Ce que la respiration consciente apporte au cerveau

Différents modes de respiration activent des réseaux neuronaux variés, liés à l'humeur, l'attention, la conscience du corps

Par Grace Bullock
4 février 2022 14:33 Mis à jour: 2 mai 2023 21:01

Le yoga, la méditation et d’autres thérapies représentent une perte de temps ? Selon un article de nouvelles du monde du 24 janvier 2022 : « La respiration est le rythme corporel le plus persistant et le plus essentiel et exerce un fort effet physiologique sur le système nerveux autonome. »

De plus, Nikolas Karalis, chercheur à l’Institut Friedrich Miescher pour la recherche biomédicale à Bâle a déclaré : « Nos résultats identifient l’existence d’un lien jusque‑là inconnu entre les circuits respiratoire et limbique » (Newswise). Ralentir et prêter attention à sa respiration, n’est pas un simple conseil de bon sens.

Cela fait également écho à ce que la méditation, le yoga et d’autres thérapies permettant de réduire le stress enseignent : se concentrer sur le moment et le rythme de notre respiration peut avoir des effets positifs sur le corps et l’esprit.

Une étude récente publiée dans le Journal of Neurophysiology confirme cette hypothèse. Lorsqu’on prête attention à la respiration, plusieurs régions du cerveau liées aux émotions, à l’attention et à la conscience du corps sont activées.

La respiration rythmée, contrôlée consiste à inspirer et expirer consciemment selon un rythme déterminé. Par exemple, vous pouvez inspirer pendant quatre temps, expirer pendant six temps et répéter. D’après des recherches antérieures, les exercices de respiration rythmée peuvent à la fois focaliser l’attention et réguler le système nerveux. À ce jour, cependant, nous ne savions que très peu sur la façon dont ces exercices affectent les fonctions cérébrales chez l’homme.

Évidemment, c’est une percée pour nous qui pensions depuis toutes ces années que le tronc cérébral était seul responsable du processus de respiration. Cette étude révèle que la respiration rythmée fait également appel à des réseaux neuronaux situés au‑delà du tronc cérébral et liés aux émotions, à l’attention et à la conscience du corps. En exploitant ces réseaux par la respiration, nous avons accès à un outil puissant pour réguler nos réponses au stress.

Le cerveau et la respiration rythmée

Dans cette étude, des chercheurs du Feinstein Institute for Medical Research ont voulu mieux comprendre comment le cerveau réagit à différents exercices de respiration. Ils ont recruté six adultes déjà soumis à une surveillance EEG intracrânienne pour l’épilepsie. On leur a demandé de prendre part à trois exercices de respiration pendant qu’on suivait les activités de leur cerveau.

Dans le premier exercice, les participants étaient invités à respirer normalement pendant huit minutes, les yeux ouverts. On leur demandait ensuite d’accélérer la respiration, pour que celle‑ci devienne rapide pendant 2 minutes, en ne respirant que par le nez. Finalement, il leur fut demandé de revenir à une respiration normale. Un cycle qu’il fallait répéter huit fois.

Pour le deuxième exercice, les participants devaient compter les inspirations et les expirations produites durant 2 minutes. Les chercheurs pouvaient vérifier les réponses correctes ou incorrectes.

Dans le troisième exercice, les participants devaient accomplir une tâche tout en portant un dispositif surveillant leur respiration. Par exemple, ils avaient devant les yeux un écran sur lequel apparaissait des cercles noirs à différents endroits. Dès que le cercle passait du noir au blanc, ils devaient appuyer sur un des quatre boutons à disposition (utilisés en fonction de l’endroit ou apparaissait le cercle sur l’écran).

À la fin de l’étude, les chercheurs ont examiné comment le rythme respiratoire des participants variait en fonction des différentes tâches et ont noté si leur activité cérébrale changeait en fonction de la tâche effectuée. Ils ont découvert que la respiration affecte les régions du cerveau, dont le cortex et le mésencéphale, plus largement qu’on ne le pensait auparavant.

Il serait possible de réduire la peur et l’anxiété en ralentissant notre respiration. (Shutterstock)

Gestion du stress, tout est dans la respiration ?

Lorsque les participants respiraient rapidement, les chercheurs ont constaté une activité accrue dans certaines parties du cerveau, dont l’amygdale.

L’activité dans l’amygdale suggère que les rythmes respiratoires rapides peuvent déclencher des sentiments tels que l’anxiété, la colère ou la peur. D’autres études ont témoigné de la tendance à être plus sensibles à la peur lorsque nous respirons rapidement. À l’inverse, il serait possible de réduire la peur et l’anxiété en ralentissant la respiration.

La présente étude a également mis en évidence un lien étroit entre la respiration intentionnelle c’est‑à‑dire contrôlée et rythmée des participants et l’activation de l’insula.

L’insula régule le système nerveux autonome et est liée à la conscience du corps. Des études antérieures ont établi un lien entre la respiration intentionnelle et l’activation de l’insula postérieure. Prêter une attention particulière à la respiration peut, semble‑t‑il, accroître la conscience des états corporels. Cette aptitude est celle qu’on acquiert principalement dans des pratiques telles que le yoga et la méditation.

Enfin, les chercheurs ont noté que lorsque les participants suivaient avec précision leur respiration, l’insula et le cortex cingulaire antérieur, une région du cerveau impliquée dans la conscience du moment présent, étaient tous deux actifs.

Dans l’ensemble, les résultats de cette étude confirment l’existence d’un lien étroit entre les types de respiration (rapide, intentionnelle et attentionnelle) et l’activation des structures cérébrales impliquées dans la pensée, les sentiments et le comportement.

Il est donc possible d’utiliser des stratégies respiratoires particulières comme outils pour aider les gens à gérer leurs pensées, leurs humeurs et leurs expériences.

Le Dr B Grace Bullock est consultante professionnelle, psychologue, chercheuse, éducatrice, conférencière et journaliste scientifique. Elle est l’auteur du livre à succès : « Mindful Relationships : 7 Skills for Success ~ Integrating the Science of Mind, Body & Brain » (Les relations en pleine conscience : 7 stratégies pour réussir ~ Intégrer la science de l’esprit, du corps et du cerveau, ndt.)

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