Wuhan: une femme médecin lanceur d’alerte sur le Covid-19 a disparu

Par Isabel van Brugen
3 avril 2020 18:37 Mis à jour: 6 novembre 2020 18:10

Un médecin de Wuhan qui a affirmé avoir alerté ses collègues sur l’apparition du virus du PCC* dans la région a disparu, quelques semaines seulement après avoir publiquement critiqué le régime chinois pour sa politique de dissimulation et sa mauvaise gestion de ce qui est devenu une pandémie mondiale.

La doctoresse Ai Fen, responsable des urgences à l’hôpital central de Wuhan, est portée disparue depuis plusieurs jours, selon un rapport du 31 mars du magazine d’informations 60 Minutes Australia. Sa disparition survient deux semaines seulement après avoir déclaré que les autorités ont empêché ses collègues et elle-même de mettre en garde le monde entier contre le virus du PCC, communément appelé le nouveau coronavirus.

« Elle a maintenant disparu, on ne sait pas où elle se trouve », a expliqué l’émission phare consacrée à l’enquête, alors que l’on redoute que la doctoresse ne soit détenue pour avoir parlé.

La chirurgienne des urgences a révélé ce mois-ci qu’elle est la « dénonciatrice » qui a remis le rapport de diagnostic du virus à son collègue « Li Wenliang », un ophtalmologue de 34 ans qui a été parmi les premiers à communiquer des informations sur l’épidémie de Wuhan.

« Sept cas de ‘SRAS’ ont été confirmés sur le marché des fruits de mer de Huanan », a écrit Li Wenliang le 30 décembre 2019 sur l’application chinoise WeChat, dans un groupe de discussion avec ses anciens camarades de l’école de médecine, en ajoutant la capture d’écran du rapport de diagnostic. Li Wenliang a révélé l’information le jour avant la confirmation par les autorités sanitaires de Wuhan de l’existence de la mystérieuse épidémie de pneumonie virale.

Malgré le conseil de Li Wenliang de ne rien « diffuser à l’extérieur », les captures d’écran de la conversation qui montrent son nom complet ont proliféré très rapidement sur Internet. Le 3 janvier, la police l’a réprimandé, ainsi que sept autres professionnels de la santé, pour avoir propagé des « rumeurs » en ligne. La déclaration de la police mentionne qu’il avait violé la loi.

Quelques jours plus tard, Li Wenliang a contracté le virus alors qu’il opérait un patient sans symptômes pour un glaucome, il est décédé le 7 février.

Avant sa disparition présumée, Ai Fen a déclaré que la police ne l’avait pas poursuivie, mais qu’elle avait reçu un « avertissement sans précédent et particulièrement sévère » de la part de ses supérieurs.

« Bien des fois, je me suis dit que ce serait bien si nous pouvions revenir en arrière », a-t-elle déclaré au magazine chinois Portrait, ajoutant qu’elle regrettait de ne pas avoir parlé du danger à plus de médecins.

« Si j’avais su ce comment la situation allait évoluer aujourd’hui, que je sois critiquée ou non, je l’aurais fait savoir au monde entier », a-t-elle déclaré. « Quelqu’un doit se lever et dire la vérité. […] Il doit y avoir des voix différentes dans ce monde, n’est-ce pas ? »

Peu après la diffusion de l’émission 60 Minutes Australia, un message crypté a été publié sur le compte Weibo d’Ai Fen – le premier depuis le 16 mars, date à laquelle un message avait été posté pour dire qu’elle était au travail, comme d’habitude, a rapporté Radio Free Asia.

Le mystérieux message de dimanche montre une photographie prise de la route Jianghan de Wuhan, et une légende est lisible : « Une rivière. Un pont. Une route. Un carillon d’horloge. »

Epoch Times ne peut pas vérifier la disparition d’Ai Fen ou l’endroit où elle se trouve en toute indépendance. Cependant, plusieurs personnes – y compris des journalistes, des universitaires et des hommes d’affaires – ont été muselées et réprimées par le régime pour avoir tenté de révéler la situation réelle de l’épidémie du virus du PCC, qui a débuté à Wuhan.

Le représentant Jim Banks (Républicain-Indiana), dans une lettre datée de mardi, a demandé au département d’État de faire pression sur la Chine pour qu’elle enquête sur la disparition des journalistes chinois, Fang Bin, Chen Qiushi et Li Zehua, qui ont disparu après avoir pris et publié des images et des vidéos qui ont permis de dévoiler l’impact réel du virus du PCC.

Jim Banks a déclaré à Epoch Times la semaine dernière que le régime de Pékin devrait payer en conséquence une lourde facture pour avoir dissimulé la vérité sur la terrible pandémie du virus du PCC.

« Nous devons tenir la Chine pour responsable et la faire payer », a-t-il déclaré à l’émission American Thought Leaders (maîtres à penser américains) d’Epoch Times.

* Epoch Times désigne également le nouveau coronavirus, responsable de la maladie du Covid-19, comme le « virus du Parti communiste chinois » (PCC), car la dissimulation et la gestion déplorable du PCC ont permis à ce virus de se propager dans toute la Chine et de créer une pandémie mondiale.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.