Retraites: les syndicats encore dans la rue, le dialogue toujours dans l’impasse

Par Epoch Times avec AFP
28 mars 2023 08:35 Mis à jour: 28 mars 2023 19:51

Les opposants à la réforme des retraites vont à nouveau manifester partout en France mardi, pour une dixième journée d’action à haut risque avec « nettement plus » de jeunes remontés contre un gouvernement inflexible et un dispositif de sécurité « inédit ».

L’épreuve de force se prolonge. Cinq jours après un regain de mobilisation, terni par de nombreux débordements, le mouvement social repart pour un tour. Avec son lot habituel de grèves et de blocages.

Les transports publics perturbés

La circulation des trains, perturbée depuis trois semaines, reste limitée avec trois TGV sur cinq et un TER sur deux en moyenne selon la SNCF. À Lille, Yasmine Mounib, 19 ans, étudiante en BTS à Cambrai, dit être « d’accord avec leurs revendications ». « Mais ils pourraient laisser les trains du matin pour les lycéens, les étudiants : moi c’est en train de me coûter ma scolarité », explique-t-elle, disant s’être levée à 4 heures pour un cours à 8 heures, qu’elle va quand même rater. « Et voilà, annulé ! J’avais dit aux élèves que je ferai classe, mais je n’y serai pas » déplore Carole Guibert, professeur en lycée à Douai, quinquagénaire favorable à la réforme des retraites, pour qui « ces jeunes qui se mobilisent, ils ne se rendent pas compte, qu’il y en aura d’autres, des réformes… »

Difficultés également dans les transports parisiens, où la RATP a réduit le trafic sur la plupart des lignes de métro et de RER. Se déplacer en voiture n’est pas forcément plus simple, avec 15% des stations-services à court d’au moins un carburant, conséquence de l’arrêt de cinq des sept raffineries du pays. Sans compter les blocages routiers, comme ceux observés vers 07h00 sur la rocade de Rennes et sur le périphérique nantais, où la circulation était très délicate, selon Bison futé.

Dans l’enseignement primaire, 30% des professeurs seront en grève selon la FSU, principal syndicat.

Un dialogue de sourds qui risque d’ajouter de la tension

Des désagréments assumés par les syndicats, à commencer par la CGT, dont le leader sortant, Philippe Martinez, a répété lundi que « l’objectif, c’est le retrait » de la réforme et qu' »il n’y a aucune raison de ne pas y croire ». À la CFDT, Laurent Berger a dit attendre « un bougé très fort du gouvernement » sur la mesure-phare du report de l’âge légal : « Il faut qu’il dise : les 64 ans ne s’appliqueront pas ».

Mais le porte-parole de l’exécutif, Olivier Véran, a aussitôt refermé la porte en affirmant que « la loi sur les retraites est derrière nous ». À l’Élysée, où Emmanuel Macron a reçu lundi les cadres de la majorité et du gouvernement, le chef de l’État a pourtant dit vouloir « continuer à tendre la main aux forces syndicales », mais sur d’autres sujets, selon un participant. Le dialogue de sourds pourrait se poursuivre ainsi jusqu’à la décision du Conseil constitutionnel, attendue d’ici trois semaines. Au risque d’ajouter de la tension, quand la Première ministre, Élisabeth Borne, entend « mettre de l’apaisement ».

Beaucoup s’inquiètent du « chaos » ambiant depuis l’usage du 49.3 pour faire adopter le projet de loi. Les heurts lors des dernières manifestations, puis les affrontements autour de la bassine de Sainte-Soline durant le weekend, attestent d’un climat délétère.

150 rassemblements prévus avec de sérieux risques de débordements

Dans ce contexte, au moins 150 rassemblements sont prévus dans l’Hexagone pour la dixième journée de contestation. Surprises par l’ampleur de la mobilisation jeudi – 1,09 million de participants selon l’Intérieur, plus de 3 millions d’après les syndicats – les autorités tablent cette fois-ci sur un total de 650.000 à 900.000 manifestants, dont 70.000 à 100.000 à Paris. « Je m’attends à une forte mobilisation et une détermination des manifestants », a prédit sur RMC le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot, qui attend « vraiment beaucoup de monde cet après-midi » à Paris.

Des foules encadrées par 13.000 policiers et gendarmes, dont 5.500 dans la capitale, un « dispositif de sécurité inédit », a souligné lors d’une conférence de presse le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui a appelé « solennellement chacun et chacune au calme » et évoqué la présence possible à Paris de « plus de 1.000 éléments radicaux ». Dans la capitale, le cortège reliera dans l’après-midi la place de la République à celle de la Nation. Accusées de violences par les manifestants, les forces de l’ordre s’apprêtent à faire face à « une présence des jeunes nettement plus importante », selon une source policière qui pronostique « un doublement, voire un triplement » de leur nombre par rapport aux précédentes mobilisations.

« Depuis l’adoption du 49.3, ça a fait boom dans les facs », explique Marion Beauvalet, 26 ans, qui a bloqué son établissement de Paris-Dauphine lundi matin avec d’autres membres du syndicat l’Alternative. Des actions du même type devraient se multiplier mardi dans les universités et les lycées.

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