Soulagez vos genoux grâce à un simple changement de votre démarche

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Pour des millions de personnes atteintes d’arthrose du genou, les choix habituels ne sont pas très encourageants : vivre avec la douleur ou envisager une opération. Pourtant, les chercheurs affirment qu’il existe une autre voie – il suffit de modifier sa démarche.
Ajuster la manière dont vos pieds touchent le sol pourrait atténuer la douleur et contribuer à ralentir les lésions articulaires chez les personnes atteintes d’arthrose précoce, selon une étude récente.
Cette étude, publiée dans The Lancet Rheumatology, a montré qu’un léger ajustement de l’angle du pied – environ la largeur d’un pouce vers l’intérieur ou vers l’extérieur – entraînait presque deux fois plus de soulagement que le placebo. Pour certains, l’effet était comparable à celui de puissants antidouleurs sur ordonnance.
Scott Uhlrich, professeur de génie mécanique à l’Université de l’Utah et co-auteur principal, a déclaré que l’amélioration était similaire à celle obtenue avec l’ibuprofène et, dans certains cas, proche de l’effet d’un opioïde comme l’OxyContin par rapport au groupe placebo.
Les effets positifs allaient toutefois au-delà de la simple diminution de la douleur. Des IRM ont montré une dégradation moindre du cartilage chez ceux qui avaient appris à marcher avec leur angle de pied optimal, suggérant que la méthode pourrait apporter davantage qu’un simple soulagement.
« Aider les patients à trouver le meilleur angle de pied pour réduire la pression sur leurs genoux pourrait offrir une solution simple et relativement peu coûteuse face à l’arthrose à un stade précoce », explique Valentina Mazzoli, professeure au département de radiologie de la NYU Grossman School of Medicine et co-auteure principale, dans un entretien accordé à Epoch Times. « Cela pourrait aider à retarder l’intervention chirurgicale. »
Une prescription personnalisée
Cette recherche comble un vide important dans les options de traitement pour les 25 % d’adultes de plus de 40 ans touchés par l’arthrose. À mesure que le cartilage protecteur s’use, les patients se retrouvent généralement avec des choix limités. La plupart du temps, ils se tournent vers des médicaments qui masquent les symptômes jusqu’à ce qu’une prothèse devienne nécessaire.
« Cette intervention pourrait contribuer à combler ce grand vide thérapeutique », estime M. Uhlrich, notamment pour les patients diagnostiqués entre 30 et 50 ans, qui doivent souvent faire face à des décennies de gestion de la douleur.
Au cours de l’essai d’un an, les chercheurs ont suivi 68 adultes âgés en moyenne de 64 ans, atteints d’une arthrose médiale légère à modérée du genou – la forme la plus fréquente, caractérisée par des lésions sur la partie interne du genou. Aucun des participants n’était encore candidat à une intervention chirurgicale.
La démarche de chaque participant a été analysée grâce à la capture de mouvement et à des simulations informatiques afin de déterminer si un ajustement de 5 ou 10 degrés du pied vers l’intérieur ou l’extérieur pouvait réduire la contrainte articulaire.

Les chercheurs ont utilisé la capture de mouvement et la simulation informatique pour déterminer l’angle optimal du pied des participants lors de la marche afin de réduire la douleur au genou. Les participants ont ajusté leur angle de marche de 5 à 10 degrés, soit en rentrant le pied, soit en le sortant. (Epoch Times/Shutterstock)
La moitié des participants ont reçu une « formation factice » afin de maintenir leur démarche naturelle. L’autre moitié a bénéficié de six séances d’apprentissage pour adopter l’angle optimal, avec un retour en temps réel incluant un capteur portable qui vibrait si le pied déviait de plus de 2 degrés.
Environ neuf personnes sur dix ayant reçu ce réentraînement personnalisé ont rapporté une réduction moyenne de 2,5 points de la douleur sur une échelle de 10, contre environ deux tiers dans le groupe placebo.
En plus d’un meilleur soulagement, ceux du groupe personnalisé exerçaient moins de pression sur la partie interne du genou, là où les dommages surviennent le plus souvent. Cela a conduit à une réduction de 7,5 % du stress articulaire, et les IRM ont montré un meilleur maintien du cartilage dans le temps.
