Ce que nous pouvons apprendre de la tribu africaine Hadza

Ce peuple traditionnel mène un style de vie ancré dans un lien profond avec la nature.

Par Joseph Mercola
10 avril 2021 19:51 Mis à jour: 10 avril 2021 19:55

Dans cette interview, le Dr Paul Saladino, auteur de The Carnivore Code – un livre entièrement consacré à l’alimentation carnée – explore ce que cela signifie que d’être en bonne santé au niveau le plus fondamental et partage l’expérience d’un récent voyage qu’il a fait en Afrique, dans la tribu hadza – l’une des meilleures représentations encore vivantes du mode de vie qu’ont eu les êtres humains pendant des dizaines de milliers d’années.

Comme la tribu des Kung au Botswana, les Hadzas mènent une vie de chasseurs-cueilleurs au milieu d’une société modernisée de plus en plus envahissante.

« Je vois les Hadzas comme une machine à remonter le temps. Ils sont comme une bulle temporelle », dit Paul Saladino. « Ils ne souffrent pas de maladies chroniques comme nous dans la société occidentale, et ce fait, à lui seul, les rend infiniment fascinants. Ils ne souffrent pas de cancers comme nous en souffrons.

« Ils ne souffrent pas de maladies auto-immunes, [un terme] qui englobe un vaste éventail de maladies, et ils ne souffrent pas de dépression, de maladie mentale, de problèmes de peau. Ils ne souffrent pas de démence au même rythme que nous. Ils vieillissent avec grâce. C’est ce qu’on appelle l’équarrissage de la courbe de morbidité. »

« Si vous regardez un graphique de leur vitalité tout au long de la vie, [vous verrez que la ligne] est essentiellement plate [tout du long] et chute très rapidement à la fin. C’est comme un carré. Ils perdent leur vitalité dans les dernières semaines de vie, mais jusqu’à 70 ou 80 ans, ils sont pleins de vitalité. »

Si l’on examine la courbe de morbidité dans la société occidentale, elle a un aspect très différent. Elle ressemble à une rampe de déclinaison régulière. Dans la société occidentale, les gens perdent leur vitalité de manière constante tout au long de leur vie. Cela ne se produit pas dans les sociétés indigènes de chasseurs-cueilleurs, principalement parce qu’elles ne sont pas affaiblies par les maladies chroniques.

Le régime alimentaire hadza

M. Saladino voulait en savoir plus sur l’alimentation hadza ; quels aliments ils privilégient et quels impacts sur leur santé. Bien que d’autres chercheurs ont analysé le régime alimentaire des Hadzas, M. Saladino voulait le confirmer par lui-même. Par exemple, selon une étude réalisée en 2009, les Hadzas mangeraient beaucoup de viande, de tubercules, de baies, de fruits et de miel provenant du baobab, mais ils ne mangeraient pas de légumes.

L’étude en question demandait également aux Hadzas de classer les aliments par ordre de préférence. Le miel est arrivé au premier rang, suivi de la viande (principalement l’élan  un très grand type d’antilope , le babouin et le cochon de brousse), le fruit du baobab et les baies. Les tubercules seraient les aliments qu’ils aiment le moins. L’enquête de M. Saladino a également confirmé ces préférences alimentaires.

Le mode de vie des Hadzas

Lorsqu’on demande aux Hadzas pourquoi ils choisissent de maintenir leur mode de vie de chasseur-cueilleur – étant conscients de la civilisation moderne qui les entoure et d’autres tribus qui pratiquent l’agriculture et l’élevage de bovins et de chèvres –, les Hadzas répondent : « Nous voulons être libres. Nous aimons manger de la viande. Nous voulons pouvoir chasser et nous aimons ce mode de vie. » Lorsqu’on demande aux Hadzas ce qui les rend heureux, il est intéressant de noter qu’il s’agit plus ou moins d’une question qui ne se pose pas. « Le bonheur » est leur état d’esprit par défaut.

