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Un vieil antibiotique pourrait révolutionner le traitement de la maladie de Lyme

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Photo: fotovapl/Shutterstock

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Durée de lecture: 7 Min.

Des scientifiques pourraient se rapprocher de deux avancées majeures contre la maladie de Lyme : un antibiotique négligé, efficace à des doses exceptionnellement faibles, et de nouvelles explications sur la persistance des symptômes après traitement.

Dans deux études publiées récemment dans Science Translational Medicine, les chercheurs montrent que la pipéracilline – un antibiotique – a éliminé l’infection de Lyme chez la souris à des doses jusqu’à 100 fois plus faibles que la doxycycline, le traitement de première intention actuel.

Contrairement à la doxycycline, la pipéracilline cible spécifiquement la bactérie de Lyme, épargnant le microbiote intestinal. « Ce qui nous a frappés, c’est l’efficacité de la pipéracilline à des doses vraiment très basses », explique Brandon L. Jutras, professeur à la Feinberg School of Medicine (Northwestern University, USA). « Nous n’avons pas besoin de l’administrer à une concentration qui tuerait d’autres microbes ».

Les chercheurs ont également observé que des débris bactériens peuvent persister dans l’organisme après antibiothérapie, ce qui pourrait expliquer des symptômes chroniques chez certains patients. Le peptidoglycane — composant de la paroi de Borrelia burgdorferi — peut rester présent et déclencher des réactions immunitaires prolongées, contribuant au syndrome post-traitement de la maladie de Lyme (PTLD), où des symptômes se poursuivent des mois, voire des années, après l’infection.

Une approche plus ciblée (et peut-être un jour préventive)

La maladie de Lyme se transmet par la piqûre de tiques infectées et peut, sans prise en charge, toucher le système nerveux et le cœur. La pipéracilline agit en perturbant la manière singulière dont Borrelia construit sa paroi cellulaire, un processus vital pour sa survie. Grâce à ce ciblage, elle pourrait préserver le microbiote — mais l’étude n’évaluait pas si cette approche réduirait le risque de PTLD.

L’équipe du Pr Jutras a criblé près de 500 médicaments, en observant l’effet de chaque composé sur la construction de la paroi bactérienne : « Nous pouvions littéralement voir ce qui arrivait à la paroi quand nous ajoutions des antibiotiques. La pipéracilline perturbait ce processus de façon très spécifique à Borrelia ».

Aujourd’hui, la pipéracilline est utilisée contre des pneumonies et des infections urinaires et n’est pas approuvée pour traiter la maladie de Lyme chez l’humain. Les chercheurs envisagent aussi une piste préventive : une dose unique immédiatement après une piqûre de tique pourrait stopper l’infection avant son installation — à confirmer par des essais cliniques chez l’humain.

Le diagnostic précoce reste difficile : les piqûres passent inaperçues, les premiers signes tardent parfois à apparaître, et les tests fondés sur les anticorps peuvent être négatifs au début.

Certains experts rappellent que tout antibiotique, même à faible dose, peut favoriser la résistance. Pour le Dr Clayton Bell, si l’efficacité se confirmait, l’intérêt en prévention serait évident ; il note toutefois que la pipéracilline n’existe qu’en intraveineux ou intramusculaire, ce qui limite son usage préventif à large échelle après une piqûre.

Effets indésirables : ce qu’il faut savoir

• Doxycycline : inconfort digestif, photosensibilité, risques pour le développement osseux et dentaire chez l’enfant ; évitée pendant la grossesse.

• Pipéracilline (souvent associée au tazobactam pour d’autres infections) : possibles réactions allergiques ou anomalies des tests hépatiques. Les doses bien plus faibles testées, et l’absence d’association à un second antibiotique, pourraient toutefois améliorer le profil de tolérance.

Pourquoi les symptômes persistent

La maladie de Lyme est aujourd’hui la première maladie vectorielle aux États-Unis : le CDC (Centre pour le contrôle et la prévention des maladies américain) estime qu’environ 500.000 américains sont diagnostiqués et traités chaque année.

En France, en 2021, on estime que près de 47.000 cas ont été diagnostiqués en médecine générale, soit une incidence de 71 cas pour 100.000 habitants.
Au-delà de la phase aiguë, une inquiétude majeure est l’apparition, chez certains, de fatigue, de douleurs et de brouillard cérébral qui ne répondent pas à d’autres traitements.

Une étude de Harvard (2022) a montré que 14 % des personnes traitées développaient un PTLD. Il n’existe pas de traitement unique validé ; la prise en charge vise surtout le soulagement des symptômes (fatigue, douleurs articulaires, troubles cognitifs), via le soutien et, parfois, des antibiothérapies prolongées ou répétées.

L’équipe du Pr Jutras avance que des débris bactériens persistants entretiennent une réponse immunitaire « à bas bruit ». Des fragments de peptidoglycane ont été retrouvés dans le foie et le liquide articulaire de patients souffrant d’arthrite de Lyme, où ils continuent à stimuler l’immunité. Par rapport à d’autres bactéries, le peptidoglycane de Borrelia est plus résistant à la dégradation, sans doute en raison d’une structure particulière — une caractéristique modifiée par la biologie de la tique.

Prévention : l’approche globale de certains médecins

Pour réduire le risque de symptômes persistants, des cliniciens spécialisés adoptent une approche holistique :

• Rechercher des co-infections (Bartonella, Babesia, Ehrlichia, Anaplasma, fièvre pourprée des montagnes Rocheuses) et évaluer l’exposition aux moisissures et mycotoxines.

• Phytothérapie : des plantes comme Cryptolepsis et la renouée du Japon peuvent aider à réduire la charge bactérienne et à soutenir l’immunité. Une fois les signes d’infection aiguë disparus, ces deux plantes pourraient constituer une meilleure option que des antibiotiques pour une thérapie d’entretien à long terme.

• Hygiène de vie : privilégier un sommeil de qualité, une activité douce (marche, yoga), et réduire l’exposition aux toxines environnementales.

Geste utile en cas de tique : nettoyer la piqûre à l’eau et au savon, puis retirer la tique avec une pince fine en tirant droit vers le haut, sans tourner ni écraser.

Reconnaître les symptômes

Dans les 3 à 30 jours après l’exposition :

• Érythème migrant (érythème en « cible »).

• Fièvre, frissons, fatigue.

• Courbatures et douleurs articulaires.

• Ganglions enflés.

Des semaines à des mois plus tard :

• Gonflement ou douleurs articulaires marqués.

• Paralysie faciale (affaissement d’un côté du visage).

• Engourdissements ou picotements.

• Battements de cœur irréguliers.

• Troubles cognitifs (trous de mémoire, brouillard mental).

Cara Michelle Miller est rédactrice indépendante et éducatrice en santé holistique. Elle a enseigné au Pacific College of Health and Science à New York pendant 12 ans et a dirigé des séminaires de communication pour les étudiants en ingénierie de la Cooper Union. Elle écrit maintenant des articles axés sur les soins intégratifs et les modalités holistiques.

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