Un ancien auxiliaire afghan de l’armée française bientôt expulsé d’Iran faute de visa

Par Julian Herrero
15 décembre 2023 18:51 Mis à jour: 15 décembre 2023 18:51

Selon les informations d’un de nos confrères de Marianne, Quentin Muller, un ancien auxiliaire afghan de l’armée française, Yusefi Mohammad Zubaïr, réfugié avec sa famille en Iran va bientôt être expulsé de Téhéran. En cause, l’annulation des visas par l’ambassade de France en Iran qui leur permettaient de se rendre dans l’Hexagone. Pour Quentin Muller, que nous avons contacté, cette annulation de visas pourrait être liée à une note blanche mentionnant notamment des liens probables avec des « réseaux de criminalité organisées, voire jihadistes » dans certains pays. Pour l’heure, Yusefi et sa famille courent un grand danger s’ils retournent en Afghanistan, comme nous le confirme la député Anna Pic.

Ancien PCLR en Afghanistan

Yusefi Mohammad Zubair est un ancien PCLR (Personnels civils de recrutement local) de l’armée française. Selon des éléments fournis par notre confrère de Marianne, engagé dans la protection des anciens auxiliaires d’armée en Afghanistan et qui suit le cas de cet homme depuis 2019, Yusefi a aidé nos troupes pendant sept ans, entre 2006 et 2013, notamment celles qui étaient à la base militaire Warehouse, située près de Kaboul. Il a en partie occupé la fonction d’interprète. Après le départ de l’armée française, l’Afghan s’est caché dans son pays pendant dix ans. Il a également fait l’objet de menaces. Toujours d’après les informations fournies, il a failli être tué dans un attentat à la bombe.

Le journaliste nous a raconté qu’il a réussi à obtenir en janvier 2023 un rendez-vous pour l’ancien PCLR à l’ambassade de France à Téhéran, fixé trois mois plus tard. L’Afghan de 43 ans s’est donc rendu en Iran avec sa famille au mois d’avril.

L’annulation des visas par l’ambassade de France à Téhéran

Après le rendez-vous, Yusefi et sa famille ont dû attendre deux mois avant d’obtenir les visas qui devaient leur permettre d’aller en France. Mais en juin dernier, un coup de tonnerre se produit. L’ambassade annule aussitôt les visas. « Elle lui a donné un visa et s’est ravisée le jour même », nous confie au téléphone Quentin Muller. Selon le journaliste, « aucune raison n’a été avancée ». Cependant, pour lui, il y aurait bien un élément qui pourrait expliquer cette annulation soudaine. Une « note blanche créée de toute pièce par les juristes du ministère de la Défense dont Monsieur Zubaïr a fait l’objet en 2019 lorsqu’il a demandé la protection fonctionnelle via son avocate maître Sophia Toloudi ».

Epoch Times a pu prendre connaissance de la note. Il est notamment écrit dans le document que monsieur Yusefi Mohammad Zubaïr « a des relations avec des personnes situées en Érythrée, en Ouganda, au Libéria et en Syrie » et qu’« il est probable qu’il soit en lien avec des réseaux de criminalité organisée, voire des organisations jihadistes situées dans ces pays ».

Pour Quentin Muller, la note « semble fantasque » et raconte qu’elle « n’apporte aucune preuve et n’a que pour seul but de discréditer et jeter un doute sur monsieur Zubaïr ».

D’ailleurs d’anciens collègues du PCLR afghan et un ancien militaire français du nom de Nicolas Deschamps qui avait recruté Yusefi ont garanti dans des courriers envoyés récemment au ministre de l’Intérieur, l’intégrité de l’homme de 43 ans.

Yusefi Mohammad Zubair et sa famille en grand danger en Afghanistan

L’ancien auxiliaire de l’armée française et sa famille vont bientôt être expulsés de la République islamique. « Cette semaine » selon Quentin Muller.

Leur retour à Kaboul pourrait mettre la famille en danger et signer l’arrêt de mort de Yusefi. Pour rappel, il a échappé à un attentat et les talibans l’ont menacé de mort dans une lettre en 2013. Epoch Times a contacté la députée socialiste de la Manche, Anna Pic. Pour l’élue qui a fait part de son inquiétude dans un post sur le réseau social X, la situation est dramatique. « C’est un cas qui est dramatique. Ces gens ont pris d’énormes risques et aujourd’hui, nous savons très bien ce qu’il va se passer s’ils retournent en Afghanistan », nous confie-t-elle.

Pour l’élue socialiste, le cas de Yusefi n’est pas isolé. « Il semblerait qu’il reste quelques cas. Quand tout le monde s’est retiré d’Afghanistan, il a fallu faire très vite. Dans un premier temps, les autorités françaises ont traité les demandes. Finalement, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Et aujourd’hui, les anciens auxiliaires de l’armée française se retrouvent soit sans nouvelles, soit se voient refuser leur demande de visa au dernier moment ou se voient même retirer les papiers qu’ils avaient déjà », explique Anna Pic.

« Nous les avons laissés et oubliés alors qu’ils sont ceux qui ont permis à l’armée française d’avoir des informations et des contacts sur le terrain au moment où la situation empirait », ajoute-t-elle.

La socialiste nous rappelle également que le PS est très mobilisé sur ce sujet. « Le Premier secrétaire de mon parti, Olivier Faure a envoyé un courrier à la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna et au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin pour demander des précisions. Avec les collègues, nous avons aussi relayé auprès des députés de la majorité pour qu’ils s’informent. Pour l’instant, nous n’avons pas de retour », nous confie la députée de la Manche.

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