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Une erreur de laboratoire pourrait épargner à des millions de personnes la chirurgie oculaire au laser

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Photo: Nicoleta Ionescu/Shutterstock

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Durée de lecture: 8 Min.

Un professeur de chimie a accidentellement fait une découverte qui pourrait révolutionner la chirurgie oculaire. Alors qu’il tentait de chauffer du cartilage avec de l’électricité, Michael Hill a commis une erreur en utilisant un courant bien trop faible. C’est ainsi qu’il est tombé sur un traitement potentiellement plus doux que le LASIK, capable de remodeler la cornée sans inciser l’œil.
Cette découverte pourrait redonner espoir aux millions de personnes souffrant de problèmes de vue qui cherchent une alternative aux lunettes et aux lentilles, mais qui craignent les risques du LASIK. Bien que généralement efficace, cette chirurgie au laser – qui corrige les problèmes de vision comme la myopie, l’hypermétropie et l’astigmatisme -, nécessite de découper l’œil et peut entraîner des complications comme la sécheresse oculaire, des problèmes de vision et, plus rarement, des effets secondaires graves.
Une découverte née d’un heureux hasard
Cette avancée est le fruit d’une pure coïncidence. Frustrés par leurs tentatives de remodeler du cartilage au laser, Michael Hill et son collaborateur, le Dr Brian Wong, professeur d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie de la tête et du cou, ont décidé d’essayer de chauffer le matériau avec un courant électrique.
Michael Hill a accidentellement utilisé une intensité bien plus faible que prévu. Ils s’attendaient à voir le cartilage bouillonner, mais lorsque le Dr Wong l’a touché, il n’était pas chaud, ce qui laissait penser qu’un autre phénomène était à l’œuvre. Le partenariat entre un professionnel de la médecine (le Dr Wong) et un chimiste (Michael Hill) a permis de comprendre ce qui se passait.
De faibles courants électriques modifient le pH du cartilage, relâchant les liaisons moléculaires et rendant les tissus plus malléables.
« C’est de l’électrochimie », a déclaré le Dr Wong. « Il y a de l’hydrogène et de l’oxygène qui se dégagent. La découverte sur le cartilage est entièrement le fruit du hasard, à 100 % « .
Une alternative à la découpe au laser
L’équipe de Michael Hill a mis au point une technique appelée « remodelage électromécanique » (REM). Elle utilise de petits courants électriques pour rendre la cornée (la partie transparente et bombée à l’avant de l’œil) plus malléable, comme de l’argile, avant de la mouler pour lui donner la forme souhaitée. Une fois le courant coupé, le tissu se rigidifie dans sa nouvelle configuration.
Lors de tests sur des yeux de lapin, le processus a pris environ une minute – une durée comparable à celle du LASIK, mais sans incisions, sans équipement laser coûteux et sans retrait de tissu.

La cornée focalise la lumière sur la rétine. Si elle est déformée, la vision devient floue. La chirurgie LASIK corrige ce problème en utilisant un laser pour brûler une petite quantité de matière et remodeler la cornée, mais il s’agit d’une procédure invasive présentant des risques potentiels.

« Le LASIK n’est qu’une manière sophistiquée de réaliser une chirurgie traditionnelle. Cela reste une découpe de tissu — simplement faite au laser », a déclaré Michael Hill dans un communiqué de presse.

L’équipe a répété le processus sur 12 globes oculaires de lapin, dont 10 atteints de myopie simulée. Dans tous les cas, le traitement a modifié le pouvoir de focalisation de l’œil, indiquant un potentiel de correction de la vision. Les cellules des globes oculaires ont survécu grâce au contrôle rigoureux du niveau d’acidité du tissu par les chercheurs. Ils ont également démontré que la technique pourrait inverser une partie de l’opacification cornéenne causée par des dommages chimiques, qui nécessite actuellement des greffes de cornée.

Michael Hill et le Dr Wong étudient désormais la possibilité de remodeler la cornée sans incisions, en utilisant le remodelage électromécanique.

Le Dr James R. Kelly, ophtalmologiste et directeur de l’enseignement de la chirurgie réfractive chez Northwell Health, à New York, qui n’a pas participé à l’étude, a déclaré dans une interview à Epoch Times que le remodelage électromécanique pourrait « en théorie » réduire de manière significative certains risques de complications en évitant les incisions ou l’ablation.

« Il n’y a pas de volet cornéen susceptible de se déplacer, pas d’ablation de tissu induite par laser, et moins de perturbation de l’innervation cornéenne », a-t-il expliqué. Cela pourrait signifier moins de symptômes de sécheresse oculaire après l’intervention. « De plus, si le remodelage électromécanique s’avère réversible, ce serait un avantage majeur en termes de sécurité par rapport aux techniques actuelles à base de laser », a-t-il ajouté.

Plus de sécurité et d’accessibilité

Michael Hill a souligné que l’objectif de l’équipe était de mettre au point une technique plus accessible et plus sûre que les traitements actuels au laser.

Cependant, le remodelage électromécanique modifie temporairement le pH du tissu, et il existe des « risques potentiels » associés — lesquels ne pourront être évalués qu’à travers une étude in vivo, a-t-il indiqué.

« Nous disposons de données sur des spécimens ex vivo qui suggèrent que la technique électrochimique ne provoque pas de modifications aiguës de la structure du collagène sous-jacent de la cornée, ni de nécrose cellulaire immédiate, mais ces données sont très, très limitées », a déclaré Michael Hill.

Le Dr Kelly a expliqué que sa plus grande inquiétude concernait la capacité du remodelage à se maintenir dans le temps et à rester uniforme.

Il a souligné que la cornée est « biologiquement active » et que sa structure collagénique ainsi que son hydratation peuvent évoluer avec la cicatrisation, le vieillissement ou l’inflammation. Sans données in vivo à long terme, « nous ne savons pas si l’effet réfractif régressera, évoluera de manière imprévisible ou affectera la transparence cornéenne ». Le Dr Kelly a ajouté que la « durabilité, la stabilité et la qualité optique » sur de nombreuses années seraient des critères déterminants pour que le remodelage électromécanique puisse être considéré comme une alternative viable au LASIK, et estime qu’il pourrait s’écouler 20 ans ou plus avant que cette technique ne devienne commercialement disponible — si jamais elle le devient.

Bien que les incertitudes de financement aient temporairement ralenti les avancées, Michael Hill reste optimiste, soulignant qu’il existe « un long chemin » entre ce qui a été accompli et une utilisation clinique.

« Nos prochaines étapes consistent clairement à mener une étude sur animaux vivants ».