Une bonne critique du mondialisme entendue à Davos

Le président argentin Javier Milei a pleinement adhéré aux principes intransigeants de liberté économique, de moralité traditionnelle et de réalisme en matière de politique étrangère

Par Thomas McArdle
22 janvier 2024 17:18 Mis à jour: 22 janvier 2024 17:29

Est-il possible d’être à la fois capitaliste, moraliste, défenseur de l’intégrité des États-nations et anti-isolationniste ? Le nouveau président argentin Javier Milei est en train de l’expérimenter.

Aujourd’hui, le terme le plus utilisé à tort et à travers dans les discours politiques est sans doute celui de « mondialisme ». Pour beaucoup de gens de gauche, il s’agit de l’exploitation des masses par les grandes entreprises dans des régions du monde de plus en plus vastes. Ces dernières années, certains représentants de la droite le définissent comme la politique des gouvernements agissant en connivence pour piétiner la souveraineté nationale, affaiblir l’Occident et ses valeurs et détraquer son ordre économique.

Peu de gens s’opposent aux avantages évidents de l’intégration économique internationale basée sur un libre-échange proprement légiféré. Aujourd’hui, nous pouvons communiquer instantanément avec presque n’importe qui et n’importe où, il est possible de se rendre dans l’Himalaya ou au Serengeti en un jour, voire en quelques heures. L’émigration ne signifie plus embarquer sur un bateau et ne plus revoir ses parents, car il est possible de prendre l’avion pour retourner dans son pays d’origine pendant les vacances d’été. Le monde est en effet devenu très petit.

Et pourtant, les disparités persistent d’un pays à l’autre dans des domaines qui auraient dû figurer en tête de liste des éléments à uniformiser. La mondialisation n’a pas rendu votre brosse à dents électrique compatible avec les prises murales du pays où vous séjournez.

À vrai dire, le mondialisme, dont l’un des principes fondamentaux serait d’empêcher de manière non démocratique les États-nations de changer de cap et d’adopter des politiques économiques non mondialistes, n’est pas un phénomène capitaliste, mais résolument socialiste. Par ailleurs, l’adoption du libre-échange capitaliste ne doit pas impliquer l’absence totale de restrictions sur les affaires des entreprises privées avec une puissance telle que la Chine communiste qui se livre à la concurrence déloyale dans le cadre de sa stratégie économique nuisible au monde libre. L’interaction économique à grande échelle entre les nations ne nécessite pas non plus une immigration libre et sans entraves.

Arthur A. Stein, professeur de sciences politiques à l’université de Californie à Los Angeles, avertit que, dans leur forme véritable, « la mondialisation, la démocratie et la souveraineté sont incompatibles » et propose comme compromis possible un monde d’États-nations dans lequel « les électeurs voteraient toujours, mais les aspects clés de la politique nécessaires à une intégration économique maintenue seraient isolés de la politique ».

Les recherches de M. Stein l’amènent également à penser qu’un « secteur public plus important » est nécessaire pour compenser « les bouleversements provoqués par la mondialisation » et qu’un tel transfert massif et socialiste de richesses rendrait « la redistribution davantage nécessaire pour des raisons politiques ».

La mondialisation ne sert donc pas les intérêts de ceux qui tirent leurs avantages du marché et de l’entreprise libres.

Alors que l’autonomie et la nationalité sont aujourd’hui apparemment en péril face au mondialisme, le président argentin Javier Milei est apparu la semaine passée dans le lieu hostile au libre marché – le Forum économique mondial (FEM) de Davos, la réunion annuelle des élites mondialistes dans les Alpes suisses. Son objectif était de mettre en garde contre le danger que représente pour l’Occident le fait que les dirigeants politiques soient menés « par une vision du monde conduisant inévitablement au socialisme et, par conséquent, à la pauvreté ».

Dans un discours qui s’est conclu par la déclaration que « l’État n’est pas la solution, l’État est le problème lui-même », suivie de l’appel « Vive la liberté ! », M. Milei a souligné que « les expériences collectivistes ne sont jamais la solution aux problèmes qui affligent les citoyens du monde. Elles en sont plutôt la cause profonde. (…) Il ne faut jamais oublier que le socialisme est toujours et partout un phénomène d’appauvrissement qui a échoué dans tous les pays où il a été expérimenté. Il a été un échec économique, social et culturel, et il a également assassiné plus de 100 millions d’êtres humains » – une référence aux génocides des tyrans totalitaires tels que Josef Staline en Union soviétique ou Mao en Chine communiste.