À l’inverse, le groupe témoin présentait davantage de signes de dégradation du cartilage. Ces différences découlaient de petits ajustements ciblés dans la façon de marcher.
La science derrière chaque pas
La manière de marcher influence la répartition du poids corporel sur l’articulation du genou. Chaque pas transmet une force, et même de petites variations de l’orientation des orteils peuvent déplacer la pression vers d’autres zones du cartilage. À long terme, cette pression peut protéger ou fragiliser l’articulation.
« Les études précédentes utilisaient le même angle de pied pour tout le monde », précise Mme Mazzoli. « Cependant, certains n’allaient pas mieux – et d’autres ont vu leur état s’aggraver. Nous avons montré que la personnalisation est essentielle. »
Contrairement aux médicaments qui ne masquent que les symptômes, le réentraînement de la démarche vise à réduire le stress mécanique qui contribue à l’usure du cartilage. Cela signifie qu’il pourrait ralentir la progression de l’arthrose, et pas seulement soulager l’inconfort.
« Nous n’observons pas seulement un soulagement de la douleur », souligne Mme Mazzoli. « Il existe de véritables preuves de changements positifs au niveau du cartilage – ce qui pourrait signifier de meilleurs résultats à long terme. »
Cette approche s’appuie sur ce que de nombreux kinésithérapeutes ont déjà observé : modifier la répartition des forces dans l’articulation du genou peut avoir un impact considérable sur la douleur et la santé articulaire à long terme.
« La logique biomécanique de cette intervention est solide », commente Anat Lubetzky, professeure associée en kinésithérapie à l’Université de New York, dans un courriel à Epoch Times. « Nous savons depuis longtemps que des interventions biomécaniques réduisant les charges sur certaines zones du genou, si elles sont appliquées tôt, peuvent retarder la progression de l’arthrose et réduire les symptômes. »
Du laboratoire à la vie réelle
Un facteur clé du succès de l’étude réside dans la personnalisation.
« Il est très facile d’identifier le meilleur angle – et on peut apprendre très facilement », affirme Mme Mazzoli. « Mais il doit être le bon angle pour chacun. »
Actuellement, établir cette prescription personnalisée nécessite des systèmes de capture de mouvement et des tapis roulants sensibles à la pression – du matériel généralement réservé aux laboratoires de recherche.
Cependant, l’équipe de chercheurs imagine un avenir où les kinésithérapeutes pourraient proposer ce type de réentraînement grâce à des applications vidéo et des chaussures intelligentes.
« Ce n’est pas pour tout de suite, et probablement pas dans toutes les cliniques », nuance Mme Lubetzky. « Mais la technologie des capteurs a déjà beaucoup progressé et continue d’évoluer. Je vois bien comment cette étude pourrait encourager le développement d’outils plus simples – peut-être des unités de mesure inertielle ou même des analyses vidéo à la place des systèmes de capture de mouvement. Il existe déjà des applications et des dispositifs de biofeedback qui fonctionnent correctement. »
Mme Mazzoli souligne toutefois l’importance d’un suivi professionnel. Choisir le mauvais angle pourrait aggraver les symptômes en augmentant le stress articulaire.
La suite ?
Les chercheurs prévoient d’élargir leurs essais futurs aux personnes obèses, un groupe particulièrement touché par l’arthrose du genou mais exclu de cette étude, car nécessitant des protocoles différents.
« L’obésité joue un rôle majeur dans l’arthrose, et cette population a réellement besoin d’options efficaces et non invasives », insiste Mme Mazzoli.
Pour ceux qui ressentent déjà des douleurs ou des raideurs au genou, le message est simple :
« Avec une bonne évaluation, de petits changements personnalisés peuvent faire une réelle différence », explique-t-elle. « Cela vaut vraiment la peine d’essayer. »
Un participant a résumé l’attrait de cette approche sans médicament : « Je n’ai pas besoin de prendre un traitement ni de porter un appareil. C’est simplement devenu une partie de mon corps qui m’accompagnera le reste de mes jours, et j’en suis ravi. »
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