Tir de mortier dans un lycée de Mantes-la-Jolie, un mineur interpellé, les cours suspendus

Par Emmanuelle Bourdy
5 octobre 2023 18:41 Mis à jour: 5 octobre 2023 18:41

Dans le lycée Jean-Rostand de Mantes-la-Jolie (Yvelines) qui accueille un millier d’élèves, un drame aurait pu se produire. Ce mardi, la proviseure adjointe a été visée par un tir de mortier d’artifice. Un élève récemment exclu de cet établissement a été interpellé le lendemain des faits. La majorité des professeurs ont débrayé en signe de protestation.

Le lycée Jean-Rostand de Mantes-la-Jolie est continuellement sous tension depuis la rentrée, entre les tirs de mortier, les jets de pierre et les départs d’incendies. Ce mardi 3 octobre, un individu dissimulant son visage sous une cagoule a été l’auteur de tirs de mortiers, ainsi que l’a appris France 3 Paris-Île-de-France de sources policières.

Les professeurs dénoncent des incidents réguliers dans une lettre ouverte

L’incident s’est produit juste avant le début des cours. « J’étais en salle des profs lorsqu’on a entendu un bruit énorme, je suis sorti, il y avait comme un feu d’artifice au niveau de l’entrée. C’était la cohue », décrit Vincent Smith, professeur d’anglais au lycée Jean Rostand depuis 1996 et syndicaliste Sud-Éducation.

Avant de prendre la fuite, un individu cagoulé venait de braquer un mortier d’artifice vers l’entrée et l’engin a atterri au niveau des jambes de la proviseur adjointe. Choquée, cette dernière n’a cependant pas été blessé. Le tir a néanmoins provoqué un mouvement de foule qui a légèrement blessé un élève.

Ce n’est pas la première fois que ce type d’événement se produit dans ce lycée. Des enseignants ont récemment dénoncé des actes similaires dans une lettre ouverte, indique ce 3 octobre Le Parisien. « Professeurs et élèves ne peuvent plus travailler sereinement et ne se sentent plus en sécurité dans l’établissement. Plusieurs ressentent des symptômes de stress physiques et psychologiques importants », ont-ils mentionné dans leur texte.

Un mineur de 17 ans récemment exclu du lycée interpellé

Ce mardi après-midi, de nombreux enseignants de ce lycée ont décidé d’exercer leur droit de retrait en signe de protestation. Le proviseur a, quant à lui, suspendu les cours à 15 h 30. L’académie de Versailles, qui condamne fermement ces agissements, avait indiqué ce mardi que les cours reprendraient dès le lendemain matin, précise France 3. Seuls quelques enseignants ont maintenu leurs cours ce mercredi.

« Les autorités académiques mobilisent leurs services pour résoudre cette situation », a fait savoir le rectorat, afin de « favoriser la reprise sereine des enseignements dans l’intérêt des élèves », sans donner plus de précisions.

La direction du lycée a déposé une plainte. Le maire de Mantes-la-Jolie, Raphaël Cognet, a indiqué qu’un mineur de 17 ans, ayant récemment été exclu du lycée, a été interpellé. Cette information a été confirmée par le parquet.

Des « pulsions de mecs »

L’édile ainsi que Othman Nasrou, le vice-président de la région Île-de-France chargé de la Jeunesse et de l’Enseignement supérieur, ont rencontré la communauté pédagogique ce mercredi, relate Le Parisien ce 4 octobre.

« Il y aurait pu y avoir un drame », a déclaré Raphaël Cognet. Il est conscient que ces actes sont l’œuvre « de quelques élèves » seulement. « De par sa situation géographique, Rostand concentre toutes les difficultés sociales au même endroit, avec un indice de développement humain plus bas que la moyenne », décrypte-t-il auprès du quotidien francilien.

Quant à savoir les motivations de cette poignée d’individus, un intervenant a indiqué au Parisien qu’il ne fallait pas « chercher de sens particulier » car il s’agissait « de la pure connerie adolescente poussée à l’extrême et alimentée par les réseaux sociaux ». « Ils sont célèbres le temps d’un Snap », a-t-il ajouté. « Ils ont une réputation à défendre sur les réseaux sociaux, au quartier… Pour eux, Rostand doit faire l’actualité, c’est dans l’histoire de ce lycée. Quand on sait que les élèves sont en majorité des garçons, on peut comprendre que certains se lancent dans un concours de virilité », a renchéri un groupe de lycéennes interrogées par le quotidien francilien. Qualifiant ces actes de « pulsions de mecs », les adolescentes ont ajouté que cela était « vraiment dommage car les profs sont super et vraiment bienveillants ».

Pour lutter contre ces violences, les patrouilles de la police nationale devraient s’intensifier aux heures d’entrée des élèves, aux abords du lycée. Par ailleurs, des nouvelles caméras de vidéosurveillance doivent être installées, ainsi que l’a promis la Région. À noter que celles-ci sont cependant d’une aide limitée lorsque les malfaiteurs sont cagoulés. Il est également prévu d’installer un portique de sécurité afin de filtrer plus efficacement les entrées.

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