Une « atrocité sans précédent » : la communauté internationale exhortée à criminaliser le prélèvement forcé d’organes

Par Eva Fu
29 mars 2022 09:10 Mis à jour: 29 mars 2022 09:10

Des groupes de défense des droits de l’homme encouragent l’adoption d’un projet de loi visant à créer un réseau international de sanctions afin de punir le régime communiste chinois coupable de perpétrer une « atrocité sans précédent », à savoir le prélèvement forcé d’organes.

Le projet de loi prévoit de criminaliser quiconque prélève de force les organes d’une personne vivante contre sa volonté, stocke ou transporte les organes, exploite des installations destinées à transplanter ces organes, accepte de se faire transplanter ces organes, promeut la pratique, la finance, joue un rôle d’intermédiaire ou en tire profit par un quelconque moyen.

Selon Theresa Chu, avocate spécialisée dans les droits de l’homme à Taïwan, qui a présidé la Commission juridique de la Déclaration universelle sur la prévention et la lutte contre le prélèvement forcé d’organes, cette mesure est née de l’urgence de mettre fin à ces abus au niveau national, alors que les organismes internationaux n’ont fait que peu de choses dans ce domaine.

Les principales victimes des prélèvements forcés d’organes pratiqués par Pékin sont les pratiquants de Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa. Les pratiquants de cette pratique spirituelle, qui consiste en des exercices de méditation et des enseignements moraux axés sur les principes d’authenticité, de bienveillance et de tolérance, font l’objet d’une vaste campagne de répression de la part du Parti communiste chinois (PCC) depuis 1999.

Mme Chu, qui s’efforce de défendre les victimes du Falun Gong depuis une vingtaine d’années, a rappelé qu’elle avait déjà rencontré les responsables de l’ONU il y a près de 10 ans et qu’une pétition a été signée par environ 1,5 million de personnes à travers une cinquantaine de pays exhortant l’ONU à condamner les prélèvements d’organes.

Theresa Chu en septembre 2016. (Epoch Times)

Mme Chu a donc déjà signalé devant l’ONU l’existence de « camps de la mort » et de « camps de concentration secrets » où les membres du Falun Gong sont « assassinés lors de prélèvement forcé d’organes ». Ces camps existent dans pratiquement toutes les villes de Chine et il est de la responsabilité des parlementaires d’enquêter et de localiser ces sites.

Lors d’un autre événement organisé par les Nations unies le 22 mars, Mme Chu s’est indignée : « Les responsables n’ont pas interrogé la source de ces allégations sur le ‘camp de la mort’ (…) Ils ont écouté en fronçant des sourcils, pris des notes, mais ils n’ont pas répondu. »

Aucune condamnation donc, de la part des Nations unies ! Ni à l’époque ni aujourd’hui. L’année dernière, des experts en droits de l’homme de l’ONU ont exprimé leur choc et leur consternation face à ce qu’ils ont qualifié d’allégations crédibles de prélèvements forcés d’organes. Mais cette déclaration intervenait 14 ans après que le haut‑commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a soulevé la question auprès des autorités chinoises en 2007 (sans recevoir de réponse satisfaisante).

Face à « l’indifférence et à l’inaction » du mécanisme judiciaire international, il incombe à « chacun de ceux qui ont une conscience parmi nous d’utiliser tous les moyens démocratiques et juridiques » pour mettre fin à ces atrocités, poursuit Mme Chu. Il est « impératif » selon elle que tous les pays adoptent le projet de loi, un « remède indispensable pour mettre fin à l’anéantissement de la moralité humaine ».

Le mutisme

Les parlementaires actuels et anciens des États‑Unis, d’Espagne, de Belgique, des Pays‑Bas et de Taïwan ont convenu lors de la réunion que la question n’avait pas reçu assez d’attention.

« Cette pratique méprisable permet à la Chine de maintenir un régime de transplantation d’organes pratiquement à la demande, ce qui est inédit même dans les des pays modernes et développés « , a déclaré le député Steve Chabot (Parti républicain-Ohio). C’est selon lui, « une des pratiques les plus barbares de l’histoire de l’humanité ».

Le Néerlandais Peter van Dalen, membre de la commission des droits de l’homme du Parlement européen, a déclaré vouloir que la question du « prélèvement illégal d’organes » figure en tête de l’ordre du jour du sommet Chine‑UE du 1er avril, au cours duquel doit être discuté un accord commercial bloqué pour l’heure en raison des préoccupations relatives aux droits de l’homme à Pékin.

