Ukraine: au bord du Dniepr à Kherson, réserve d’eau et réseau mobile russe

Par Epoch Times avec AFP
15 novembre 2022 15:00 Mis à jour: 15 novembre 2022 15:09

Il faut descendre des marches, se rendre sur un ponton et se pencher périlleusement. Privés d’eau depuis plusieurs jours, des habitants de Kherson, dans le sud de l’Ukraine, vont désormais en puiser dans le fleuve Dniepr qui borde la ville.

Avant leur retrait vendredi dernier de la ville qu’ils occupaient depuis huit mois, les forces russes ont détruit plusieurs infrastructures énergétiques.

Si l’armée ukrainienne a repris Kherson, bâtie sur la rive droite (occidentale) du large cours d’eau, la rive gauche, elle, est toujours sous contrôle des Russes.

« Il y a une semaine, le système d’approvisionnement en eau a été endommagé. Et depuis, nous n’avons plus d’électricité et plus d’eau, alors nous prenons de l’eau ici pour nos besoins sanitaires », explique Tatiana, venue à pied avec sa fille et son petit garçon.

De leur chariot à roulettes, ils sortent plusieurs grosses bouteilles en plastique qu’ils vont remplir avec l’eau du fleuve, très légèrement jaunâtre.

« Cinq jours sans eau et une semaine sans électricité »

Le ponton en béton est un peu en hauteur. Il faut se mettre à genoux pour atteindre la surface du fleuve avec la main. L’exercice est difficile, notamment pour des personnes âgées.

Pour remplir les récipients, certains utilisent un sceau, un entonnoir, une tasse en plastique ou encore un pot à lait tenu par une ficelle.

« Cela fait déjà cinq jours sans eau et une semaine sans électricité. Je savais que cela pouvait arriver. Alors j’ai fait une réserve d’eau », dit Olga Genkulova, 41 ans, qui vient de terminer sa corvée et de charger ses bouteilles dans le coffre de sa voiture.

Sur le parking devant le ponton, les va-et-vient sont incessants.

Un homme charge une dizaine de grosses bonbonnes dans sa camionnette. Il tient un café -bar et en donnera aussi à des voisins.

Pour l’eau potable, la ville a mis à disposition des réservoirs, et on peut encore en trouver dans le commerce.

Connue pour ses chantiers navals, Kherson (280.000 habitants avant la guerre) dispose d’un port fluvial et d’une autre de commerce.

les Russes ont coupé le réseau téléphonique

Un cargo est amarré près du ponton où l’on remplit les bouteilles. Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février, le trafic maritime a été arrêté sur le Dniepr, qui se jette dans la mer Noire.

Un peu plus en amont, sur la place de la Flamme éternelle, monument aux morts de la Seconde Guerre mondiale qui donne sur le fleuve, des dizaines de personnes ont les yeux rivés sur leur téléphone portable.

Peu après la capture en mars de Kherson par Moscou, les Russes ont coupé son réseau téléphonique.

Mais près du grand monument, qui domine les eaux calmes du Dniepr et toute sa rive gauche en face, il est possible de capter des réseaux mobiles russes. Ces derniers ne portent pas de noms mais des numéros: 2494 et 2596.

Vita Morzhiveska, 55 ans, a le téléphone à l’oreille et ne cesse de parler. A côté d’elle, son mari écoute la conversation, qui dure une quinzaine de minutes. A l’autre bout du fil, leurs enfants.

« Ils sont en Crimée », la péninsule annexée en 2014 par Moscou, explique la femme.

Le pont Antonov enjambe le Dniepr

« Ils sont partis au début de la guerre, en avril (…) Ils voulaient revenir en août mais ils n’ont pas réussi. Ils étaient sur le point de traverser le pont Antonov mais le pont a été détruit. Ils ont failli être touchés eux-mêmes », ajoute-t-elle.

Le pont Antonov enjambe le Dniepr dans les faubourgs Nord-Est de la ville.

Touché par des roquettes ukrainiennes quand il était sous contrôle des Russes, ces derniers ont fait sauter à l’explosif une partie de l’ouvrage côté rive droite, juste avant de se retirer complètement de la zone.

Le pont, le dernier avant la mer Noire, menait à la localité d’Olechky, à 5 kilomètres, toujours occupée par les Russes.

Lundi dans l’après-midi, un panache de fumée noire était visible vers cette ville.

Probablement le résultat de tirs d’artillerie ukrainienne, régulièrement entendus autour de Kherson et visant les positions russes.

 

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