« Un terrible rituel » dans l’armée de l’air en Corse : cagoulé, ligoté et attaché à une cible sous des tirs de Mirage, un pilote porte plainte

Par Emmanuelle Bourdy
11 mai 2021 05:12 Mis à jour: 11 mai 2021 05:12

Un jeune pilote de l’armée de l’air, qui avait été victime d’un bizutage en Corse en mars 2019, a déposé plainte en janvier dernier, bien que les bizuteurs aient été sanctionnés en interne.

Lorsqu’il était arrivé dans l’escadron, ce 27 mars 2019, le jeune pilote de l’armée de l’air, bardé de diplômes, avait eu droit à une séance de bizutage par ses collègues. Après un accueil glacial de la part de ces derniers, le jeune homme avait vécu une journée traumatisante, rapporte La Provence. Cagoulé, ligoté puis transporté en plein cœur du champ de tir aérien de Diane près de Solenzara, en Corse, le militaire avait été attaché à un poteau avec des sangles. Puis, après un silence oppressant, il avait entendu des avions de chasse tirant tout autour de lui dans « un bruit effrayant et impressionnant », pendant une vingtaine de minutes. Les auteurs des faits avaient même pris des images de ce bizutage.

Lorsque ces faits ont été dénoncés à la hiérarchie, les auteurs ont été punis en interne. « Cette enquête a conduit le commandement à engager le processus disciplinaire à l’encontre des responsables identifiés. Des sanctions fermes ont alors été prononcées », a expliqué à La Provence le porte-parole du ministère de la Défense, Stéphane Spet. Ce dernier considère que ces actes sont « inadmissibles », ayant été informé de ceux-ci que récemment. « Le Chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace a diligenté une enquête de commandement pour faire toute la lumière sur les faits portés à sa connaissance », a-t-il ajouté.

Malgré ces sanctions en interne, le jeune militaire a cependant déposé une plainte contre X pour « violences volontaires aggravées » et « mise en danger délibérée d’autrui », avec la circonstance aggravante que les faits ont été commis par « des professionnels, personnels de l’armée et gradés », précise encore le quotidien régional.

Les rédacteurs de la plainte ont soutenu que le jeune militaire « a été confronté à un risque de mort ou de blessures graves dû à ses conditions de transport et à l’intimidation qu’il a subie sur le champ de tir ». De plus, les tirs effectués « auraient pu le blesser très grièvement ou le tuer », ajoutent-ils. « Ils ont joué à la roulette russe avec des Mirage ! Il serait temps que l’armée de l’air remette les pieds sur terre », s’est indigné Me Silvio Rossi-Arnaud, l’un des avocats du pilote bizuté. L’avocat a d’ailleurs rappelé qu’ « une heure de vol de Mirage, ça revient à 15 000 € en kérosène. On joue du matériel militaire de top niveau dans un gaspillage monumental d’argent public ».

Une source proche du dossier a déclaré que cela ressemblait « à un terrible rituel ». « Et ça ne sort que parce qu’un homme courageux n’a pas toléré la manière dont il a été traité et harcelé », a-t-il renchéri, ainsi que le rapportent nos confrères.

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