Sarthe : le témoignage poignant de la mère d’Estéban, décédé malgré plusieurs appels au Samu

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Photo: Crédit photo JC MILHET/Hans Lucas/AFP via Getty Images
La mère d’Estéban Vermeersch veut porter plainte contre le Centre hospitalier du Mans. Son fils, jeune artisan boulanger de 24 ans, est décédé le 30 janvier dernier. Malgré plusieurs appels au Samu, les médecins lui ont diagnostiqué un problème musculaire, alors qu’il avait de grosses difficultés pour respirer et ressentait de fortes douleurs thoraciques.
Le 28 janvier, dans la soirée, Estéban a composé le 15 pour demander de l’aide, mais il n’a pas été pris en charge. Le médecin régulateur a tenté de le rassurer en affirmant qu’il n’était « absolument pas inquiet », ne tenant pas compte de l’angoisse grandissante de sa famille.
Le service d’urgence diagnostique un problème musculaire
« Il expliquait qu’il avait du mal à respirer, que ses poumons ne se remplissaient pas correctement, qu’il avait vraiment des douleurs à chaque respiration et qu’il n’arrivait pas à bouger non plus », a expliqué ce lundi à LCI Dorothée, la maman du jeune homme. Pour autant, une simple prise d’antalgiques lui est recommandée, le service d’urgence ayant diagnostiqué un problème musculaire. Et aucun secours n’est dépêché.
Dans la nuit qui a suivi cet appel, l’état de santé d’Estéban ne s’améliore pas et il se met même à vomir. La mère, bouleversée de voir son fils dans un tel état pour la première fois, choisit de recontacter le 15 en début d’après-midi, le 29 janvier. Elle remarque alors qu’Estéban a les lèvres violacées et le teint livide. Mais elle obtient la même réponse que la veille. On lui propose néanmoins d’emmener son fils aux urgences afin d’être « rassurée ».
« J’ai fini par dire à mon fils de partir, que ça ne servait plus à rien »
Trop faible pour être transporté, le jeune homme s’écroule dans les bras de sa mère, qui constate alors qu’il a fait un arrêt cardiaque. Elle tente de lui prodiguer un massage cardiaque, avant d’être relayée par les pompiers, prévenus lors d’un nouvel appel aux secours. Estéban est finalement conduit au centre hospitalier du Mans où il subira une opération.
À son arrivée à l’hôpital, la mère garde encore l’espoir, jusqu’au moment où on lui annonce que, même s’il se réveillait, les dommages causés à son cerveau par le manque d’oxygène seraient irréversibles. « J’ai fini par dire à mon fils de partir, que ça ne servait plus à rien », a-t-elle confié à nos confrères. Le jeune homme est finalement déclaré mort le matin du 30 janvier, succombant à un arrêt cardiaque provoqué par un pneumothorax.
« De la culpabilité, il y en aura toujours je pense »
Auprès de BFMTV ce lundi, Dorothée a également expliqué tout le poids de la culpabilité ressentie par elle-même et ses deux filles, âgées de 20 ans. « On s’en veut de ne pas avoir agi plus vite », s’est-elle désolée. Et d’ajouter : « Pour que le Samu ne se déplace pas, c’est que je n’avais pas dit suffisamment de choses, que je n’avais pas été assez claire. »
Rongée par le doute et se demandant si elle avait fait correctement le massage cardiaque, elle a alors réclamé le compte rendu médical. Remettant aussi en cause le Samu, elle a poursuivi : « Dès le premier appel, je n’aurais pas dû écouter le Samu, j’aurais dû m’écouter moi et me débrouiller pour l’emmener aux urgences. »
Selon elle, « ce genre de choses ne devrait pas arriver ». « Je sais bien qu’ils manquent de personnels, que les budgets ne sont plus les mêmes, mais on parle de vie là quand même », a martelé celle qui veut « tirer la sonnette d’alarme ».
Elle prévoit de déposer plainte pour « homicide involontaire »
Estimant que si son fils avait été pris en charge dès le 28 janvier, il serait probablement toujours en vie, la mère éplorée n’a pas caché sa colère envers le Samu, pour qui « tout est normal ». « On a l’impression de pas avoir été écoutés, de ne pas être entendus », a-t-elle déploré. Et de poursuivre : « On est dans l’incompréhension. On se dit que ça ne pouvait pas être plus clair, il avait des douleurs thoraciques, des douleurs dans l’épaule, du mal à respirer ! »
Me Vincent Sehier, l’avocat de la famille Vermeersch, a indiqué que cette dernière prévoyait de déposer plainte pour « homicide involontaire » contre le Centre hospitalier du Mans dans les prochains jours, confirme BFMTV.
Dorothée se plaint par ailleurs du silence récurrent des établissements de santé dès qu’un accident médical se produit. Elle a également affirmé qu’elle ira « jusqu’au bout » pour obtenir enfin des réponses. « Je pense que l’on ne pourra pas avancer tant que ce ne sera pas reconnu », a-t-elle conclu.
Guillaume Laurent, directeur du centre hospitalier du Mans, indique à LCI : « L’hôpital sera bien entendu à disposition des autorités judiciaires, le cas échéant, si une enquête pénale venait à être ouverte sur les circonstances du décès. » Contacté par nos confrères, il n’a toutefois pas souhaité faire de commentaire supplémentaire.

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