Trudeau consolide la contestation en invoquant la Loi sur les mesures d’urgence

Le Premier ministre canadien aurait dû commencer un dialogue

Par Cory Morgan
16 février 2022 19:48 Mis à jour: 17 février 2022 13:35

Le Canada est en proie à des manifestations anti-restrictions sanitaires de plus en plus nombreuses – et ce, depuis que le « convoi de la liberté » des camionneurs est arrivé dans la capitale Ottawa il y a plus de trois semaines.

Le gouvernement et les grands médias ont d’abord tenté d’ignorer le convoi qui devenait de plus en plus important.

Alors que le convoi prenait de l’ampleur et suscitait de l’intérêt dans tout le pays à mesure qu’il traversait ville après ville en direction d’Ottawa, le gouvernement a tenté de prétendre qu’il ne s’agissait que d’une poignée de camionneurs mécontents.

Lorsque la ville d’Ottawa s’est retrouvée paralysée par des milliers de manifestants soutenus par des centaines d’agriculteurs arrivés avec leurs tracteurs, le gouvernement est passé à une campagne de division et de diabolisation. Il a essayé de dépeindre les manifestants comme des extrémistes, des racistes et des misogynes.

Le Premier ministre Justin Trudeau s’est caché pendant plus d’une semaine pour refaire surface de temps en temps, jeter de l’huile sur le feu en insultant les contestataires, puis retourner à l’endroit où il se cachait.

Au fil des semaines, le nombre de manifestants a continué à augmenter, tout comme les endroits où ils manifestaient. Les passages frontaliers de plusieurs provinces ont été entravés et bloqués, et il semble que les manifestations pourraient s’étendre davantage. On a vu également des convois se former dans d’autres pays, inspirés par les manifestations canadiennes.

Il est évident que la stratégie du gouvernement envers le convoi de la liberté a été un échec cuisant.

Ayant totalement perdu le contrôle de la situation, Justin Trudeau, paniqué et désespéré, a invoqué la Loi sur les mesures d’urgence.

Cette loi est une nouvelle incarnation de la Loi sur les mesures de guerre qui n’a pas été invoquée depuis 1970, lorsque le FLQ, un groupe séparatiste militant du Québec, lançait des bombes, volait et enlevait des Canadiens. Jusqu’à présent, les manifestations des camionneurs ont été incroyablement pacifiques, compte tenu des milliers de personnes qui y ont participé.

Une chose que Justin Trudeau n’a jamais essayée est d’avoir un discours respectueux avec les manifestants. Il n’a pas besoin de se prosterner ni de s’agenouiller parmi eux comme il l’a fait avec les manifestants de Black Lives Matter en 2020, mais il aurait pu au moins les écouter. Mais il n’a jamais fait le moindre effort.

Certains pourraient prétendre qu’un tel geste de désescalade serait une perte de temps – et ce, jusqu’au moment où Jim Watson, le maire d’Ottawa, a conclu un accord avec les manifestants pour les déplacer hors des zones résidentielles de la ville. Les manifestants du convoi ont quitté ces zones sans aucun problème.

Par quelle magie Watson a-t-il réussi à faire plier à sa volonté ces « extrémistes intransigeants » ? Comment a-t-il réussi à apprivoiser cette « bête enragée » ?

Jim Watson a tout simplement offert aux manifestants une chose que Justin Trudeau a refusé de leur accorder : le respect.

M. Watson a écrit une lettre aux organisateurs de la contestation pour leur demander poliment de déplacer leurs manifestations plus près de la colline du Parlement afin de soulager les habitants des quartiers résidentiels. Il a expliqué que les manifestations épuisaient et stressaient ces personnes. Les manifestants ont acquiescé et ont obtempéré. Une lettre sans menaces. Sans appel à la police. Juste une lettre polie.

Cela ne veut pas dire que les manifestants quitteraient Ottawa s’ils recevaient une lettre gentiment écrite de Justin Trudeau leur demandant de partir. Mais cela montre qu’Ils sont réceptifs à la raison et aux compromis lorsqu’ils leur sont proposés.

La toute première étape de la résolution d’un conflit consiste à entamer un dialogue. Un dirigeant responsable explorera et essaiera toutes les possibilités de désamorcer une situation avant de recourir à la force. Cela ne signifie pas que le dirigeant capitule ou se laisse faire. Cela signifie simplement qu’il n’agit pas en se précipitant dangereusement lorsqu’il y a une possibilité de résolution pacifique.

Invoquer la Loi sur les mesures d’urgence contre les manifestants aurait dû être une mesure de tout dernier recours. Cette loi suspend un certain nombre de droits civils et peut potentiellement ouvrir la voie à une intervention militaire contre des citoyens canadiens. En utilisant cette matraque contre des manifestants qui ont été pacifiques, Trudeau risque d’envenimer la contestation. Les images de l’intervention policière ou même militaire contre des manifestants pacifiques pourraient déchirer irrémédiablement le tissu social du Canada.

Comme pour toutes les autres actions du gouvernement fédéral en ce qui concerne le convoi de la liberté, je m’attends à ce que leur dernière action ne fasse qu’enflammer et consolider les manifestants. Les tensions vont s’intensifier au fur et à mesure que le nombre de manifestants augmente et une confrontation violente pourrait devenir inévitable.

Tout cela aurait peut-être pu être évité si le gouvernement Trudeau avait commencé par adopter une attitude de respect envers ses propres citoyens et avait tenté d’ouvrir le dialogue avec les manifestants.

Cependant, nous ne le saurons jamais, car le gouvernement ne l’a même pas essayé.

Cory Morgan est un chroniqueur et propriétaire d’entreprise basée à Calgary, Canada.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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