Taxco, la cité de l’Étoile de Noël

20 décembre 2015 18:08 Mis à jour: 12 septembre 2018 17:32

À l’approche des fêtes, il n’est pas un pays qui ne met pas en avant le poinsettia recherché pour sa teinte flamboyante qui donne de l’éclat aux décors de Noël. M. Poinsette, premier ambassadeur américain au Mexique et botaniste averti, découvrit cette euphorbe à Taxco en 1825 et l’introduisit aux États-Unis. Depuis, elle a fait le tour du monde grâce à Albert Ecke, un Californien qui eut l’idée d’exploiter cette plante sauvage qui se colore de rouge comme par magie durant la période des fêtes de fin d’année. Aujourd’hui, son entreprise produit plus de 100 millions de boutures par an et tout le monde a oublié que cette remarquable potée est une mexicaine qui pousse à l’état sauvage à Taxco.

Accrochée aux pentes boisées et abruptes du Cerro del Atachi, la petite ville surgit au détour d’un virage comme un mirage : une multitude de petites maisons blanches chapeautées de toits de tuiles se pressent les unes contre les autres en dessinant un dédale de venelles qui rayonnent autour de la majestueuse église Santa Prisca, véritable bijou baroque. La bourgade invite à se perdre parmi le labyrinthe d’escaliers et de ruelles pavées de gros galets, étroites et sinueuses qui dégringolent vers des placettes ombragées de lauriers d’Inde. Éclaboussées de soleil, les maisons basses aux façades badigeonnées de chaux alignent les boutiques et échoppes de bijoux et d’objets en argent.

Les roses de Noël illuminent les jardins de la ville mais décorent aussi les façades blanches des maisons. (Charles Mahaux)
Les roses de Noël illuminent les jardins de la ville mais décorent aussi les façades blanches des maisons. (Charles Mahaux)

Capitale de l’argent

C’est que cet endroit peuplé autrefois par les Tlahuicas, qui payaient aux Aztèques un tribut d’or et d’argent, a tout de suite attiré la convoitise de Cortés qui y fit creuser des mines. Toutefois, il fallut attendre le XVIIIe siècle pour que Taxco devienne un centre minier d’importance lorsque José de la Borda y découvrit la fabuleuse mine de San Ignacio qui, dit-on, lui permit d’engranger quelque 40 millions de pesos. Comme Don José n’avait connu que des déboires dans sa carrière, il attribua cette soudaine manne à la Providence et adopta cette devise : « Dieu donne à Borda et Borda donne à Dieu ». Il lui dédia une église qu’il fit construire avec ses propres deniers. Il ne fallut que sept ans pour que s’élève l’édifice, l’église Santa Prisca, sans aucun doute une des merveilles de l’art churrigueresque mexicain. Les 12 grands retables finement sculptés et décorés à la feuille d’or qui garnissent tous les pans de mur de la nef donnent au visiteur un sentiment de vertige. Un foisonnement de statues, d’armoiries, de feuillages, d’angelots et de coquillages sculptés donne la touche finale à ce joyau baroque. La pierre rose de la façade tout aussi exubérante et sa coupole en azulejos bleus et jaunes attirent les regards lorsque le soleil illumine l’église.

Sa construction ruina Borda qui quitta Taxco pour Zacatecas où il connut d’autres succès et les filons de Taxco s’épuisèrent rapidement. La petite ville plongea dans une vie tranquille dont l’économie déclinait peu à peu jusqu’à ce que s’y installe au début du XXe siècle un architecte américain, William Spratling, qui eut la riche idée de créer un atelier d’orfèvrerie qui devint rapidement une fabrique de bijoux et d’objets en argent dont les apprentis ouvrirent à leur tour des ateliers. Aujourd’hui, avec quelque 250 ateliers au savoir-faire mondialement reconnu et près de 500 platerías qui proposent un extraordinaire éventail d’articles, Taxco a récupéré son titre de « capitale de l’argent » même si la matière première vient d’ailleurs, entre autres, de Zacatecas et de Pachuca.

