Logo Epoch Times

Une femme décède sept jours après son incarcération pour sa foi en Chine

top-article-image

Un officier de la police paramilitaire chinoise monte la garde devant un portrait du défunt leader communiste Mao Zedong à la porte Tiananmen avant la session d'ouverture de l'Assemblée populaire nationale (APN) au Grand Hall du Peuple à Pékin, le 5 mars 2025.

Photo: PEDRO PARDO/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 8 Min.

Zhang Fengxia, 52 ans, détenue illégalement en Chine en raison de sa foi, est décédée d’une hémorragie cérébrale massive sept jours après son placement en détention, selon un rapport publié sur Minghui.org, une organisation américaine à but non lucratif qui documente la persécution en cours du Falun Gong. Le site a publié les détails du décès de Mme Zhang, ainsi que les témoignages de ses proches, le 9 octobre.
Mme Zhang, adepte du Falun Gong, avait été détenue illégalement le 11 août, après ce que sa famille décrit comme un enlèvement.
Le Falun Gong, également appelé Falun Dafa, est une discipline spirituelle fondée sur les principes de vérité, de compassion et de tolérance. Présentée au public en Chine en 1992, la pratique s’est rapidement répandue par le bouche-à-oreille, atteignant, selon les estimations, entre 70 et 100 millions de pratiquants en 1999.
Craignant que la popularité du Falun Gong ne menace la stabilité du régime, le Parti communiste chinois a lancé, le 20 juillet 1999, une campagne brutale visant à éradiquer la pratique. Depuis, un nombre incalculable d’adeptes ont été victimes de détention arbitraire, de torture, de lavage de cerveau, de travaux forcés, voire de prélèvements d’organes à vif par le régime chinois.
Le 11 août, Mme Zhang et son mari étaient rentrés chez eux vers 14 heures après avoir rendu visite à des proches, lorsqu’ils ont rapidement subi une coupure de courant, précise le rapport. Bien qu’ils soient demeurés chez eux malgré l’interruption, un policier a appelé le mari de Mme Zhang pour lui demander de descendre, prétextant avoir rayé sa voiture.
En ouvrant la porte, le mari de Mme Zhang a vu deux agents du commissariat de Huizhan s’introduire de force dans leur domicile et emporter Mme Zhang, d’après le rapport.
La famille a ensuite appris que la coupure avait été déclenchée intentionnellement, vraisemblablement par les agents postés à l’extérieur.
Mme Zhang a été détenue au centre de détention n°2 de la ville de Daqing et inculpée d’« atteinte à l’application de la loi », une accusation que Minghui évoque comme fréquemment utilisée contre les prisonniers d’opinion en Chine.
Dès le lendemain de son arrestation, les policiers ont transmis le dossier de Mme Zhang au parquet et réclamé une lourde peine, à moins qu’elle n’accepte de rédiger une déclaration renonçant à sa foi. Mme Zhang a maintenu qu’elle n’avait commis aucune faute en pratiquant le Falun Gong.
La famille de Mme Zhang est restée sans nouvelle jusqu’au 17 août, date à laquelle le directeur du centre de détention les a appelés pour leur demander de se rendre à l’hôpital.
« Dépêchez-vous de venir aux urgences. Si vous tardez, vous pourriez ne plus jamais la revoir ! », se sont-ils rappelés.
À leur arrivée, les proches de Mme Zhang l’ont trouvée intubée. Un médecin leur a annoncé qu’elle souffrait d’un anévrisme cérébral et d’une hémorragie intracrânienne — un saignement massif, inopérable. Rien ne pouvait être fait pour la sauver, leur a-t-il dit, si ce n’est l’assister par ventilation artificielle, tandis que la famille appelait ses proches et préparait les funérailles.
À l’hôpital, les autorités ont fait pression sur la famille pour qu’elle signe des documents dégageant la responsabilité des policiers dans le décès de Mme Zhang, affirme le rapport Minghui.
Une vingtaine de membres du commissariat local et du centre de détention étaient présents pour pousser la famille à signer une demande de mise en liberté sous caution, d’après les proches. La police a ensuite cherché à leur faire signer un certificat de libération, afin de masquer officiellement la mort de Mme Zhang en détention, mais la famille a refusé.
La famille s’est vue contrainte de prendre en charge l’ensemble des frais médicaux et d’hospitalisation, tout en restant sans accès à la moindre information sur les circonstances exactes du décès, ni de la part de la police, ni du centre de détention.
Le chef de la police locale, nommé Xue, n’a apporté aucune précision sur l’état de Mme Zhang, se contentant d’indiquer que « les consignes sont de clôturer les affaires concernant le Falun Gong sous trois ans. Notre rôle est d’arrêter les gens, rien d’autre », a rapporté un membre de la famille.
Le centre de détention a quant à lui déclaré ignorer comment Mme Zhang avait pu subir un traumatisme cérébral d’une telle gravité, tout en rappelant lui avoir fait passer un examen physique avant l’admission.
« Nous ne faisons que garder les détenus. Nous ne toucherions même pas un cheveu de sa tête », a assuré le directeur du centre, nommé Hou, selon la famille. « L’enquête ne nous concerne pas. »
Le centre de détention a montré à la famille des images de vidéosurveillance prises dans la cellule de Mme Zhang le dernier jour. On l’y voit allongée sur son lit vers midi, les mains croisées sur le ventre. Brusquement, elle lève les jambes, le reste de la posture inchangé. Quelques minutes plus tard, un médecin pratique une réanimation cardiorespiratoire sur Mme Zhang. Vingt minutes plus tard, elle est évacuée en ambulance.
La famille soupçonne que Mme Zhang a cessé de respirer dans la cellule et qu’elle est décédée sous la garde des autorités.

Des années de harcèlement

Les agents du commissariat de Huizhan avaient pris Mme Zhang pour cible depuis plusieurs années.
En juillet 2022, huit policiers avaient arrêté Mme Zhang à son domicile, où ils avaient saisi des livres de Falun Gong, une photo du fondateur du mouvement et l’ordinateur de Mme Zhang. Ils lui avaient indiqué qu’elle avait été filmée en train de distribuer du matériel lié au Falun Gong, et qu’une procédure avait été ouverte contre elle en avril, selon le rapport Minghui.
À cette époque, la Chine était encore soumise à de strictes restrictions sanitaires liées au Covid-19, empêchant les autorités de détenir Mme Zhang. Elle avait été relâchée sous caution pour un an. En 2023, un officier nommé Li Zhicai a tenté d’imposer à Mme Zhang la signature d’un formulaire de surveillance résidentielle et de l’obliger à se rendre au commissariat pour interrogatoire. Mme Zhang a refusé de signer ce document, ce qui l’aurait mise en probation, et a dès lors été suivie et harcelée régulièrement par les services de police locaux dirigés par M. Li.
Un temps, Mme Zhang vivait séparée de son mari à cause du harcèlement ; les officiers ont alors reporté leur pression sur ce dernier.
En 2024, M. Li a finalement affirmé à la famille de Mme Zhang que la procédure était abandonnée et qu’elle ne serait plus inquiétée si elle rentrait chez elle. Mme Zhang a réintégré le domicile conjugal début 2025, avant d’être arrêtée à nouveau le 11 août.