« C’est leur mode par défaut lorsqu’ils sont dans la nature à faire ce que les humains ont toujours fait », dit Paul Saladino. « C’est tellement intéressant pour moi. Ce sont des chasseurs-cueilleurs. Ils vivent dans la brousse. Ils ne dorment pas sur des lits. Ils dorment à même le sol dans des huttes en chaume qu’ils construisent en un jour. Ils sont nomades. »

« Ils ont des petits camps. […] Le camp où nous sommes allés comptait environ 40 à 50 hommes et femmes avec des enfants, et ils déplacent le camp trois ou quatre fois par an. Ils ont trois ou quatre camps établis, et ils connaissent des endroits dans la région du lac Eyasi. Certains sont plus propices à la saison des pluies, d’autres à la saison sèche, et tout le camp est donc déplacé à différents moments de l’année. »

« Ils ont des feux pour les hommes et des feux pour les femmes. Ils vivent sous des abris de pierre. Ils dorment sous les auspices des rochers et ce sont des individus profondément en santé. Ils aiment leur vie parce que, chaque jour, ils peuvent aller jouer. Pour eux, la chasse c’est un jeu et une partie de plaisir. Nous avons pu le constater le jour suivant en allant chasser avec eux. C’était incroyable. C’était si joyeux et simple. »

L’importance des abats

Paul Saladino raconte son expérience de la chasse avec les Hadzas en relevant comment ils consommaient les viandes d’organes sur le terrain. Après avoir chassé un babouin, les hommes faisaient un feu pour brûler sa fourrure, après quoi l’animal était éviscéré. Les intestins étaient donnés aux chiens de chasse, tandis que tous les autres organes – le cœur, le foie, les poumons, la rate, les reins et le pancréas – étaient cuits sur le feu et partagés entre les chasseurs. Rien n’est gaspillé, pas même les os, qui sont brisés pour en extraire la moëlle.

Les Hadzas mangent également le tissu conjonctif, riche en collagène, et la peau. Les organes internes sont les plus prisés. Selon la tradition locale, les organes internes doivent être partagés entre tous les hommes de la tribu. De mauvaises choses arriveront au chasseur qui voudrait ne pas les partager. Le chasseur qui a mis à mort l’animal est toutefois récompensé des organes les plus précieux, comme le cerveau, qui, selon Saladino, était « délicieux ».

Même si les Hadzas ne connaissent peut-être pas [la science derrière] les nutriments spécifiques, ils savent clairement que manger ces organes procure une meilleure vitalité. « C’est pourquoi je pense qu’il est si important pour les êtres humains de revenir à manger [les abats] ‘du nez à la queue’, manger ces organes », affirme Paul Saladino. Il est intéressant de noter que bien que certains aient décrit le régime alimentaire des Hadzas comme riche en fibres, M. Saladino n’est pas d’accord.

« Les tubercules qu’ils récoltent sont extrêmement fibreux. À tel point que vous ne pouvez pas les avaler. Il faut les mâcher et recracher les fibres, de sorte qu’en réalité, leur régime alimentaire est faible, ou mieux, modéré en fibres. »

« Une autre chose que je veux mentionner à propos de la consommation de tubercules est qu’il n’y avait pas de salle de bain où se laver les mains. Je ne voulais pas les laver non plus, car je m’intéresse beaucoup aux organismes dans le sol et à l’interaction entre le microbiome des êtres humains et l’environnement. Tout le monde croit que si les Hadzas ont un microbiome en santé et diversifié, c’est en raison de leur [supposée] alimentation riche en fibres. »

« Eh bien, premièrement, leur régime alimentaire n’est pas riche en fibres. Deuxièmement, ils ont probablement un microbiome en santé et diversifié parce qu’ils vivent dans la nature et qu’ils reçoivent inévitablement des apports, des informations de la nature, sous la forme de saletés et d’organismes dans le sol. »

« C’est quelque chose que j’ai toujours soupçonné et un changement de paradigme complet. »

Paul Saladino affirme que manger des fibres n’augmente pas la diversité du microbiome. Toutefois, manger de la terre le ferait.

