Un ex-ingénieur de Google arrêté et accusé d’avoir volé des secrets commerciaux pour la Chine

Le ressortissant chinois vantait la capacité de sa start-up d'adapter la plate-forme informatique de Google aux conditions nationales de la Chine

Par Eva Fu
7 mars 2024 18:56 Mis à jour: 8 mars 2024 03:55

Un ancien ingénieur logiciel de Google a été inculpé pour avoir volé des secrets commerciaux liés à l’intelligence artificielle alors qu’il travaillait pour des concurrents chinois cherchant à prendre l’avantage dans la course à l’IA.

Linwei Ding, un ressortissant chinois qui se fait également appeler Leon, a été inculpé par un grand jury fédéral à San Francisco de quatre chefs d’accusation de vol de secrets commerciaux, chacun étant passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison. Il a été arrêté le 6 mars au matin dans la ville californienne de Newark, où il réside.

Selon l’acte d’accusation, cet homme de 38 ans aurait volé plus de 500 fichiers contenant des informations confidentielles entre mai 2022 et mai 2023, notamment des informations détaillées sur l’infrastructure matérielle et les plateformes logicielles permettant aux centres de données de supercalculateurs de Google de former de grands modèles d’IA grâce à l’apprentissage automatique.

Quelques semaines après le début des activités illicites de Linwei Ding, selon l’acte d’accusation, une entreprise chinoise en phase de démarrage axée sur l’IA a proposé de faire de lui son directeur de la technologie. Le poste était assorti d’un salaire mensuel d’environ 14.800 dollars, d’une prime annuelle et d’actions de la société.

À la fin du mois d’octobre, Linwei Ding s’est rendu en Chine et y est resté jusqu’au mois de mars suivant, participant à des réunions d’investisseurs afin de lever des capitaux pour l’entreprise, Beijing Rongshu Lianzhi Technology.

En mai 2023, il a fondé une start-up spécialisée dans l’IA à Shanghai.

« Nous avons l’expérience de la puissante plate-forme informatique de Google, dotée de dix mille cartes ; il nous suffit de la reproduire et de l’améliorer, puis de développer une plateforme informatique adaptée aux conditions nationales de la Chine », disait-il dans un document faisant la promotion de son entreprise sur la plateforme de réseaux sociaux WeChat, basée en Chine.

Il a également demandé à un autre employé de Google de scanner son badge d’accès sur trois jours différents en décembre 2023 pour donner l’impression qu’il travaillait depuis le bureau américain de Google alors qu’il se trouvait en fait en Chine. C’est ce qu’ont découvert les enquêteurs de Google après avoir examiné les images de surveillance.

Linwei Ding a d’abord réussi à échapper à la détection de Google en copiant les données de Google dans l’application Apple Notes sur son MacBook fourni par Google puis en les convertissant en PDF pour les télécharger sur son compte Google Cloud personnel.

Mais en décembre 2023, lorsqu’il a téléchargé d’autres fichiers du réseau Google vers un autre compte personnel alors qu’il se trouvait en Chine, Google a commencé à avoir des soupçons.

Il a alors déclaré à un enquêteur de Google qu’il avait l’intention d’utiliser ces informations comme preuve du travail qu’il avait effectué chez Google, selon l’acte d’accusation.

Linwei Ding n’a révélé à Google aucune de ses affiliations avec des entreprises basées en Chine, selon les procureurs.

Moins d’une semaine plus tard, il a réservé un billet aller simple pour Pékin, dont le départ était prévu le 7 janvier, avant de démissionner de Google le 26 décembre.
Google a récupéré l’ordinateur portable et l’appareil mobile de Linwei Ding à son domicile la veille de son départ prévu le 4 janvier.

Vol de l’innovation occidentale

Siège social de Google à Mountain View, Californie. (Justin Sullivan/Getty Images)

Le procureur général Merrick Garland a révélé les détails de l’affaire lors d’une conférence de l’ Association du corps des avocats américains à San Francisco, mercredi 6 mars après-midi.

« Nous protégerons farouchement les technologies sensibles développées chez nous pour qu’elles ne tombent pas entre les mains de ceux qui ne devraient pas les avoir », a-t-il assuré.

Selon le directeur du FBI, Christopher Wray, ces accusations sont « la dernière illustration en date de ce que les filiales d’entreprises basées en République populaire de Chine sont prêtes à faire pour voler l’innovation américaine ».

À son avis, « le vol de technologies innovantes et de secrets commerciaux au détriment d’entreprises américaines peut coûter des emplois et avoir des conséquences dévastatrices sur l’économie et la sécurité nationale ».

La Disruptive Technology Strike Force interinstitutionnelle qui a participé à l’affaire a été créée l’année dernière par les ministères de la Justice et du Commerce en vue de lutter contre les menaces d’exploitation des innovations américaines par le Parti communiste chinois, au pouvoir, pour son développement militaire.

Dans un discours prononcé le mois dernier, la ministre adjointe de la Justice, Lisa Monaco, a affirmé que l’IA était une priorité absolue pour le groupe de travail. Elle a qualifié l’IA de « technologie perturbatrice par excellence ».

Lors d’une conférence sur la sécurité nationale tenue fin février, Christopher Wray a également mis en garde contre le danger de l’IA générative, qui « permet à des adversaires étrangers plus ou moins sophistiqués d’exercer plus facilement une influence malveillante » et de s’ingérer dans le processus politique américain.

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