Retraites: de retour dans la rue, les syndicats réclament en vain une « médiation »

Par Epoch Times avec AFP
28 mars 2023 16:55 Mis à jour: 28 mars 2023 17:16

Les opposants à la réforme des retraites étaient moins nombreux dans la rue mardi pour une dixième journée d’action à l’appel des syndicats qui ont réclamé une « médiation », rejetée par le gouvernement mais soutenue par ses alliés du Modem.

Cinq jours après un sursaut terni par de nombreux débordements, les premiers chiffres des autorités comme des syndicats attestaient d’une participation en repli, comme à Bayonne (6500 à 13.000), Nice (3700 à 25.000) ou Clermont-Ferrand (11.000 à 40.000). « Le mouvement ne s’essouffle pas », a cependant affirmé de la cité auvergnate le leader de la CGT Philippe Martinez, jugeant « la détermination toujours aussi importante » pour exiger le retrait de la réforme et de sa mesure-phare : le report de l’âge légal de 62 à 64 ans.

Heurts à Nantes et Rennes

Alors que les violences lors des manifestations de la semaine dernière, puis autour de la bassine de Saint-Soline (Deux-Sèvres) durant le week-end, sont encore dans toutes les têtes, des heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont éclaté mardi à Nantes ainsi qu’à Rennes. À Nantes, une agence bancaire a été incendiée et le tribunal administratif visé, tandis qu’à Rennes ont eu lieu de nombreuses dégradations.

(SÉBASTIEN SALOM-GOMIS/AFP via Getty Images)

Dans le cortège parisien, parti peu après 14h00, l’insoumis Jean-Luc Mélenchon a appelé au « sang froid », affirmant que la France « ne se mène pas à coup de trique ».

Redoutant des « risques très importants de troubles à l’ordre public », le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait prévu un « dispositif de sécurité inédit » : 13.000 policiers et gendarmes, dont 5500 dans la capitale où la préfecture avait recensé à 15h00 18 arrestations.

Front commun inédit entre la CFDT et le Modem

Pour sortir de l’impasse, le numéro un de la CFDT Laurent Berger a proposé mardi « une voie de sortie » par le biais d’une « médiation » pour trouver « un compromis social ». Solution aussitôt écartée par le gouvernement : « On n’a pas forcément besoin de médiation pour se parler », a déclaré son porte-parole Olivier Véran. Une réponse « insupportable » pour M. Berger qui a répliqué, de la tête du cortège parisien : « Ça va commencer à suffire, les fins de non recevoir ». Le dirigeant du premier syndicat de France a toutefois reçu l’appui inattendu des députés MoDem, membres de la majorité présidentielle. « C’est bien d’avoir une ou deux personnes pour essayer de retrouver le dialogue et avoir un certain recul », a déclaré leur président Jean-Paul Mattei.

La situation reste pour l’heure bloquée, en attendant la décision du Conseil constitutionnel qui doit se prononcer sur le projet de loi d’ici à trois semaines. « Si le gouvernement veut sortir par le haut, il faut qu’il suspende la réforme. Plus il attend, plus ça va être compliqué », a estimé le secrétaire général de FO Frédéric Souillot, promettant à l’unisson des autres responsables syndicaux la poursuite des grèves et des mobilisations.

L’opposition à la réforme reste vive

Sur le terrain, l’opposition à la réforme reste vive. Des barrages routiers matinaux ont été signalés à Rennes, Caen et Lille, entre autres. La circulation des trains est également perturbée, avec trois TGV sur cinq et un TER sur deux en moyenne selon la SNCF. La Tour Eiffel était aussi fermée.

À Paris, des manifestants ont envahi en fin de matinée les voies de la Gare de Lyon, entrainant des retards. Même scène à Lorient ainsi que pendant environ une heure à la gare Saint-Charles de Marseille.

La situation ne s’améliorait pas sur le front des carburants, avec des pénuries qui s’étendaient aussi en Ile-de-France. En revanche, du côté des déchets qui se sont amoncelés à Paris (encore 7000 tonnes mardi), la CGT a annoncé la suspension de la grève des éboueurs et du blocage des incinérateurs à partir de mercredi « afin de repartir plus fort ».

Si les enseignants étaient moins mobilisés (8% de grévistes selon le ministère), les autorités scrutent l’agitation de la jeunesse. Des dizaines de blocages d’universités, de lycées et même de collèges ont été recensés, d’Avignon au Havre, de Lille à Bordeaux. « Je suis encore très jeune mais la réaction du gouvernement, le 49.3, le fait de voir que le peuple n’est pas écouté, c’est ça qui m’a donné envie de me battre », a expliqué Siméon Ronzier, 20 ans, dans le cortège lillois.

À l’Élysée, où Emmanuel Macron a reçu lundi les cadres de la majorité et du gouvernement, le chef de l’État a dit vouloir « continuer à tendre la main aux forces syndicales » sur d’autres sujets, selon un participant. Quant à la Première ministre Élisabeth Borne, elle insiste sur sa volonté de « mettre de l’apaisement ».

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.