Quatre-vingt-deux propositions pour tracer « une troisième voie » entre « le populisme » de droite et « l’angélisme » de gauche : Renaissance a dévoilé lundi son programme sur les thèmes régaliens, dont l’interdiction du voile aux mineures de moins de 15 ans qui continue de faire débat, y compris en interne.
Gabriel Attal a décliné lundi les conclusions de la première « convention thématique » lancée après son arrivée à la tête du parti en décembre. Un travail programmatique que « le parti n’avait jamais vraiment réalisé, en dehors des campagnes présidentielles ». Avec la volonté de sortir d’« une forme d’ambiguïté ou d’impensé sur ces sujets », alors que le parti macroniste s’est régulièrement divisé sur ces thèmes depuis 2017.
Mais « pas de virage dans un sens ou dans un autre », a assuré l’ancien Premier ministre, régulièrement accusé de tirer vers la droite, avec un dernier épisode retentissant: sa proposition d’interdire le voile pour les mineures de moins de 15 ans dans l’espace public.
« S’il y a bien un sujet sur lequel les clivages n’ont plus beaucoup de sens, je crois que c’est celui-là: vivre en sécurité dans son pays, respecter l’ordre, nos frontières. Je crois profondément que ça n’est ni de droite, ni de gauche, ni du centre », a-t-il insisté.
« Hors de question de remettre en cause la liberté de porter le voile pour tous »
Sur le voile, le patron de Renaissance persiste : « hors de question de remettre en cause la liberté de porter le voile pour tous, et notamment pour des femmes qui (en) feraient le choix librement ». Mais « peut-on accepter de ne rien faire face à un phénomène documenté de petites filles de cinq ou six ans contraintes de porter le voile dans notre pays ? »
Élisabeth Borne, présidente du Conseil national du parti, a exposé dimanche ses « plus grands doutes sur la constitutionnalité » de cette mesure, commandant de « travailler pour proposer des mesures rigoureuses, constitutionnellement solides et applicables » et aussi de « prendre le temps d’en débattre » en interne.
Aux sceptiques, M. Attal répond qu’« avec de tels raisonnements, on n’aurait pas interdit le port de l’abaya dans les établissements scolaires en 2023 et on n’aurait probablement pas pris les mesures sur la burqa ou sur la laïcité dans nos établissements scolaires » en 2004.
« 82 propositions »
Les grands « axes » des 82 propositions doivent être soumis cette semaine au vote des adhérents de Renaissance. « Après, ce sera la ligne de notre parti politique », a expliqué Gabriel Attal.
Ce socle, présenté côté Renaissance comme un embryon de programme présidentiel, s’apparente parfois à un inventaire de huit années de macronisme au pouvoir. « Beaucoup de choses ont été faites ces dernières années et on en est fier, notamment un renforcement massif des moyens », a rappelé M. Attal.
Mais « aujourd’hui, nous voyons bien que le compte n’y est pas. L’insécurité n’a pas connu de net recul, la confiance des Français dans la justice est fragile, minée par la lenteur et la récidive », a résumé le président de la région Sud, Renaud Muselier.
Renaissance souhaite notamment généraliser les polices municipales dans les communes de plus de 10.000 habitants, « systématiquement armées » et dotées de prérogatives élargies, a expliqué la députée Violette Spillebout.
Le parti veut également une « loi d’accélération de la construction de prisons et de CRA » (centre de rétention administrative), sur le modèle de la loi spéciale ayant assoupli les procédures en vue des JO-2024.
Comme Édouard Philippe, Renaissance prône la suppression du juge d’application des peines.
L’immigration, « admission par points »
Autre sujet clivant, l’immigration. Face à l’« hystérisation collective », le parti refuse le « double écueil » de « l’accueil inconditionnel » et du « fantasme total de l’immigration zéro » et pose le principe de la « préférence au travail », a détaillé le député Mathieu Lefèvre.
Renaissance met sur la table l’idée souvent évoquée d’un système, calqué sur l’exemple canadien, d’« admission par points » (qualification, âge, maîtrise du français, offre d’emploi ferme…), avec vote annuel au Parlement. « Nous avons besoin de l’immigration économique et nous l’assumons, en confiant sa définition aux partenaires sociaux », a détaillé M. Lefèvre.
Parallèlement, le parti entend durcir les règles du regroupement familial. Il n’entend pas, en revanche, revenir sur le droit du sol. « Ce ne sont pas nos valeurs », a expliqué M. Attal.
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