Les réunions à distance sont néfastes pour la démocratie

Par Michael Zwaagstra
22 janvier 2022 23:29 Mis à jour: 25 janvier 2022 11:30

Une enseignante faisait récemment une présentation prévue au Conseil scolaire du district de la région de Waterloo. Avant qu’elle ait pu finir de parler, le président du conseil lui a sommairement coupé la parole. Selon le président, l’enseignante avait violé le code provincial des droits de la personne et devait être interrompue.

Cependant, l’enseignante ne faisait que soulever des préoccupations quant à l’âge approprié de certains livres que l’on trouve dans les bibliothèques des écoles primaires. Plus précisément, elle jugeait que certains livres contenaient beaucoup trop de contenu sexualisé pour les élèves du primaire.

Le conseil scolaire examinait de près les livres de la bibliothèque à la recherche de contenus inappropriés, il n’y avait donc pas lieu d’être surpris de voir un enseignant porter des exemples spécifiques à son attention.

Alors que les enregistrements vidéo des réunions du conseil sont normalement mis en ligne, cette réunion a été retirée de la Toile très rapidement. Selon le président du conseil, il s’agissait d’éviter que la présentation de l’enseignante ne porte préjudice à d’autres. Une explication plus probable est que son refus de l’écouter, tel qu’il apparaissait dans cet enregistrement, était sûrement risible.

Mais c’est un autre aspect de cette réunion qui la rend vraiment ridicule : elle avait lieu en visioconférence. Chacun des membres du conseil était chez lui, et c’est ainsi qu’on y « participait », via Zoom, tout comme ceux qui devaient l’animer, notamment l’enseignante s’exprimant sur les livres de la bibliothèque.

Bientôt deux ans se sont écoulés depuis le début de cette pandémie et les gouvernements lèvent enfin les restrictions en matière de santé publique. Les vaccins sont disponibles pour tous ceux qui les désirent et de nouveaux traitements prometteurs contre le Covid-19 ont été approuvés par Santé Canada. Dans ces circonstances, il n’est plus nécessaire que les élus dirigent les réunions du conseil d’administration à distance.

Malheureusement, le Conseil scolaire du district de la région de Waterloo est loin d’être le seul conseil scolaire à tenir ses réunions en virtuel. Les conseillers scolaires de grandes villes comme Toronto, Montréal et Vancouver organisent leurs réunions en ligne. De nombreux conseils municipaux s’en tiennent également à ce type de réunions, du moins pour l’instant.

La réalité est que les rencontres à distance sont nettement moins efficaces que les réunions en présentiel. Non seulement les participants ne bénéficient pas des interactions interpersonnelles régulières qui se produisent normalement, mais les réunions à distance permettent d’éviter facilement le dialogue avec toute personne avec laquelle on n’est pas d’accord. Il devient d’autant plus facile pour les hommes politiques de s’en tenir à leurs chambres d’écho existantes.

Dans une réunion en présentiel, l’enseignante de Waterloo aurait tout autant pu être coupée abusivement par le président du conseil scolaire. Mais les deux auraient pu se regarder dans les yeux tout en étant dans la même pièce. Il est beaucoup plus simple d’évacuer une personne d’une réunion à distance en cliquant sur un bouton que de lui ordonner de quitter le bâtiment. Un tel fiasco aurait probablement été évité dans une réunion concrète.

Enfin, il existe des explications scientifiques pour ce que l’on appelle communément la « fatigue du Zoom ». Des chercheurs de l’université du Michigan ont découvert que le temps de latence d’Internet empêche ceux qui échangent via Zoom de saisir les indices subtils pendant leurs conversations. Comme les participants doivent faire plus d’efforts pour se comprendre, ils finissent généralement par se sentir épuisés.

La fatigue du Zoom est déjà assez pénible lorsqu’elle survient après une conversation informelle entre les membres d’une même famille. Pensez maintenant à l’impact de deux années de réunions Zoom menées par des adversaires politiques qui ne sont pas enclins à s’accorder le bénéfice du doute. Sans aucun doute, de sérieux conflits sont susceptibles de survenir.

Ajoutez à cela les défis techniques permanents qui surgissent lors des réunions Zoom. Qu’il s’agisse de l’oubli du bouton de sourdine, d’une réception Wi-Fi défectueuse ou d’un mauvais positionnement de la caméra vidéo, les problèmes qui surgissent sont infinis. Ces types de soucis se produisent rarement lors de véritables réunions.

Enfin, les rencontres à distances ne sont souvent pas prises aussi au sérieux. Les exemples de retours médiocres de la part des participants sont nombreux. Un député de Montréal, par exemple, est apparu nu à deux reprises devant la caméra lors d’une réunion Zoom de la Chambre des communes. Il est peu probable qu’il aurait fait ce coup d’éclat lors d’une réunion en personne. Un conseiller scolaire de Chilliwack est allé jusqu’à allumer une cigarette et bu du vin lors d’une visioconférence, ce qui n’aurait jamais été toléré en présentiel.

Les réunions à distance sont néfastes pour la démocratie. Les élus ont le devoir, envers eux-mêmes et envers leurs électeurs, de tenir de véritables réunions. Cela signifie qu’ils n’ont pas à tenir leurs conférences sur Zoom.

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