Selon une étude, plus de 70% des agriculteurs estiment que la réduction forcée des engrais entraînera des pénuries alimentaires

Par Peter Wilson
24 août 2022 17:07 Mis à jour: 24 août 2022 17:07

Selon un récent sondage, 72% des agriculteurs affirment que le plan du gouvernement visant à réduire de 30% les émissions liées aux engrais entrainera une diminution dangereuse de leur rendement et de leur production alimentaire.

Les agriculteurs ont été interrogés dans le cadre d’une étude menée par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) publiée en juin 2022.

Taylor Brown, analyste des politiques de la FCEI qui a contribué à l’étude, a sondé l’opinion des agriculteurs canadiens sur le plan de réduction des émissions (qui prévoit une réduction à grande échelle des engrais) mis en place par le gouvernement Trudeau en 2020.

En collaboration avec Jasmin Guénette, vice‑président des affaires nationales de la FCEI, Mme Brown a interrogé 361 agriculteurs (tous membres de la FCEI). Les trois quarts ont déclaré qu’une réduction obligatoire des émissions d’azote réduira le rendement des cultures et la production alimentaire globale.

« Nos membres sont inquiets », a déclaré Mme Brown à Epoch Times.

« Ils savent que toute sorte de réduction des engrais diminuera la rentabilité, diminuera leur rendement. D’autant qu’ils sont actuellement confrontés à des coûts supplémentaires toujours à la hausse et à des pénuries de main‑d’œuvre. »

Les tarifs douaniers russes, a précisé Mme Brown, résultent déjà sur des engrais « incroyablement coûteux en ce moment ». Toute politique visant à imposer une réduction augmentera davantage les frais.

« Certains agriculteurs se demandent comment ils vont continuer à nourrir les Canadiens, ainsi que le reste du monde. »

Au nom de la FCEI, une ONG de défense des intérêts des entreprises,  Mme Brown et M. Guénette ont présenté un rapport au gouvernement. Ils ont exhorté le gouvernement à reconsidérer et modifier son futur plan de réduction des émissions en tenant compte des moyens de subsistance des agriculteurs.

« Les agriculteurs doivent faire partie de la solution et non du problème dans le plan environnemental du Canada », indique le rapport.

Indices inquiétants

Dans son plan climatique intitulé Un environnement sain et une économie saine, le gouvernement fédéral a annoncé vouloir réduire les émissions nationales dues aux engrais de 30% « par rapport aux niveaux de 2020 ».

Le gouvernement a également signalé que les « émissions directes » liées à l’utilisation d’engrais synthétiques avaient augmenté de 60% au cours des 15 dernières années et qu’elles « continueront probablement à augmenter ».

« Améliorer la façon dont les engrais sont utilisés grâce à de meilleurs produits et pratiques permettra aux agriculteurs d’économiser de l’argent et du temps, et contribuera à protéger les terres et l’eau du Canada », peut‑on lire dans le programme climatique.

Le ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada (AAC) a déclaré à Epoch Times dans un courriel que les émissions d’engrais de 2020 étaient équivalentes à « 11,82 mégatonnes de dioxyde de carbone ».

«  L’objectif [de réduction] des engrais a été établi sur la base de recherches scientifiques disponibles et d’analyses menées en interne qui ont mis en évidence la possibilité d’optimiser l’utilisation des engrais azotés avec une réduction concomitante des émissions de gaz à effet de serre, tout en maintenant ou en augmentant le rendement », a écrit l’AAC.

L’objectif de réduction des émissions de 30% est actuellement facultatif, mais le plan climatique proposé, s’il est adopté, obligera les Canadiens d’un océan à l’autre à transformer leurs habitudes.

« [C’est] un autre indice inquiétant pour nous », a déclaré Mme Brown. « Toutes sortes d’initiatives vastes et radicales sont préoccupantes. »

Mme Brown a souligné que les « émissions d’oxyde nitreux varient énormément » d’une province à l’autre. Selon elle, un mandat fédéral visant à réduire les émissions de manière égale dans tout le pays ne permettra pas de résoudre correctement le problème.

« À l’ouest, comme nous le savons c’est une grande région de productivité agricole, nous constatons que, par acre, les émissions d’oxyde nitreux ne sont pas si importantes. Cependant, à l’est, c’est totalement différent. Nous voulons donc une meilleure initiative, moins large, pour l’avenir. »

Plus de la moitié des entreprises et des agriculteurs interrogés ont déclaré que les réductions obligatoires des émissions nuiront à la rentabilité de leurs activités agricoles. Plus de 40% ont déclaré qu’ils ont déjà réduit leurs taux d’émissions et que des réductions supplémentaires seront « difficiles » parce qu’ils ont déjà limité leur utilisation d’engrais azotés.

« Près de la moitié de nos membres disent qu’ils ont déjà optimisé l’utilisation des engrais azotés. Et ils l’ont fait grâce au travail de conservation du sol, à l’analyse du sol, à la rotation des cultures fixatrices d’azote et par une gestion des nutriments 4‑R. »

Selon Mme Brown, les agriculteurs ont trouvé de nouveaux moyens de réduire leurs émissions d’azote au cours des 15 dernières années. Donc le mandat imminent du gouvernement en inquiète un certain nombre. En particulier lorsqu’ils voient les protestations généralisées des agriculteurs européens du fait de politiques similaires.

« Nous voyons les objectifs d’émissions violents en Europe et les agriculteurs néerlandais qui protestent en prenant conscience que leurs rendements seront absolument nuls. En constatant ce qui se passe en Europe, les agriculteurs [canadiens] sont inquiets. Ils ont peur que cela traduise ce qui va se passer avec cette initiative. »

Augmentation des coûts à la hausse

Sans une production agricole saine, les effets seront visibles en rayon et les Canadiens devront accuser le coup, a prévenu Mme Brown.

« Les consommateurs verront immanquablement les effets dans au moment de tenir leur comptabilité. Parce qu’avec moins de produits disponibles mais une demande qui reste équivalente, les coûts continueront tout simplement à augmenter. »

Selon Mme Brown, la hausse des taux d’inflation, les pénuries de main‑d’œuvre et les problèmes de chaîne d’approvisionnement ont déjà infligé suffisamment de dommages à l’économie canadienne. Les nouvelles initiatives environnementales ne feront qu’aggraver la conjoncture pour les consommateurs canadiens.

« J’ai moi‑même dépensé plus de 5 dollars pour une patate douce l’autre jour. Et pour être honnête, c’est alarmant. Il faut penser aux gens qui n’ont pas les moyens [d’acheter des produits chez l’épicier], et qui s’alimentent dans des fast-food au lieu de prendre un repas sain à la maison, avec de produits provenant des agriculteurs locaux. »

Les agriculteurs et les consommateurs étant en danger, Mme Brown a déclaré que la FCEI reste focalisée pour sensibiliser le gouvernement au fait que les réductions des émissions doivent être faites de manière délibérée.

« Nos homologues fédéraux nous ont rassurés. Ils travaillent, nous ont-ils dit, à ce que cette mesure reste délibérée et ils se concentrent sur les émissions et non sur la réduction réelle des engrais azotés. »

« Toutefois, si les agriculteurs sont contraints de réduire leur utilisation d’engrais azotés, il y aura une réduction du rendement, ce qui entraînera une hausse des coûts pour les consommateurs et surtout une hausse des coûts de production pour les agriculteurs. Il y a de quoi s’inquiéter. »

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