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Quand le Cotignac d’Orléans renaît grâce à un jeune artisan
Longtemps oublié, le Cotignac d’Orléans se redessine aujourd’hui sous la houlette d’un jeune entrepreneur de 21 ans. Entre patrimoine familial, gestes artisanaux et ambition, Antoine de la Poterie relance la Maison Gouchault pour faire revivre cette confiserie emblématique de la région.

Le Cotignac d'Orléans, une confiserie locale à base de jus de coing.
Photo: Antoine de la Poterie
Depuis 1975, la Maison Gouchault ancre son savoir-faire au cœur du Loiret, à Lailly-en-Val. Elle revendique « un héritage artisanal » depuis cette date, et affirme perpétuer « l’art du Cotignac d’Orléans … selon un savoir-faire ancestral ».
Le Cotignac d’Orléans, selon son historique, est « une confiserie emblématique de la ville, préparée à partir de jus de coing ». Parfois considérée comme l’ancêtre du roudoudou, il a longtemps fait la fierté de la cité johannique. La recette reste jalousement gardée – gelée ou pâte de coing, cuite dans de grandes marmites, puis moulée dans des boîtes en bois d’épicéa (ou copeau d’épicéa) décorées, parfois à l’effigie de Jeanne d’Arc.
Selon l’artisan confiseur Benoît Gouchault, « le jus de coings est extrait après deux à trois heures d’ébullition, infusion d’un jour, puis filtrage ». Le défi est « de maintenir une même consistance d’une année à l’autre » en fonction de la teneur en pectine des fruits.
Mais au fil du temps, cette douceur locale avait presque disparu… jusqu’à ce qu’un jeune homme passionné décide de la sauver de l’oubli.
À 21 ans, Antoine de la Poterie a grandi avec le goût du Cotignac. Dans sa famille, la recette se transmettait depuis des générations, son oncle, Benoît Gouchault, en étant le dernier gardien.
Alors que d’autres maisons avaient cessé la production, Antoine de la Poterie, étudiant en école de commerce, est intervenu. Face à la pandémie et aux soucis de santé de son oncle, la tradition du Cotignac semblait condamnée. En 2024, Antoine convainc son oncle de lui transmettre la recette et relance officiellement la Maison Gouchault. Il crée ainsi une SASU dirigée par lui-même, domiciliée à Lailly-en-Val, pour restaurer ce patrimoine confiseur.
Le déclic est survenu à la lecture d’un article du quotidien La République du Centre, titré : Pourquoi le Cotignac d’Orléans n’existe plus ? « Je me suis dit : il faut que ça change », se souvient-il. « Je n’étais pas confiseur, moi ! », plaisante Antoine. Mais la passion a vite pris le dessus : cuivres polis, confitures frémissantes, gestes précis… Peu à peu, l’atelier familial de Lailly-en-Val se remet à vivre.
Antoine s’immerge jour après jour dans l’art du coing : « La transmission, ça prend du temps », raconte-t-il. Il maîtrise les gestes : sélection des fruits mûrs, extraction lente, cuisson précise, remplissage manuel des boîtes… Les premières ventes sont relancées, la distribution locale reprend et la « chasse aux Cotignacs » est organisée pour perpétuer la tradition.
Et le miracle opère. En quelques mois, une trentaine de boutiques de la région Centre-Val de Loire distribuent à nouveau les petites boîtes (à partir de 8 € les 40 g). « On a même dû limiter les ventes, on ne pouvait plus suivre la demande ! », sourit le jeune artisan.
Le Cotignac retrouve ainsi sa place dans le cœur des Orléanais. Lors des fêtes johanniques de mai 2025, le stand d’Antoine ne désemplit pas. « Une dame m’a dit que, petite, sa plus grande punition avait été d’être privée de Cotignac ! », peut-on lire sur le site Aleteia.
En relançant le Cotignac d’Orléans, Antoine de la Poterie ne se contente pas de vendre une friandise : il restaure un pan de l’identité locale et un savoir-faire artisanal menacé. Avec la Maison Gouchault comme tremplin historique et la recette du coing comme fil rouge, il incarne la jeunesse qui reprend le flambeau. La petite boîte en bois n’est plus seulement un objet gourmand, mais un symbole de transmission, d’enracinement et de renaissance.
« Notre petite entreprise, c’est une façon de parler de notre patrimoine, de notre culture et de notre enfance », confie-t-il.
Grâce à lui, Orléans a retrouvé sa douceur d’antan – et prouvé qu’un morceau d’histoire peut renaître dans les mains d’un jeune passionné.
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