Des pratiquants de Falun Gong se rassemblent pour commémorer le retrait de 390 millions de personnes du Parti communiste chinois et de ses organisations affiliées, à Brooklyn, New York, le 27 février 2022. (Chung I Ho/Epoch Times)

Le mutisme, voilà bien le thème revenu régulièrement lors de la discussion du panel de médecins, d’avocats, de fonctionnaires et de défenseurs de l’éthique médicale.

« En Chine, des personnes vivantes qui s’efforcent d’être de bonnes personnes tolérantes sont tuées pour leurs organes. Si, on n’éprouve pas de réaction viscérale et déchirante à ce stade, c’est qu’on ne saisit pas l’horreur et la terreur dans lesquelles vivent chaque jour les pratiquants de Falun Gong en Chine », a déclaré le Dr Torsten Trey, directeur exécutif du groupe de défense Médecins contre le prélèvement forcé d’organes (DAFOH), basé à Washington. En 2019, du fait de ses efforts visant à faire la lumière sur cette pratique illicite DAFOH a reçu le prix commémoratif Mère Teresa pour la justice sociale.

Alors que l’agression de la Russie contre l’Ukraine suscite l’indignation internationale, les participants ont noté que la campagne d’éradication de Pékin contre les pratiquants de Falun Gong continue de passer sous le radar.

Le Dr Trey, rappelant au passage qu’il n’est pas même possible de quantifier le nombre de victimes tuées pour leurs organes au cours de ces 23 dernières années, a déclaré que le manque d’attention pourrait être dû au fait que le régime chinois mène cette persécution à huis clos.

« Tout le monde est aujourd’hui choqué de voir la tragédie humaine et la perte de vies humaines en Ukraine, mais comment réagirions‑nous si les médias sociaux et à la télévision montraient les centaines de milliers de personnes victimes du prélèvement forcé d’organes en Chine ? » a‑t‑il questionné.

Face à une telle violence, « le mutisme n’est pas neutre », a-t-il ajouté. « Le mutisme signifie qu’on décide en pleine conscience de ne pas choisir le bien. »

La parlementaire belge Annick Ponthier était tout à fait du même avis.

Selon elle, le régime ne se soucie des vies humaines que dans la mesure où il peut les exploiter pour faire avancer son programme communiste à l’échelle mondiale. Ainsi, une prise de position contre le Parti communiste chinois « devient une prise de position pour les droits de l’homme dans le monde entier », a-t-elle déclaré.

Ouvrir la voie

En ce qui concerne la proposition de Mme Chu, Taïwan, a déjà fourni une feuille de route.

Mme Tien Chiu‑chin, membre de la commission nationale des Droits de l’homme de Taïwan et ancienne parlementaire, a été l’une des principales actrices des efforts déployés par l’île pour interdire explicitement le tourisme de transplantation d’organes en 2015.

Au cours de sa première année en tant que législatrice en 2006, elle a éprouvé un terrible choc en apprenant de pratiquants de Falun Gong taïwanais ce qui arrivait à leurs compagnons de pratique en Chine.

« Auparavant, j’avais toujours pensé que les atrocités commises par les nazis étaient le mal le plus odieux », a-t-elle déclaré lors de l’événement. Une telle violation, a‑t‑elle ajouté, est « déroutante et dépasse notre imagination ».

Depuis 2015, Taïwan oblige les patients qui se rendent à l’étranger pour une greffe à enregistrer le pays, l’hôpital et le médecin impliqués dans leur opération, sous peine de se voir retirer les subventions de l’État pour les médicaments anti‑rejet, qu’il faut prendre toute sa vie suite à une transplantation. L’île tient également une liste noire des médecins chinois impliqués dans des prélèvements d’organes afin de leur interdire l’accès à Taïwan.

Ce contrôle a considérablement réduit le tourisme de transplantation vers la Chine, a déclaré Mme Tien, qui a appelé tous les pays du monde à suivre l’exemple de Taïwan.

« Nous sommes parfaitement conscients de l’importance des profits générés par le prélèvement forcé d’organes. C’est pourquoi cette horreur ne s’arrêtera pas d’elle‑même. »

Bien que Taïwan ne soit pas membre de l’ONU, Mme Tien a imploré le Conseil des droits de l’homme de l’ONU de créer une commission d’enquête.

« Nous devons au moins comprendre la situation. Nous devrions enquêter sur ce qui se passe dans le monde sur ce point. »

« Nous devons rechercher la vérité. Nous devons exposer le problème et l’affronter pour pouvoir le résoudre et mettre fin à une telle atrocité contre l’humanité et contre les droits de l’homme. »

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