Le président argentin a constaté que le « capitalisme de libre entreprise » était « le seul système possible pour mettre fin à la pauvreté dans le monde, mais aussi (…) le seul système moralement souhaitable pour y parvenir ». Rappelant l’histoire des deux derniers siècles, il a noté que 95% de la population mondiale était dans une pauvreté extrême jusqu’en 1800, alors qu’en 2020, avant les confinements du Covid-19, seul 5% restait dans une telle misère.

« La justice sociale n’est pas juste », a martelé Javier Milei, accusant ceux qui « partent de l’idée que toute l’économie est un gâteau qui peut être partagé différemment ». La vérité, a-t-il poursuivi, c’est que « ce gâteau n’est pas donné ; c’est la richesse qui est générée ». Le président a décrit le marché libre comme « un processus de découverte dans lequel un capitaliste trouve la bonne voie », tandis que « le collectivisme, en faisant obstacle à ce processus de découverte (…), finit par lier les mains des entrepreneurs et les empêche d’offrir de meilleurs biens et services à un meilleur prix ».

Il a fait également l’éloge des entrepreneurs qui réussissent en tant que « bienfaiteurs sociaux qui, loin de s’approprier la richesse des autres, contribuent au bien-être général. En fin de compte, un entrepreneur qui réussit est un héros ».

Javier Milei s’en est même pris aux féministes et autres « révolutionnaires sociaux », se moquant de « la lutte ridicule et contre nature entre l’homme et la femme » ainsi qu’aux écologistes qui opposent « l’homme à la nature, affirmant que nous, les êtres humains, endommageons la planète (…) allant même jusqu’à prôner des mécanismes de contrôle de la population ou le programme d’avortement sanglant ».

Il a également souligné le fait que les socialistes modernes adoptaient des noms ou des apparences différents, de sorte qu’aujourd’hui « une bonne partie des offres politiques généralement acceptées dans la plupart des pays occidentaux sont des variantes du collectivisme » – des variantes qui portent des étiquettes les identifiant comme « néo-keynésiens, progressistes, populistes, nationalistes ou mondialistes ». Cependant, « au fond, il n’y a pas de différences majeures. Ils affirment tous que l’État doit diriger tous les aspects de la vie des individus ».

En désaccord avec la plupart des politiciens conservateurs, le dirigeant argentin a même appelé les hommes d’affaires qui ont réussi à défier le gouvernement. « Ne vous laissez pas intimider par la classe politique ou par les parasites qui vivent aux crochets de l’État », a-t-il lancé. « Ne laissez personne vous dire que votre ambition est immorale. Si vous gagnez de l’argent, c’est parce que vous offrez un meilleur produit à un meilleur prix, contribuant ainsi au bien-être général. Ne capitulez pas face à l’offensive de l’État. »

Loin de suivre les tendances inquiétantes observées ces dernières années en Amérique et dans certains autres pays occidentaux où les conservateurs cherchent à se retirer des alliances militaires, parfois même au point d’admirer Vladimir Poutine – l’ancien officier du KGB qui a apparemment l’intention de régner à vie sur la Russie -, M. Milei est en bons termes avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont le pays continue de compter sur l’aide des pays occidentaux pour combattre l’invasion brutale de Poutine. M. Zelensky a même assisté à l’investiture de M. Milei le mois dernier, qualifiant son élection de « nouveau départ » pour l’Argentine.

De toute évidence, dans sa rhétorique combative, Javier Milei a pleinement adhéré aux principes intransigeants de liberté économique, de moralité traditionnelle et de réalisme en matière de politique étrangère. On peut imaginer que l’ancien président américain Ronald Reagan, qui a joué un rôle déterminant dans la chute de l’Empire soviétique, aurait pu promouvoir les mêmes principes avec le même minimum de subtilité si, comme M. Milei, il avait pensé pouvoir s’en tirer à bon compte.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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