Pourquoi la génération Z se rapproche-t-elle de plus en plus de la religion ?

« Il y a dans la société un vide abyssal qui devient très angoissant auquel il faut répondre et la jeune génération attend quelque chose de fort »

Par Julian Herrero
7 avril 2024 15:14 Mis à jour: 8 avril 2024 17:53

Les jeunes se rapprochent de plus en plus de la religion. C’est un phénomène qui dure depuis des années comme le confirme la dernière étude de la Conférence des évêques de France (CEF) qui fait état d’une forte augmentation du nombre de baptêmes chez les 18-25 ans. La crise sanitaire et les réseaux sociaux sont régulièrement avancés pour expliquer ce rapprochement progressif entre la jeunesse et ce qui relève de la foi. Pour le frère dominicain, philosophe et enseignant à l’Institut Catholique de Paris, Bernard Bourdin, la génération Z est avant tout poussée dans les bras de la foi par une « quête de sens qui peut aller jusqu’à une recherche spirituelle ».

L’augmentation des baptêmes en France

La dernière enquête de la Conférence des évêques de France montre une augmentation significative du nombre de baptêmes parmi les plus jeunes et atteste d’une certaine volonté de cette partie de la population de se rapprocher de quelque chose faisant partie du registre du sacré. Il est notamment écrit que les jeunes âgés de 18 à 25 ans représentent 36 % des baptisés adultes. Avant la crise sanitaire, ils n’étaient que 23 %. L’étude note une augmentation de « 150 % en cinq ans », ce qui est considérable.

Et cette forte hausse n’est pas le simple fait de l’année 2024. C’est une véritable tendance qui s’observe depuis plus longtemps. « Depuis quelques années, la part du nombre de jeunes de 18-25 ans parmi les catéchumènes adultes ne cesse d’augmenter », raconte dans l’enquête le père Vincent Breynaert, avant d’ajouter que « cette progression s’observe dans les grandes villes, mais aussi dans les paroisses rurales ».

L’impact de la crise sanitaire et des réseaux sociaux

L’isolement engendré par les politiques de confinement mises en œuvre pendant la crise sanitaire du Covid-19 explique en partie ce retour de la jeunesse vers la religion. Beaucoup d’étudiants se sont tournés à l’époque vers diverses croyances pour compenser la détresse psychologique et la solitude.

« Le Covid est un élément. Je l’ai vu pendant mes cours après la pandémie, il y avait de la part des étudiants une demande de sociabilité. Ils ont souffert du Covid et donc de l’isolement », analyse Bernard Bourdin, contacté par Epoch Times.

D’ailleurs, une étude de l’Ifop publiée en 2021 sur le « rapport des Français à la religion » relatait qu’à la question : « L’épidémie de Covid-19 vous a-t-elle rapproché d’une pratique religieuse ? » 13 % des 18-24 ans avaient répondu oui.

Les réseaux sociaux ont également joué un rôle dans l’attrait de la génération Z pour la religion puisque des personnalités religieuses à l’instar des sœurs, des prêtres ou des abbés sont de plus en plus présents sur certaines plateformes très appréciées des adolescents et des jeunes adultes, en particulier, Instagram, TikTok, YouTube ou encore WhatsApp.

Par exemple, l’Abbé Matthieu Raffray est très actif sur la plateforme de vidéos YouTube et dispose d’une chaîne qui compte plus de 22.000 abonnés. Il traite différents sujets en lien avec la pratique, mais aussi l’histoire du catholicisme tout en les mettant en phase avec les codes actuels de la jeunesse. Même chose pour sœur Albertine, l’influenceuse religieuse qui publie presque quotidiennement du contenu sur Instagram et TikTok et qui est suivie par plus de 300.000 personnes sur les deux plateformes cumulées. La présence de ces religieux sur les réseaux sociaux donne une image plus moderne du christianisme et offre une alternative aux jeunes qui ne sont plus obligés de se déplacer dans des lieux de culte pour exercer leur foi.

« La jeune génération attend quelque chose de fort »

Pour autant, quelque chose de plus puissant pourrait expliquer cette attirance de la génération Z pour la religion. « Il y a dans la société un vide abyssal qui devient très angoissant auquel il faut répondre et la jeune génération attend quelque chose de fort », estime Bernard Bourdin. « Il y a plutôt de la part de la jeunesse une demande de structuration intellectuelle liée à une inculture généralisée qui devient insupportable. Je le vois depuis dix ans, il y a une exigence intellectuelle, notamment sur des savoirs fondamentaux ».

Pour le frère dominicain, les jeunes sont à la recherche de connaissances et de savoirs qui peuvent les orienter vers la religion. Ils ne sont pas dans une logique de savoir pour le savoir, mais espèrent obtenir des réponses sur ce qui fait sens dans leur vie. « Je crois que cette demande de culture gratuite et de réflexion de fond s’inscrit dans un même processus qui débouche sur quelque chose d’autre, qui est le spirituel. Et le point commun avec les savoirs gratuits, c’est que cela n’a pas d’utilité. Il faut sortir de la logique utilitaire. Il ne s’agit pas d’accéder à une compétence, mais de se demander ce qui va faire sens dans la vie. Il y a donc une quête de sens, qui passe par de l’intellect et qui peut aller jusqu’à une recherche spirituelle », poursuit-il.

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