Sanctionner le PCC pour le prélèvement forcé d’organes

Troisième partie de la série de quatre articles consacrés au Sommet mondial contre le prélèvement forcé d'organes

Par Anders Corr
1 octobre 2021 19:34 Mis à jour: 3 octobre 2021 13:05

Le Sommet mondial sur la prévention et la lutte contre le prélèvement forcé d’organes a tenté de dresser la liste de tous les expédients qui permettraient d’en finir avec la pratique du prélèvement d’organes non consenti. Une déclaration universelle a été rédigée, des sanctions économiques contre le Parti communiste chinois (PCC) ont été proposées. Par ailleurs, un constat a été établi : il faut stopper la formation à l’échelle mondiale des chirurgiens transplanteurs en provenance de Chine.

Les organisateurs du sommet, qui s’est tenu du 17 au 26 septembre, ont appelé la profession juridique et la communauté internationale à prendre plus au sérieux les preuves des prélèvements forcés d’organes. « Nous appelons la profession juridique à mettre un terme à ce crime contre l’humanité inacceptable », ont-ils écrit sur la page d’accueil du Sommet. Il est temps, estime-t-on, de mettre fin aux abus en matière de transplantation par le biais de mesures juridiques précises, de sanctions Magnitski personnalisées à l’encontre des plus coupables, de lois nationales pénalisant systématiquement ceux qui y participent. Enfin, il faut en finir avec la formation à l’échelle mondiale des chirurgiens chinois de la transplantation.

Selon le Dr Weldon Gilcrease, directeur du service d’oncologie de la faculté de médecine de l’université de l’Utah, il faut exiger que tous les professionnels de la santé et autres personnes ayant collaboré au fil des ans avec le système de transplantation illégal de la Chine soient tenus pour responsables.

Des changements dans les rapports commerciaux sont également nécessaires, selon le Dr R. Scalettar, ancien président de l’American Medical Association. « Il ne devrait pas y avoir de conflits d’intérêts du fait d’une rémunération ou de la commercialisation des transplantations », estime-t-il. Une législation adéquate peut s’y attaquer a un niveau national, mais aussi à un niveau international.

Israël, l’Espagne, Taïwan, l’Italie, la Belgique, la Norvège et la Corée du Sud sont autant de pionniers dans la promulgation de lois visant à empêcher le tourisme de transplantation, selon Lord Philip Hunt du Royaume-Uni, rejoint sur ce point par deux avocats internationaux spécialisés dans les droits de l’homme, le Canadien David Matas et l’Espagnol Carlos Iglesias Jimenez.

David Matas témoigne au tribunal populaire dans les De Vere Grand Connaught Rooms, Holborn à Londres, le 8 décembre 2018. (Justin Palmer)

Selon le Dr Scalettar, une telle législation devrait comprendre la condamnation des professionnels de la santé complices, la confiscation de leur licence ainsi que des poursuites judiciaires. Si vous violez la déontologie médicale par des prélèvements d’organes forcés, « votre activité prend fin », propose-t-il.

M. Jimenez appelle la société civile et les gouvernements à s’exprimer et à légiférer contre les prélèvements forcés d’organes perpétrés à une échelle mondiale : « La dictature du PCC avance très bien, soit en achetant la volonté des gens, soit en soudoyant la volonté des gens, soit en menaçant la volonté des gens. Et elle peut le faire avec un petit groupe, mais elle ne peut pas le faire avec des millions de personnes, des personnes courageuses qui doivent se faire entendre. »

Pour M. Jiminez, le silence est une complicité : « La justice, à l’avenir, ne jugera pas seulement ceux qui sont coupables de ces crimes, mais aussi toutes ces personnes dont le silence complice a facilité, rendu possible toutes ces atrocités. Ils devront répondre de leurs actes devant la justice ».

C’est Theresa Chu, avocate du Taiwan Falun Gong Attorney Group, qui présente l’idée d’une Déclaration universelle sur la prévention et la lutte contre le prélèvement forcé d’organes (UDCPFOH), un document international visant à dénoncer le prélèvement forcé d’organes perpétré par le PCC et à proposer des mesures pour empêcher le PCC de « violer gravement la valeur de l’existence humaine ». Le document est officiellement rendu public le 26 septembre, le dernier jour du sommet.

Selon Mme Chu, « la Déclaration universelle des droits de l’homme s’appuie sur les droits inaliénables dont aucune personne ni aucun régime ne peut être privé et expose les principes fondamentaux des valeurs universelles, notamment l’inviolabilité de la dignité humaine et la protection fondamentale de la vie, du corps et de la liberté de l’être humain ». Mme Chu appelle les nations et les organisations internationales à « interdire l’entrée à toute personne dont on sait qu’elle participe directement ou indirectement au prélèvement forcé d’organes ». Elle exhorte « les professionnels de la santé à ne pas former les médecins ou le personnel médical chinois à la chirurgie de transplantation, et demande instamment aux revues médicales de rejeter les publications sur ‘l’expérience chinoise’ en matière de médecine de transplantation ».

