Tennis: deux ans après l’arrivée de Moretton à la Fédération, le navire tangue

Par Epoch Times avec AFP
31 mars 2023 09:39 Mis à jour: 1 avril 2023 20:22

Après le football et le rugby, le tennis pique sa crise: deux ans après l’élection de Gilles Moretton à la tête de la FFT, des voix anonymes s’élèvent pour dénoncer un malaise social au sein d’une maison également visée par une plainte pénale depuis deux semaines.

Que se passe-t-il au sein de la FFT dont l’actuelle ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra a été la directrice générale avant son entrée au gouverment?

« Là, ça commence à se voir que cette maison ne tourne pas comme il faut », résume sous couvert d’anonymat un ancien salarié, qui a quitté il y a plus d’un an la deuxième plus grosse fédération française en terme de licenciés.

L’arrivée de Gilles Moretton, ancien joueur de Coupe Davis, à la tête de la FFT en février 2021 après une campagne rude face à Bernard Giudicelli, devait marquer une rupture de style dans le management.

« Il y avait la promesse d’une gouvernance moins heurtée que la précédente direction qui avait fait le ménage à son arrivée. Le fait est, qu’ils n’ont pas dérogé à la règle de purger en arrivant », résume cet ancien salarié.

110 départs en deux ans

En près de deux ans, plus de 110 départs ont été enregistrés dans cette fédération qui compte près de 400 salariés, dont l’actuelle ministre des Sports a été la directrice générale pendant plus d’un an, de mars 2021 à mai 2022.

Un décret pris pendant l’été 2022, quelques semaines après sa nomination, a d’ailleurs déporté la tutelle de la FFT sur Matignon.

Parmi ces départs, au moins cinq concernent des postes de direction, dont ceux de la communication et des ressources humaines, et plusieurs entraîneurs comme Thierry Champion et Thierry Tulasne.

Cette vague ne s’est pas forcément faite sans douleur selon certains ex-salariés qui ont témoigné récemment, sous le sceau de l’anonymat, dans plusieurs articles de presse.

« Management de la terreur », « ambiance de purge », « tsunami social »… Les mots ont frappé. Une alerte pour des faits présumés de harcèlement moral a d’ailleurs été émise auprès du Comité social et économique (CSE) de la fédération il y a plusieurs mois.

« Le harcèlement, la terreur, le CSE s’est exprimé là-dessus en disant qu’il n’y en n’a pas. Le climat social à la fédération est excellent », assure pourtant Gilles Moretton à l’AFP, se défendant de toute brutalité dans le management tout en admettant de l’exigence.

Jusqu’ici, aucune mission d’inspection n’a été lancée par Matignon qui a indiqué au quotidien Le Monde ne pas s’interdire d’en lancer prochainement une sous l’égide de Bercy « si besoin ».

« Clairement, ils ont peur que cela éclabousse la ministre », analyse une source politique.

Une autre affaire

Une autre affaire secoue la maison. Quelques jours après les premiers articles évoquant le malaise social, plusieurs élus de la FFT ont déposé plainte le 16 mars auprès du parquet national financier (PNF), avec en toile de fond la billetterie de Roland-Garros.

Si cette plainte pour « corruption » et « détournement de biens », que l’AFP a pu consulter, a été déposée contre X, elle met en cause nommément Gilles Moretton, son ancien directeur de cabinet Hugues Cavallin et le trésorier général de la FFT Jean-Luc Barrière.

Les plaignants soupçonnent une vente illicite de billets pour le célèbre tournoi parisien au sein de la ligue Auvergne-Rhône-Alpes (ARA), une ligue alors présidée par Gilles Moretton.

Selon eux, la ligue ARA aurait revendu 80 billets pour l’édition 2020 de Roland-Garros dans le cadre de partenariats commerciaux, une pratique interdite fin 2019 par les règlements fédéraux.

« Les ligues avaient le droit de vendre des places reçues par la FFT, mais elles n’avaient pas le droit de les revendre dans des packaging », explique un ex-cadre de la FFT.

Gilles Moretton se défend

Gilles Moretton se défend auprès de l’AFP de toute irrégularité arguant que s’il avait bien vendu des billets dans des packages commerciaux pour l’édition 2020, ses « contrats dataient de 2018 », donc avant l’interdiction à laquelle il a d’ailleurs mis fin peu après son arrivée.

Les plaignants estiment également par la voix de leur avocat Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, que le revirement de dernière minute de l’ex-trésorier de la FFT, Hugues Cavallin, ancien soutien de Bernard Giudicelli ayant rallié le camp Moretton en toute fin de campagne pour devenir ensuite son directeur de cabinet (avant d’en démissionner en mai 2022) constitue un « pacte corruptif ».

L’ex-trésorier faisait l’objet, depuis novembre 2020, d’une saisine de la commission des litiges au sujet, là encore, d’une possible revente illicite d’une quarantaine de billets pour l’édition 2019 de Roland-Garros.

« En clair, son ralliement pourrait avoir été négocié en abandonnant les poursuites le visant », analyse un ancien cadre.

Cinq jours après l’élection de Gilles Moretton, un Comité exécutif auquel a participé la ministre des Sports a définitivement mis un terme – par un vote « à l’unanimité », selon les PV consultés par l’AFP, à la procédure interne visant Hugues Cavallin.

La ministre « fait du bon boulot depuis son arrivée en nettoyant les écuries d’Augias, elle a peut-être un peu de mal avec la sienne », résume un ex-cadre.

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