« Il y avait clairement de la saleté sur mes mains et mes doigts, et de la saleté sur ce tubercule, alors que je le tenais dans ma bouche. Les Hadzas ne sont pourtant pas un peuple sale. »

« Ils ne sentent pas mauvais. Ils n’utilisent pas de déodorant. Ils n’ont pas mauvaise haleine. J’ai passé la plupart du temps très proche d’eux dans la brousse à la chasse. Ils n’ont pas d’odeur corporelle. Pourtant, ils ne se baignent pas très régulièrement. Nous étions là pendant une semaine et ils ne se sont pas baignés. »

Leur microbiome explique très probablement leur absence d’odeur corporelle, car la mauvaise odeur des aisselles est dues à des bactéries axillaires spécifiques. Le microbiome des Hadzas a déjà fait l’objet d’études approfondies, qui ont montré qu’il présentait une plus grande richesse et biodiversité que celles des témoins urbains occidentaux.

Une autre caractéristique unique des Hadzas est qu’ils sont dépourvus de la bactérie Bifidobacterium, qui occupe une place importante dans le microbiome de la plupart des gens. Des différences dans la composition microbienne entre les sexes ont également été constatées, ce qui est probablement le reflet de la division du travail entre les hommes et les femmes.

Les fibres ne sont pas une panacée

M. Saladino estime que le régime alimentaire des Hadzas remet en question l’importance de consommer des fibres. Il cite deux récents articles scientifiques, dont l’un compare les citadins tanzaniens aux habitants des zones rurales et relève des taux d’inflammation plus élevés des citadins. Dans le second article, les auteurs attribuent l’inflammation plus élevée chez les citadins à un régime alimentaire occidental pauvre en fibres. Saladino n’est pas d’accord :

« Ils essaient de dire que les citadins de Tanzanie mangent plus de graisses saturées et moins de fibres, ce qui alimente leur phénotype inflammatoire. J’ai observé quelque chose de complètement différent. En fait, lorsque vous entrez dans une épicerie de la Tanzanie urbaine, il y a deux allées, il y a deux sortes d’étagères d’huile.

« L’une est un énorme rayon d’huile végétale. Ils l’appellent huile de fleur et huile de carthame, et beaucoup des huiles végétales que nous avons vues étaient en fait périmées et sont [dans des bidons] en plastique. Juste à côté, il y a toute une étagère de graisse de bœuf, de suif de bœuf. »

« Le suif de bœuf est en fait moins cher que l’huile végétale, mais qu’achètent les gens dans les villes ? Ils achètent des huiles de graines [végétales]. Donc, mon observation est que dans les villes urbaines, les gens mangent probablement plus d’huiles de graines [végétales] et moins de graisses saturées que dans les milieux ruraux. »

Avantages surprenants du miel cru pour la santé

Paul Saladino raconte également comment les Hadzas recueillent le miel produit par les abeilles sans dard qui habitent les baobabs. Il est communément admis que le miel est équivalent au sucre, mais M. Saladino commence à reconsidérer cette question.

La particularité du miel brut réside principalement dans les métabolites de l’oxyde nitrique qu’il contient. Ces métabolites aident l’organisme à créer de l’oxyde nitrique, une molécule essentielle au système cardiovasculaire. Elle régule la pression sanguine et maintient les vaisseaux sanguins en bonne santé. Parmi ses nombreuses fonctions, il aide notamment les vaisseaux sanguins à se détendre et à s’élargir.

Saladino cite un article de 2003 intitulé « The Identification of Nitric Oxide Metabolites in Various Honeys » (Iidentification des métabolites de l’oxyde nitrique dans des variétés de miel), dans lequel les chercheurs ont injecté par voie intraveineuse du miel dilué à des moutons et ont constaté une augmentation subséquente des concentrations plasmatiques et urinaires des métabolites de l’oxyde nitrique.

Il a également été démontré que le miel augmente les concentrations d’oxyde nitrique et de nitrites totaux chez l’homme, indique Paul Saladino. Cependant, chauffer le miel diminue ses métabolites de l’oxyde nitrique, donc pour bénéficier de ses bienfaits, mieux vaut ne pas l’ajouter à des liquides bouillants.

« On pense souvent que le miel est identique au saccharose parce qu’il contient du glucose et du fructose », a-t-il ajouté.

Toutefois, le corps ne traiterait pas le miel de la même manière que ces sucres.

