Opinion
Terrorisme maritime des Houthis : l’Occident pourrait faire plus

Des partisans des Houthis du Yémen participent à un rassemblement à l'occasion des commémorations annuelles de la Journée de Qods, initiée par l’ancien Guide suprême iranien ayatollah Khomeini, à Sanaa, le 28 mars 2025.
Photo: MOHAMMED HUWAIS/AFP via Getty Images.
Le 25 août, Israël a mené des frappes aériennes à Sanaa, capitale du Yémen contrôlée par les Houthis – le groupe terroriste soutenu par l’Iran – qui, deux jours auparavant, avait effectué la première attaque à la bombe à fragmentation contre Israël depuis 2023. En outre, les Houthis ont lancé plus de 100 missiles balistiques et des dizaines de drones de combat contre Israël depuis cette date.
Les Houthis contrôlent les deux tiers de la population yéménite et se coordonnent avec d’autres groupes terroristes, notamment le Hamas, le Hezbollah et le Corps des gardiens de la révolution islamique iranien. Ce groupe acolyte de l’Iran utilise fréquemment des missiles balistiques et des drones non seulement pour attaquer Israël, mais aussi pour couler en mer Rouge des navires commerciaux qui desservent le canal de Suez.
À ces fins, l’Iran livrerait aux Houthis des missiles de croisière antinavires, ainsi que des missiles antiaériens, des missiles de croisière et d’autres armes. Cela permet aux terroristes de tirer sur des navires commerciaux et prendre leurs équipages en otage. Le 18 août, un rapport a révélé que les Houthis avaient réapprovisionné en armements leurs combattants dans les provinces occidentales du Yémen, notamment en missiles et en systèmes radar, qui leur permettront de poursuivre leurs attaques contre les livraisons maritimes internationales.
Le drapeau des Houthis porte les mots « Mort à l’Amérique, mort à Israël » ce qui illustre parfaitement leurs objectifs. Selon le gouvernement yéménite internationalement reconnu (basé actuellement à Aden), « les Houthis ne manifestent aucun désir de paix, car ils vivent de la guerre ». Son ministère des Affaires étrangères a ajouté que « l’Iran joue un rôle très important pour les maintenir dans cette position ». Le conflit au Yémen, meurtrier pour les civils des deux camps, perdure parce que l’Iran décourage les Houthis de faire des compromis.
Les Houthis obtiennent une grande partie de leur équipement militaire de l’Iran et reçoivent la technologie militaire à double usage de la Chine. Pékin fournit des technologies satellitaires, des drones et du matériel de fabrication d’armes, apparemment en échange du libre passage des navires chinois en mer Rouge. Ce trafic a augmenté de 85 % depuis 2023, notamment grâce aux pétroliers fantômes qui approvisionnent les raffineurs chinois en pétrole russe et iranien soumis aux sanctions.
Actuellement, 60 % du commerce entre l’Europe et la Chine transite par la mer Rouge et serait donc vulnérable aux attaques des Houthis, car les navires transitent par le détroit de Bab el-Mandeb. Les navires occidentaux qui évitent la mer Rouge en contournant le cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud doivent ajouter environ 2 semaines de voyage, 1 million de dollars par navire en carburant et 30 % de frais généraux. Cela confère aux compagnies maritimes chinoises un avantage crucial sur leurs homologues européennes, américaines, japonaises et sud-coréennes.
L’État-parti chinois semble soutenir les attaques des Houthis contre les navires occidentaux, ce qui complique le commerce international et, par conséquent, sert à diminuer le rôle de l’Occident dans le commercial international et affecter la croissance de son PIB. En janvier 2024, le régime chinois s’est abstenu de voter sur une résolution des Nations unies condamnant les Houthis pour leurs attaques.
Le sous-secrétaire américain à la Défense chargé de la politique étrangère, Elbridge Colby, a déclaré en 2024 : « Pourquoi la Chine nous aiderait-elle à résoudre le problème des Houthis alors que cela nous distrait et nous épuise clairement ? » L’attention des forces armées de l’Amérique et de ses alliés est ainsi déviée, une fois de plus, des « intérêts fondamentaux » de Pékin à Taïwan et en mer de Chine méridionale. Par exemple, au printemps, afin de riposter aux attaques des Houthis, deux groupes aéronavals américains étaient envoyés dans la région.
L’ONU a été contre-productive dans sa réaction aux actions des Houthis – et ce, malgré le fait que près de la moitié du personnel de l’ONU détenu dans le monde est retenu en otage par les Houthis. Pourtant, un accord de l’ONU a accordé aux Houthis le contrôle d’Al-Hodeïda – le principal port occidental du Yémen – ce qui leur permet d’attaquer le transport maritime international. De plus, l’ONU verse 450.000 dollars par mois pour l’exploitation d’un pétrolier contrôlé par les Houthis – un pétrolier qui constitue un dépôt de carburant offshore pour les terroristes, une plateforme logistique et un point de transbordement pour le pétrole russe sous sanctions.
On fait face à une situation sans fin d’un otage environnemental, car faire couler ce pétrolier entraînerait une marée noire. Le pétrolier devrait être pris en possession par la marine des pays occidentaux, déplacé et puis vendu – les recettes pourraient servir à financer les opérations navales occidentales en cours dans la région.
Les Houthis, aux côtés de la Chine, de la Russie et de l’Iran, cherchent à démanteler l’État de droit international afin de pouvoir plus facilement exercer la pression sur leurs voisins et les voies maritimes internationales. Le Parti communiste chinois (PCC) rend délibérément difficile la navigation des pays occidentaux dans des régions comme la mer Rouge, en soutenant le terrorisme. Cela renforce les compagnies maritimes liées aux pays autoritaires et affaiblit celles liées aux démocraties.
Si les puissances occidentales poursuivent leur politique plutôt conciliante envers le régime chinois et ses alliés en pensant à leurs propres avantages commerciaux, la domination mondiale de la Chine ainsi que son contrôle du transport maritime international deviendront de plus en plus inévitables. L’imposition de droits de douane et de sanctions à large spectre contre l’État-parti chinois devrait être conditionnée à la cessation de son soutien aux Houthis, y compris à travers des pays tiers comme l’Iran. En attendant, les forces armées de l’Amérique et de ses alliés ont toutes les raisons de reprendre le contrôle des possessions des Houthis, y compris du navire de l’ONU et du principal port occidental du Yémen.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Anders Corr est titulaire d'un BA/MA en sciences politiques de l'université de Yale (2001) et d'un doctorat en administration de l'université de Harvard (2008). Il est directeur de Corr Analytics Inc. et éditeur du Journal of Political Risk, et a mené des recherches approfondies en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Il est l'auteur de "The Concentration of Power" (à paraître en 2021) et de "No Trespassing", et a édité "Great Powers, Grand Strategies".
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