Électricité et gaz : les syndicats de la CGT lancent un mouvement de grève sur les revendications salariales

La CGT a appelé l'ensemble des salariés de l'électricité et du gaz à faire grève mardi 2 septembre, dans le cadre d'un mouvement de 24 heures reconductible. Cette mobilisation, programmée de longue date, se concentre sur les questions salariales et les tarifs énergétiques, sans lien direct avec les manifestations dirigées contre l’exécutif.
Photo: : JC MILHET/Hans Lucas/AFP via Getty Images
La CGT a appelé l’ensemble des salariés de l’électricité et du gaz à faire grève mardi 2 septembre, dans le cadre d’un mouvement de 24 heures reconductible. Cette mobilisation, programmée de longue date, se concentre sur les questions salariales et les tarifs énergétiques, sans lien direct avec les manifestations dirigées contre l’exécutif.
Plus de 220 sites en grève selon la FNME-CGT
Mathieu Pineau, secrétaire fédéral de la Fédération nationale des mines et de l’énergie CGT (FNME-CGT), premier syndicat des industries électriques et gazières, a annoncé lundi lors d’une réunion d’information en ligne que le mouvement mobilisait « plus de 220 piquets de grève ». Cette participation dépasse les prévisions initiales de l’organisation syndicale.
Les modalités concrètes de la grève sont déterminées site par site lors d’assemblées générales organisées mardi matin. Fabrice Coudour, secrétaire général de la FNME-CGT, a indiqué que « les choses seront décidées collectivement » et évoqué de possibles « blocages » à l’entrée des installations de production d’énergie.
Revendications salariales et tarifaires
Le syndicat formule plusieurs demandes précises. Il réclame l’abrogation de la dernière réforme des retraites et une réduction de la TVA sur les factures énergétiques, passant de 20% à 5,5% pour l’électricité et le gaz.
Concernant les rémunérations, la CGT exige l’alignement du premier échelon de la grille salariale sur le SMIC. Actuellement, ce premier niveau est inférieur de 9% au salaire minimum légal. Le syndicat demande également une revalorisation des indemnités d’astreintes versées aux personnels soumis à des contraintes horaires particulières.
Isolement syndical de la CGT
La CGT mène seule cette mobilisation. Les autres organisations syndicales du secteur ont choisi de ne pas s’associer au mouvement. La CFDT, troisième organisation syndicale représentative dans les industries électriques et gazières, partage certaines préoccupations concernant la grille des rémunérations mais privilégie à ce stade la négociation directe avec les employeurs.
Cette divergence d’approche illustre les différences stratégiques entre syndicats sur les méthodes de défense des intérêts salariés. Tandis que la CGT opte pour l’action directe, d’autres organisations préfèrent explorer les voies du dialogue social avant d’envisager des actions plus contraignantes.
Impact sur la production énergétique
Le mouvement de grève commence à affecter la production d’électricité dans plusieurs installations. Anthony Lavrador, secrétaire général de la CGT de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux dans le Loir-et-Cher, a précisé la stratégie adoptée : « Le but n’est pas d’impacter les usagers, mais nos employeurs par la grève, en essayant de moins produire. »
Cette approche vise à exercer une pression économique sur les directions d’entreprises tout en limitant les désagréments pour les consommateurs. Les grévistes cherchent ainsi à démontrer leur capacité d’action sans provoquer de coupures d’électricité ou de gaz susceptibles de pénaliser les particuliers et les entreprises.
Possible convergence avec d’autres mouvements
Bien que distinct dans ses motivations initiales, le mouvement des salariés de l’énergie pourrait rejoindre l’appel « citoyen » à « tout bloquer » prévu le 10 septembre. Fabrice Coudour a indiqué que ces deux mobilisations « ne s’opposent pas, bien au contraire » et que l’appel du 10 septembre pourrait s’intégrer « dans la reconductibilité du mouvement » si la grève se prolongeait.
Cette perspective de convergence élargit la portée potentielle du conflit social au-delà du seul secteur énergétique et pourrait donner une dimension politique plus marquée à la contestation.
Négociations en cours
Face à cette mobilisation, Mathieu Pineau assure que « les employeurs ont l’air d’être inquiets », suggérant que la pression syndicale produit ses premiers effets. Les directions d’entreprises du secteur n’ont pas encore communiqué officiellement sur leurs intentions de négociation ou leurs contre-propositions.
La CGT a programmé un bilan intermédiaire jeudi 4 septembre au matin pour évaluer les résultats obtenus et décider de la poursuite du mouvement. Cette échéance constituera un moment clé pour mesurer l’efficacité de la mobilisation et déterminer sa prolongation éventuelle.
Contexte économique du secteur
Cette grève intervient dans un contexte de tensions persistantes sur les prix de l’énergie. Depuis la crise énergétique européenne déclenchée par le conflit ukrainien, les tarifs de l’électricité et du gaz restent élevés malgré certaines mesures gouvernementales de soutien. Cette situation pèse simultanément sur le pouvoir d’achat des ménages et sur les revendications salariales des personnels du secteur.
Les entreprises énergétiques françaises, notamment EDF et Engie, font face à des défis financiers importants entre investissements dans la transition énergétique, maintenance du parc nucléaire vieillissant et pression sur leurs marges due à la régulation tarifaire.
Enjeux pour l’approvisionnement énergétique
Le timing de cette grève intervient alors que la France se prépare à la période automnale et hivernale, traditionnellement plus consommatrice d’énergie. Les autorités surveillent attentivement l’évolution du mouvement pour anticiper d’éventuelles perturbations de l’approvisionnement, particulièrement dans un contexte européen où la sécurité énergétique demeure une préoccupation majeure.
La capacité de la CGT à maintenir la mobilisation au-delà des 24 heures initiales déterminera l’ampleur réelle de l’impact sur le système énergétique français. L’échéance du 4 septembre constituera un indicateur crucial de la suite des événements et de la réponse des employeurs aux revendications syndicales.

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