« Je trouve fascinant que ces aliments entiers constituent un paquet d’informations que notre corps perçoit différemment d’un produit transformé à base de saccharose ou de sirop de maïs à haute teneur en fructose. En fait, dans ces études, le miel a donné des résultats différents de ceux du saccharose. Le miel s’est comporté différemment du dextrose. »

Paul Saladino a trouvé un article de recherche qui suggérait que le miel plus foncé contenait plus d’oxyde nitrique, ce qui le ramenait à son expérience avec les Hadzas.

« Je peux vous dire que le miel que j’ai mangé en Tanzanie était l’un des plus irisés, sombres et richement colorés que j’aie jamais consommé dans ma vie.

« Je veux simplement faire remarquer que la pensée réductionniste en matière de nutrition ne nous sert pas, et je dirais que le miel n’a rien à voir avec le saccharose. »

Le message à retenir ici est que si vous êtes en bonne santé métabolique, il est possible d’inclure le miel dans votre alimentation en toute sécurité. Il est toutefois important de savoir qu’en cas de résistance à l’insuline ou de diabète, il est impératif de réduire sa consommation de sucres sous toutes ses formes, jusqu’à ce que ces conditions aient été inversées.

La santé et le bonheur sont à votre portée

Par ailleurs, la santé et le bonheur du peuple hadza ne sont pas principalement liés à l’alimentation, mais plutôt au mode de vie, note M. Saladino.

« J’ai passé une semaine avec les Hadzas. J’ai pu chasser des baies avec eux, creuser des tubercules avec les femmes et nous avons bu l’eau du baobab. J’ai pu voir tous ces aspects de leur vie. Ils sont toujours dans la nature, ils sont toujours au soleil. Ils sont toujours en train d’alterner une activité de faible intensité avec des moments de sprint.

« Ils suivent les rythmes circadiens du soleil, ce qui était l’une des choses qui rend le plus joyeux. »

« C’est ce dont les humains ont besoin. Comme je l’ai dit, l’état par défaut des Hadzas est le bonheur. »

Le message clé est qu’il existe un bonheur intrinsèque à certains types d’activités, et en tête de liste, l’immersion régulière dans le monde naturel.

« Je crains que dans la société occidentale, les humains aient été placés dans une sorte de zoo », a déclaré Paul Saladino. « On nous fait courir sur ces roues de hamster, soit les tapis de course dans les salles de sport, et on nous fait manger cette nourriture synthétique et transformée, comme des boulettes pour rat qui sont lâchées dans notre cage de temps en temps. Ce n’est pas étonnant que nous ne soyons pas heureux. »

« Je ne suis pas zoologiste, mais j’ai entendu dire que lorsque les animaux sont mis dans des cages dans un zoo, ils deviennent gras et en mauvaise santé et développent des maladies chroniques qu’ils n’ont pas dans la nature. J’ai toujours trouvé qu’il s’agissait d’un parallèle fascinant avec les humains, car je pense que nous sommes exactement [dans cette situation].

« Toutefois, dans notre cas, la porte de la cage est ouverte. Il nous suffit d’ouvrir le loquet et de passer à travers. Nous pouvons retrouver ces choses. Nous pouvons nous exposer davantage au soleil. Nous pouvons éviter les appareils à lumière bleue. Vous pouvez éviter les champs électromagnétiques. Nous pouvons suivre le régime alimentaire de nos ancêtres et sortir du zoo pour trouver une vie plus riche. Rappelez-vous, la porte est ouverte. Il vous suffit d’en sortir. »

Plus d’informations

Pour en savoir plus sur Paul Saladino et son travail, consultez son site Web, heartandsoil.co (et non .com). Vous y trouverez son blog, son podcast, des liens vers les médias sociaux, et bien plus.

Le Dr Joseph Mercola est le fondateur de Mercola.com. Médecin ostéopathe, auteur de best-sellers et lauréat de plusieurs prix dans le domaine de la santé naturelle, il souhaite changer le paradigme de la santé moderne en fournissant au public de précieuses ressources pour les aider à prendre leur santé en main. Cet article a été initialement publié sur Mercola.com.

Sources et références

1 Am J Phys Anthropol 2009 Dec;140(4):751-8

2 Journal of Medicinal Foods Hiver 2003;6(4):359-64

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