrés hostiles aux habitants de Gaza pendant le règne du Hamas. Le Royaume d’Arabie saoudite aurait interdit à ses imams de prier pour les Palestiniens et aurait même emprisonné les Saoudiens ordinaires qui ont exprimé leur soutien à la cause palestinienne.

Le refus de l’Égypte d’accepter Gaza ou les Gazaouis est d’autant plus révélateur que de nombreux Gazaouis se considèrent comme des Égyptiens. « La moitié des Palestiniens sont égyptiens », a déclaré amèrement il y a dix ans Fathi Ḥammad, ministre de l’Intérieur du Hamas, frustré par le refus du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi d’aider le Hamas dans la guerre contre Israël.

« Qui sont les Palestiniens ? » a-t-il lancé. « Nous avons beaucoup de familles appelées al-Masri, dont les racines sont égyptiennes ! Ils peuvent être originaires d’Alexandrie, du Caire, de Damiette, du nord, d’Assouan, de la Haute-Égypte. Nous sommes égyptiens, nous sommes arabes. Nous sommes musulmans. Nous faisons partie de vous. Égyptiens ! Personnellement, la moitié de ma famille est égyptienne et l’autre moitié est saoudienne. »

« Masri » signifie « Égyptien » en arabe.

Parmi les Égyptiens réputés de Gaza figure Yasser Arafat, qui a redéfini comme une nation palestinienne différents clans arabes autonomes et sans lien entre eux qui vivaient dans la région. Comme il l’a lui-même déclaré dans sa biographie officielle, « si le peuple palestinien existe, c’est moi, Yasser Arafat, qui l’ai créé ». Arafat est né et a grandi principalement en Égypte ; il a étudié à l’université du Caire et a servi dans l’armée égyptienne.

Arafat est également l’une des raisons pour lesquelles le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ne veut pas de Gaza, malgré les richesses énergétiques offshores qu’elle recèle. Arafat a fait de Gaza un paradis terroriste qui a ensuite inclus le Hamas, une émanation des Frères musulmans – une organisation qui, il y a dix ans, a pris le pouvoir en Égypte et qui menace de le faire à nouveau.

L’Égypte prend sa sécurité au sérieux. Pour isoler son territoire du terrorisme provenant de Gaza, l’Égypte a scellé sa frontière après la prise de pouvoir du Hamas en 2007. Pour empêcher la circulation des armes et des terroristes dans les tunnels entre l’Égypte et Gaza, l’Égypte a créé une zone tampon d’un kilomètre et demi de large tout en rasant la ville de Rafah dans le Sinaï, du côté égyptien de la frontière, ce qui a entraîné le déplacement de quelque 70.000 personnes. De plus, l’Égypte a aussi inondé ces tunnels et a construit un mur en béton armé de 6 mètres de haut et atteignant 5 mètres sous terre.

Les gouvernements des pays arabes, tout comme celui d’Israël, considèrent Gaza et les Palestiniens comme des menaces existentielles. C’est pourquoi aucun de ces gouvernements ne demande que Gaza soit rendue à l’Égypte ou que la Cisjordanie soit rendue à la Jordanie. Les gouvernements arabes cherchent à contenir les Palestiniens dans les territoires adjacents à Israël afin qu’ils restent le problème d’Israël.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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