Quand « Authenticité, Compassion, Tolérance » seront de retour en Chine

21 juillet 2015 06:55 Mis à jour: 26 octobre 2015 18:09

 

En 1999, le Parti communiste chinois lançait une vaste campagne de répression à l’encontre d’un groupe spirituel pacifique. 16 ans plus tard, ce sont les persécuteurs qui, un à un, sont arrêtés par le nouveau chef du Parti communiste Xi Jinping.

«  Le Falun Gong sera éradiqué en trois mois ! » Quand en juillet 1999, Jiang Zemin, secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC), prononce ces mots, la Chine s’apprête à plonger dans une nouvelle campagne de terreur. Le Falun Gong, discipline spirituelle basée sur la pratique d’exercices de Qi Gong, et prônant « Authenticité, Compassion, Tolérance », devient en une nuit un ennemi à abattre pour le secrétaire du PCC.

80 millions de Chinois deviennent alors la cible d’arrestations et d’emprisonnements par les autorités. « Si nous pratiquions dehors, nous étions arrêtés. Nous n’osions même plus nous adresser la parole, de peur d’être dénoncés », se souvient Yiyang, une pratiquante réfugiée en France depuis quelques années.

Pourquoi la persécution ?

Partout dans le monde, le souvenir de 16 ans de persécution est commémoré par des manifestations et défilés. Devant l’ambassade chinoise à Paris, le président de l’association Falun Gong, Alain Tong, se souvient d’un temps où les choses étaient différentes : « C était en mars 1995. C’est par le biais de l’ambassade chinoise située rue Van Loo que nous avons appris le Falun Gong. Le fondateur de la pratique, Li Hongzhi, a été invité dans les locaux ».

Le Falun Gong aété rendu public en Chine à partir de 1992 avec le soutien du ministère de la Santé publique. Le Falun Gong gagne rapidement en popularité et se pratique à travers tout le pays. « Le matin, les gens se retrouvaient dans les parcs pour faire les exercices avant d’aller au travail », rapporte Li. Pourtant, alors même que le Falun Gong fait l’objet de publications flatteuses de la part du ministère de la Santé publique dans les années 90, Jiang Zemin, qui contrôle le Parti, fulmine.

« Jiang Zemin est réputé pour sa jalousie. Il a un jour cherché à savoir auprès de ses conseillers qui était la personne la plus charismatique de Chine. Ils lui ont répondu que c’était Li Hongzhi, le fondateur du Falun Gong, et qu’il pouvait donner des conférences pendant des heures avec une simple feuille de notes. Par la suite, il vit sa propre femme et des membres du Politburo pratiquer le Falun Gong », explique Alain Tong.

« Les Chinois sont en train de se réveiller » – Alain Tong, président de l’association Falun Gong France

 En 1999, pour renforcer sa position au sein de l’appareil politique, Jiang Zemin décida donc de lancer une grande campagne de répression. Celle-ci lui a permis de placer à des postes clé certains de ses suivants, tels que Bo Xilai ou Zhou Yongkang au Bureau de la sécurité intérieure. Une manoeuvre connue de l’ancien secrétaire qui avait déjà en 1989, alors qu’il était en route pour le pouvoir, incité le Parti à réprimer dans le sang les étudiants sur la Place Tien An Men. Cela lui avait valu une promotion à la tête du Parti, quelques années plus tard.

« Beaucoup de gens ignorent encore la vérité »

Les campagnes politiques comme celle contre les étudiants de Tian An Men en 1989, qui furent qualifiées de « forces anti-Chine », ou contre le Falun Gong en 1999, sont courantes en Chine depuis l’arrivée du PCC au pouvoir. Pendant la Révolution culturelle, les enfants dénonçaient parfois leurs parents, et les élèves leurs instituteurs, qui devaient ensuite se repentir en public. Pendant la campagne « 100 fleurs s’épanouissent », le Parti communiste avait demandé aux intellectuels d’émettre leurs critiques envers le Parti, assurant qu’ils seraient écoutés et bienvenus. Ceux qui osèrent parler furent ensuite arrêtés.

Rien d’étonnant, donc, de voir de tels procédés utilisés dans la persécution du Falun Gong. Dénonciation, écriture de rapports sur la pensée, condamnations publiques… Un arrière-goût de 1984, le roman d’Orwell. Mais en Chine, ce n’est pas de la fiction. Yiyang témoigne de son histoire : « Une de mes enseignantes me traitait comme sa fille, nous étions très proches. Elle souffrait de toutes sortes de maladies, mais après avoir commencé la pratique, elle a retrouvé une très bonne santé. Elle est allée à Pékin pour témoigner des bienfaits du Falun Gong sur la Place Tian An Men, dire aux gens que cette pratique était bonne pour elle, bonne pour la société, mais elle a été arrêtée. »

« Elle a beaucoup souffert en prison, les autorités ont tenté de la « convertir » en lui passant des vidéos diffamant le Falun Gong 24h/24. Puis, ils ont commencé à faire pression sur son mari; finalement, ce dernier n’arrivait plus à supporter la situation et a demandé le divorce. Leur famille était très heureuse avant. »

Partout en Chine, les pratiquants expliquent la situation à leurs compatriotes souvent étonnés ou abasourdis. Parfois, ils refusent d’écouter ou d’y croire. « Le Parti communiste fait en sorte que le moins de gens possible apprennent la vérité. Ceux qui sont arrêtés subissent des lavages de cerveaux. Beaucoup de gens n’en savent rien, ils voient juste des gens disparaître, sans raison », reprend Monsieur Li, un autre pratiquant réfugié en France.

 Arrestation des persécuteurs

Toutefois, depuis l’arrivée de Xi Jinping, les évènements se bousculent. De nombreux officiels de haut rang sont dans le collimateur de l’actuel Secrétaire, qui s’emploie à démonter le système de corruption laissé par ses prédécesseurs. Et parmi eux, beaucoup sont des suivants du premier cercle du clan de Jiang Zemin, comme Wang Lijun, préfet de la police de Chongqin et son supérieur, Bo Xilai, ou Zhou Yongkang du ministère de la Sécurité intérieure. Ils occupaient des postes clé confortant le pouvoir de Jiang Zemin, et tous étaient profondément impliqués dans la persécution du Falun Gong.

En 60 ans, aucun mouvement ni groupe n’avait survécu aux campagnes de répression engagées par le PCC. Parmi les observateurs internationaux, peu auraient sans doute imaginé que le Falun Gong puisse se maintenir, et que les persécuteurs soient arrêtés les uns à la suite des autres. Simple hasard ? YiYang, pour sa part, croit en la rétribution. « Il existe un proverbe chinois qui dit « l’homme agit, les dieux observent. » Il vaut mieux que ceux qui ont fait le mal en Chine tournent leur cœur vers ce qui est juste. Peu importe que les gens fassent le bien ou le mal, ils doivent toujours en supporter les conséquences. »

Pour les pratiquants, il ne fait pas de doute que le Falun Gong sera réhabilité en Chine et que les gens seront à nouveau libres de pratiquer et de se réapproprier des valeurs telles qu’Authenticité, Compassion, Tolérance. « Les Chinois sont en train de se réveiller », estime pour sa part Alain Tong. « Ils voient de plus en plus clairement la nature de ce parti qui fait du mal non seulement aux pratiquants de Falun Gong, mais aussi au peuple chinois tout entier », conclut-il.

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