Normandie : un suspect clé relâché pour vice de procédure malgré la saisie de 630 kg de cocaïne

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Photo: Crédit photo LOU BENOIST/AFP via Getty Images
Un acteur clé d’un vaste trafic de cocaïne intercepté au large de la Normandie a été interpellé au printemps dernier. Cependant, il vient d’être remis en liberté par la Cour de cassation en raison d’une erreur de procédure, au grand dam des enquêteurs qui le considèrent comme un membre de premier plan d’un réseau criminel albanais.
Le 2 avril dernier, la PJ de Caen interceptait le « Lucky », un chalutier normand chargé de 630 kg de cocaïne en provenance d’un cargo sud-américain. Estimée à plus de 40 millions d’euros, la drogue avait conduit à l’arrestation de plusieurs suspects, dont Orlando G., 27 ans, Albanais installé en Belgique, décrit comme « le représentant de l’équipe des affréteurs de la marchandise ». Mais fin juillet, après seulement trois mois de détention, il a été libéré en raison d’une erreur de procédure, rapporte Le Parisien.
« Un membre de premier plan »
L’opération avait été saluée comme « le flag parfait », révélant pour la première fois l’implication de pêcheurs français dans les drop off. Ces largages de cocaïne en pleine mer, effectués par des cargos, sont récupérés par de plus petites embarcations, parfois même des chalutiers, afin de contourner les contrôles renforcés dans les ports d’Anvers, Rotterdam ou du Havre.
Le « Lucky » avait donc été scrupuleusement observé et mis sur écoute par les enquêteurs durant presque deux ans, ce qui avait permis de révéler qu’Orlando G. coordonnait l’opération, en lien direct avec des complices et l’« Omicron », le cargo en provenance d’Amérique du Sud. Les magistrats le considèrent Orlando G comme « un membre de premier plan » d’une organisation criminelle bénéficiant de « la confiance » de ses commanditaires.
Mais le bateau de pêche, chargé de stupéfiants, a été arraisonné à une écluse alors qu’il se dirigeait vers Tancarville (Seine-Maritime). Orlando G., le propriétaire normand du chalutier et un troisième homme originaire de la région parisienne ont alors été interpellés. D’autres arrestations ont suivi, portant le total à une douzaine, parmi lesquelles deux pêcheurs du « Lucky » et des marins philippins suspectés d’avoir largué la cocaïne depuis l’« Omicron ».
Les enquêteurs redoutent que le narcotrafiquant albanais disparaisse
Malgré le succès de l’opération, une erreur de procédure a tout bouleversé. Le juge s’était appuyé sur un enregistrement qui n’était pas encore versé au dossier pour ordonner la détention. La Cour de cassation a donc annulé cette décision et ordonné sa remise en liberté sous contrôle judiciaire fin juillet.
Les enquêteurs redoutent désormais qu’Orlando G., qui avait gardé le silence en garde à vue, ne disparaisse. Ils le soupçonnent d’être lié à la mafia albanaise, que l’Ofast décrit dans une note comme centrale dans « l’approvisionnement en gros de cocaïne depuis l’Amérique du Sud ». Selon Europol, ces réseaux seraient impliqués dans « près de la moitié des importations de cocaïne réalisées par voie maritime en Europe », souligne encore l’Ofast.
L’avocat d’Orlando G. n’a pas souhaité commenter la décision, mais assure que son client « respecte strictement toutes les obligations de son contrôle judiciaire ».

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