Les coccinelles blanches sont idéales pour attaquer les ruelles étroites et les pentes de la ville. (Charles Mahaux)
Les coccinelles blanches sont idéales pour attaquer les ruelles étroites et les pentes de la ville. (Charles Mahaux)

Royaume des coccinelles blanches

Cette activité artisanale génère dans la ville une animation bourdonnante, particulièrement durant le week-end quand les habitants de Mexico viennent s’y mettre au vert. Abruptes et étroites, les ruelles découragent les conducteurs qui optent pour les taxis, à savoir d’anciennes VW ou coccinelles blanches qui semblent les plus adaptées pour gravir les pavés ronds. Vingt pesos, soit un euro et un cent, suffisent quel que soit le trajet dans la petite ville si vous ne vous sentez plus le courage d’exercer vos mollets. Le dédale de venelles se déploie en étoile autour du zócalo. Tout ce qui se visite, les musées, le marché et les artisans se trouvent non loin de là et vos pas vous ramènent toujours au pied de sa somptueuse église. C’est le moment de prendre un verre sur une des terrasses qui bordent la Plaza Borda afin d’observer la multitude de personnes qui s’y retrouvent en fin de journée, heureuses de prendre le temps d’accueillir la nuit qui tombe toujours en douceur à cette altitude.

Si vous rêvez d’une vue imprenable sur la ville, deux options s’ouvrent à vous. La plus chère consiste à louer une suite à La Posada de la Misión, un des hôtels de luxe de la ville aménagé dans une ancienne abbaye franciscaine. Loin de l’agitation urbaine, on y plonge dans les souvenirs de jadis entre le petit musée dédié aux mineurs, installé près du bar sous lequel on vient de retrouver l’accès à une ancienne mine d’argent, et la splendide mosaïque du célèbre muraliste Juan O’Gorman qui narre la vie de Cuauhtémoc pour le bonheur de ceux qui profitent des jardins luxuriants de la demeure. La plus centrale et la plus intimiste, l’Hôtel Boutique Pueblo Lindo qui étage ses 25 chambres et suites sur plusieurs niveaux au cœur même de Taxco ouvrant sur la ville et sa célèbre église une superbe vue panoramique. Une piscine et son jacuzzi, des espaces de repos ainsi qu’une décoration moderniste haute en couleur ajoutent au surréalisme de la rencontre avec un vieux centre patrimonial.

Taxco, ville du printemps éternel, imprégnée d'un riche héritage colonial. (Charles Mahaux)
Taxco, ville du printemps éternel, imprégnée d’un riche héritage colonial. (Charles Mahaux)

Si vous rêvez d’une excursion, prenez la route vers Cacahuamilpa, entre des collines brûlées de soleil et des plaines où quelques vaches paissent dans les chaumes. À 30 km à peine de Taxco, on y découvre d’immenses grottes découvertes en 1835. Sur un parcours de 4 km, on plonge dans les entrailles de la terre dans des salles d’une hauteur impressionnante avec une profusion de stalactites et de stalagmites qui sont ici les colonnes tourmentées de véritables cathédrales creusées par deux rivières souterraines en des temps immémoriaux. Ces salles dont l’acoustique est remarquable étaient sans doute un lieu de rituel sacré pour les indigènes, mais aussi un site de prédilection pour l’empereur Maximilien et son épouse Charlotte et, plus tard, du président Porfirio Diaz qui aimait y recevoir ambassadeurs et artistes.

Infos : Tout renseignement complémentaire sur les sites www.visit.mexico.com ou la page Facebook de Destination Mexique. Taxco appartient à la liste des Villages Magiques.
http://eng.mexico.org/

Y aller : Depuis Mexico et son Terminal de bus Sud (Tasqueña), il y a des bus toutes les heures (3 h de voyage) pour Taxco qui se trouve à mi-chemin entre Mexico et Acapulco.

Se loger : Pour son ambiance surréaliste www.pueblolindo.com.mx

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