Par ailleurs, Mme Chu publie rapidement l’article 8 de l’UDCPFOH. Il stipule que « tous les gouvernements doivent demander immédiatement au Parti-État chinois de mettre fin à la répression, à l’emprisonnement et aux mauvais traitements des pratiquants de Falun Gong et de tout autre prisonnier de conscience ; de cesser le prélèvement forcé d’organes sur tous les prisonniers ; d’ouvrir tous les centres et camps de détention pour une enquête internationale libre et indépendante sur le crime de prélèvement forcé d’organes ».

En dernier lieu, Mme Chu recommande la promulgation d’une « loi universelle contre le prélèvement forcé d’organes ».

Theresa Chu, avocate taïwanaise spécialisée dans les droits de l’homme, lors d’une table ronde au Yuan législatif de Taipei, à Taïwan, le 8 décembre 2017. (Chen Po-chou/The Epoch Times)

Intervient également le juge Song Kim, du tribunal administratif de Séoul en Corée du Sud, qui propose l’utilisation des sanctions globales Magnitski pour empêcher le prélèvement forcé d’organes en Chine. Étant donné que la Chine est un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et que les 193 membres de l’ONU s’accorderont difficilement sur une résolution contre le prélèvement forcé d’organes, M. Song soutient que des « sanctions autonomes par les pays eux-mêmes » ou une « alliance Magnitski » est un objectif plus viable à court terme.

Des sanctions américaines, par exemple, pourraient interdire l’entrée aux États-Unis à toute personne complice de transplantations d’organes forcées. Ceci aurait plus d’impact que ce qu’on imagine, souligne Mme Chu, en citant des statistiques selon lesquelles, en 2017, 85 % des hauts fonctionnaires chinois préparaient une fuite vers l’étranger. Par ailleurs, selon d’autres statistiques, entre 1995 et 2008, plus de 18 000 fonctionnaires chinois ont fui la Chine et ont fait sortir clandestinement 145 milliards de dollars. « Ainsi, le gel de leurs avoirs à l’étranger et l’interdiction d’entrer dans les pays étrangers peuvent constituer une menace importante pour eux. (…) Cela signifie que l’implication dans les violations des droits de l’homme, comme le prélèvement forcé d’organes, pourrait constituer un risque important pour leur avenir. »

Le Dr André Gattolin, sénateur français et coprésident de l’Alliance interparlementaire sur la Chine (IPAC), annonce lors du sommet que l’IPAC a connu de nombreux succès dans la sensibilisation à la menace chinoise, mais qu’elle « peine encore sur certaines questions disposant d’une moins grande visibilité au sein de l’opinion publique internationale (…) notamment la question des interférences chaque jour plus nombreuses de la Chine dans le monde académique et scientifique occidental ou encore [celle du] scandale des prélèvements d’organes forcés [ou celle] de la répression forcenée depuis maintenant 22 ans des adeptes de Falun Gong sur le territoire chinois ».

Enfin, le sénateur américain John A. Hoffman déclare œuvrer avec d’autres parlementaires « pour soutenir une résolution appelant notre nation à s’opposer à ces graves violations des droits de l’homme fondamentaux. Ces efforts n’ont pas encore abouti du fait du lien [que nous entretenons] avec ceux qui perpétuent ce crime. Ce lien, c’est l’engagement économique [qui implique] de nombreuses nations, que (…) certains souhaitent ménager avec douceur, tandis que des actions horribles se poursuivent dans un silence intentionnel et international, de sorte que [seuls] quelques-uns reconnaissent ce qui se passe ».

Selon M. Gattolin, en France, « lorsque l’on soulève la question des prélèvements d’organes forcés perpétrés en Chine, on court très rapidement le risque d’être immédiatement catalogué d’anticommuniste ou d’anti-chinois ». Selon lui, soulever cette question « presque taboue, (…) c’est s’exposer à des démentis à la fois sanglants et outragés et parfois même à des menaces de rétorsion commerciale ou politique de la part de Pékin ». Il estime que tout ceci aboutit à une « effroyable diplomatie du silence ».

Pour vaincre ce silence, plusieurs mesures sont nécessaires. Premièrement, il faut sensibiliser le public à la réalité des prélèvements d’organes forcés en Chine et à la façon dont ils sont orientés contre les pratiquants de Falun Gong. Deuxièmement, les démocraties doivent adopter une législation stricte face à une coopération devenue la norme dans les abus perpétrés autour de la transplantation d’organes. Pour commencer, il faut renforcer les lois contre le tourisme de transplantation. Troisièmement, des sanctions Magnitski doivent s’appliquer aux dirigeants impliqués et aux chirurgiens transplanteurs participant aux prélèvements forcés. Ces sanctions ne doivent pas épargner ceux qui sont au sommet de la hiérarchie du PCC ni les membres du Politburo. Quatrièmement, des sanctions économiques internationales doivent être prononcées à l’encontre de l’économie chinoise dans son ensemble pour faire pression et mettre un terme définitif à ce qu’il est temps de qualifier officiellement de génocide médical à but lucratif. Cinquièmement, les gouvernements du monde entier doivent faire un effort concerté pour reconnaitre publiquement les faits et aider les victimes de cette inacceptable persécution.

Partie 1 : Le prélèvement forcé d’organes en Chine : un génocide médical à but lucratif

Partie 2 : Pékin réduit au silence les médias mondiaux sur le prélèvement forcé d’organes en Chine

Partie 4 : Stopper la coopération scientifique et médicale avec la Chine des prélèvements ADN contraires à l’éthique

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.


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