Comment les terroristes communiquent par les médias sociaux

11 novembre 2018 23:52 Mis à jour: 12 novembre 2018 22:11

Les méthodes d’intelligence tradecraft font référence aux techniques, méthodes et technologies utilisées dans l’intelligence moderne telle que l’espionnage. L’établissement d’une forme de communication sécurisée fait partie des compétences les plus basiques connues comme le tradecraft 101.

Une tactique de communication couramment utilisée par les terroristes consistait à filmer, depuis la banquette arrière d’une voiture, quelqu’un en train d’écouter de la musique forte, peut-être en Syrie ou ailleurs. Selon la perspective saisie, on ne perçoit qu’un côté du conducteur et le siège avant avec un journal qui repose sur le siège à côté du conducteur, sans rien pour identifier l’emplacement.

Vous ne pouvez pas voir le visage du conducteur, donc seul le journal fournit la date et le lieu identifiant le message particulier. Après plusieurs minutes de conduite, le chauffeur prend le journal révélant une note manuscrite. Après avoir laissé suffisamment de temps pour lire la note, elle est à nouveau couverte par le journal et, peu après, la vidéo est affichée sur YouTube. C’est un téléchargement ennuyeux sur YouTube que personne sauf la personne à qui le billet est destiné ne lira jusqu’au bout.

Dans ces circonstances, les algorithmes actuels ne sont pas capables de lire les notes manuscrites, et un véritable humain devra examiner chaque message pour détecter de telles communications, ce qui n’est tout simplement pas pratique. La personne qui reçoit le message ne fait que surfer sur YouTube et, même si elle fait l’objet d’une enquête ultérieure du FBI, aucune trace de ce type de communication n’est détectable.

Il est tout à l’honneur de YouTube d’avoir pu éliminer la plupart de ces vidéos, mais dès qu’une certaine forme de communication est détectée, les terroristes changent de tactique et une autre méthode apparaît. Ils s’adaptent au quotidien.

Loup solitaire

En 2017, Björn Stritzel, journaliste pour BILD, un magazine d’information de langue allemande, a prétendu être un islamiste prêt à commettre une attaque. Pendant plusieurs mois, le journaliste a reçu des vidéos, des instructions détaillées et des discours de motivation sur la façon de mener une attaque de « loup solitaire » par ses deux interlocuteurs Daesh anglophones.

Pour couvrir ses communications avec les jihadistes de Daesh, on lui a conseillé de ne pas communiquer par télégramme – un service de messagerie instantanée cryptée – car Daesh l’utilise pour diffuser de la propagande ; mieux valait utiliser le service de messagerie similaire Wickr pour planifier l’attaque. Ils lui ont également demandé de régler, juste avant l’attaque, la minuterie d’autodestruction des messages à une minute près. De cette façon, ils pourraient rester en contact jusqu’au moment de l’attaque, puis tous les messages envoyés seraient effacés sur les deux appareils et la preuve de leur contact serait alors détruite.

De par leur nature, les médias sociaux se prêtent à l’utilisation dans le cadre des communications sécurisées (tradecraft) terroristes. Les médias sociaux sont partout, et deux personnes situées de part et d’autre de la planète peuvent régulièrement se parler et échanger des informations en toute confidentialité. Les terroristes du monde entier en profitent pleinement pour utiliser de solides techniques (tradecraft) dans leur communication.

Daesh, Al-Qaïda et le Hezbollah ont régulièrement utilisé YouTube et d’autres médias sociaux de telle manière que leurs communications sont extrêmement difficiles à détecter. Ils utilisent les réseaux sociaux pour repérer, évaluer, développer et recruter en toute sécurité des personnes susceptibles de commettre des attaques de par le monde entier.

La politique officielle du gouvernement américain reste que les attaques de « loups solitaires » ne sont que des actes d’individus instables n’ayant aucun lien avec des groupes terroristes ou qui que ce soit d’autre. Cela malgré une longue liste d’attentats presque identiques perpétrés dans le monde entier, et en dépit de preuves évidentes que ces attentats ont été menés par Daesh et d’autres groupes terroristes. Comment est-il possible que nos politiques officielles à cet égard demeurent toujours les mêmes aujourd’hui ?

Brad Johnson est un officier des opérations de la CIA à la retraite et un ancien chef de station. Il est le président d’Americans for Intelligence Reform.

Le point de vue exprimé dans cet article est celui de son auteur et ne reflète pas nécessairement celui d’Epoch Times.

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