«Un génocide froid» : un avocat dénonce les prélèvements d’organes cautionnés par les autorités chinoises à l’encontre des pratiquants du Falun Gong

Par Wim De Gent
26 août 2023 10:26 Mis à jour: 27 août 2023 05:35

David Matas, avocat international spécialisé dans les droits de l’homme, s’est adressé aux membres du Parlement letton le 23 août pour évoquer le programme chinois de prélèvement d’organes forcé, approuvé depuis des décennies par les autorités.

Dans sa présentation, M. Matas a expliqué que le régime communiste chinois au pouvoir a utilisé ce crime contre l’humanité pour mener un « génocide froid » à l’encontre des pratiquants du Falun Gong, une pratique spirituelle de tradition bouddhiste.

Selon M. Matas, les assassinats à grande échelle pour pillage d’organes ont commencé au début des années 2000, peu de temps après le lancement, en 1999, de la persécution contre le Falun Gong, alors pratiqué par environ 100 millions de Chinois.

« Au fil des décennies, les preuves se sont considérablement accumulées, » a indiqué M. Matas, qui a identifié quatre catégories.

Les témoignages de pratiquants du Falun Gong persécutés qui se sont échappés de Chine et qui ont affirmé avoir été soumis à des examens médicaux contrairement à d’autres prisonniers, font partie de la première catégorie.

« Ce n’est pas pour leur santé, » a expliqué M. Matas, « parce qu’ils sont torturés pour abjurer leurs croyances ».

Deuxièmement, le nombre de transplantations d’organes en Chine est anormalement élevé, et il a considérablement augmenté après le début de la persécution du Falun Gong.

« Ce volume ne s’explique pas autrement que par la mise à mort massive de prisonniers d’opinion, » a-t-il indiqué. Les délais d’attente particulièrement courts pour les greffes d’organes dans les hôpitaux chinois relèvent d’un autre phénomène qui ne peut s’expliquer autrement.

Enfin, les enquêteurs ont recueilli de nombreuses transcriptions de conversations tenues avec des hôpitaux qui admettent ouvertement pouvoir fournir des « organes Falun Gong » – considérés comme étant de qualité supérieure dans la mesure où les pratiquants du Falun Gong adoptent un mode de vie sain en s’abstenant de consommer de la drogue et de l’alcool.

En outre, plusieurs témoins sont sortis de Chine pour confirmer ces soupçons macabres, dont récemment un médecin qui a participé au prélèvement d’organes sur une personne vivante à l’arrière d’une camionnette.

Génocide froid

M. Matas a expliqué qu’il est approprié de reconnaître la persécution du Falun Gong comme un génocide, compte tenu de son ampleur et de son intention délibérée.

La persécution du Falun Gong est considérée comme un « génocide froid », alors qu’un « génocide chaud » se caractérise par des massacres immédiats et visibles. Un génocide froid entend éliminer un certain groupe par divers moyens sur une période plus longue.

Un génocide froid « ne suscite pas la même attention du public que les génocides chauds, » a souligné M. Matas.

Enquêtes menées en 2006

Invité par feu David Kilgour, ancien secrétaire d’État canadien et militant des droits de l’homme, M. Matas s’est joint à une enquête qui a débuté en mars 2006 à la suite du témoignage d’une Chinoise vivant à Washington D.C., qui a révélé que son ex-mari avait procédé à l’ablation de la cornée de pratiquants du Falun Gong dans un hôpital de Sujiatun, dans la province de Liaoning.

Le premier rapport de M. Kilgour et de M. Matas, Bloody Harvest, publié en juillet 2006, concluait que les donneurs impliqués dans 41.500 transplantations réalisées en Chine entre 2000 et 2005 ne pouvaient pas être identifiés. Leurs conclusions ont ensuite été confirmées par les Nations unies, ainsi que par le journaliste d’investigation Ethan Gutmann et bien d’autres.

L’ancien secrétaire d’État canadien à l’Asie-Pacifique, David Kilgour, présente un rapport révisé sur le massacre continu de pratiquants de Falun Gong en Chine pour leurs organes, tandis que l’avocat David Matas, coauteur du rapport, écoute en arrière-plan, à Ottawa, le 31 janvier 2007. (Epoch Times)

Gao Zhisheng, un avocat chinois spécialisé dans la défense des droits de l’homme qui a accepté de participer à l’enquête, s’est vu retirer sa licence d’avocat. Il a été arrêté et torturé pendant 50 jours à la fin de l’année 2006. Au cours des années suivantes, il a été libéré et emprisonné à plusieurs reprises, avant de disparaître en 2017.

« Lorsque nous avons commencé, les autorités chinoises déclaraient officiellement : tout provient des dons », a souligné M. Matas.

« Mais il n’existait pas de système de don (d’organes). Ils ont alors changé leur fusil d’épaule pour dire que tous les organes provenaient de prisonniers… de prisonniers condamnés à mort qui se sont rachetés en faisant don de leurs organes avant leur exécution. »

La plupart des prisonniers ne sont pas des donneurs d’organes appropriés, car beaucoup d’entre eux souffrent de maladies comme l’hépatite, a expliqué M. Matas.

Sous la pression de la communauté internationale, la Chine a modifié ses lois sur les transplantations et le nombre de personnes condamnées à mort a diminué. Néanmoins, le nombre de transplantations d’organes a augmenté de manière inexplicable.

Autres personnes visées

Selon M. Matas, d’autres prisonniers de conscience ont depuis lors été soumis à des prélèvements d’organes, notamment les Ouïghours, les chrétiens locaux et les Tibétains.

« Il s’agit d’une industrie de plusieurs milliards de dollars, » a-t-il affirmé, ajoutant qu’une partie des revenus tirés des transplantations d’organes finance le secteur de la santé publique chinois grâce aux hôpitaux militaires chinois, qui fonctionnent comme des entreprises publiques et commerciales.

« Ils participent largement au tourisme de transplantation, » a indiqué M. Matas, commentant l’accès facile des hôpitaux militaires au système pénitentiaire en raison de leur appartenance à la structure du pouvoir de l’État.

Des pratiquants de Falun Gong mettent en scène une reconstitution de prélèvement d’organes sur des pratiquants emprisonnés en Chine lors d’une manifestation à Vienne le 1er octobre 2018. (Joe Klamar/AFP via Getty Images)

Sensibilisation

Interrogé sur ce que la Lettonie et d’autres pays occidentaux peuvent faire pour changer la situation, M. Matas a suggéré d’introduire une obligation de déclaration sur le tourisme de transplantation par les établissements de santé et les professionnels de la santé, car on ignore actuellement combien de Lettons se rendent en Chine pour une transplantation.

Au cours du débat, les résolutions adoptées par le Parlement européen en 2013 et 2022 condamnant la persécution du Falun Dafa et le prélèvement forcé d’organes en Chine ont été évoquées.

Interrogé sur l’utilité de telles résolutions par déclaration, M. Matas a fait valoir qu’il était important de sensibiliser l’opinion publique. Si une personne malade qui a besoin d’un organe est informée de ce qui se passe en Chine, le fait notamment d’apprendre qu’une personne sera tuée pour la sauver incitera la plupart d’entre elles à chercher d’autres solutions.

« Je ne sous-estimerais pas l’effet pragmatique et utile d’une telle déclaration, » a conclu M. Matas.

De NTD News

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