Violences aux États-Unis : des États démocrates s’opposent au déploiement de la Garde nationale décidé par Donald Trump

Des agents fédéraux ont lancé des grenades fumigènes pour disperser les manifestants devant les bureaux de l’agence Immigration and Customs Enforcement (ICE) à Portland
Photo: Oregon, le 5 octobre 2025. John Fredricks / Epoch Times
Durée de lecture: 9 Min.
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À Portland (Oregon) et à Chicago (Illinois), deux villes dirigées par des élus démocrates, les protestations, parfois violentes, s’inscrivent dans le cadre des opérations de Washington visant à expulser des immigrés en situation irrégulière.
À la suite de l’annonce par Donald Trump du déploiement de la Garde nationale, les États de l’Oregon et de l’Illinois ont saisi la justice pour bloquer la mesure. Ils ont obtenu gain de cause en Oregon, tandis que la procédure est encore en cours dans l’Illinois.
En juin, le président américain avait déjà envoyé la Garde nationale et des marines à Los Angeles pour répondre à des manifestations anti-agence ICE, puis à Washington en août pour soutenir les opérations de maintien de l’ordre. Ces deux interventions ont résisté aux recours juridiques intentés localement.
Les élus locaux contestent ces déploiements au nom de la séparation des pouvoirs et de la compétence des États en matière constitutionnelle, tandis que les autorités fédérales justifient leur action par la hausse de la criminalité et des troubles dans certaines grandes villes.
Selon la Maison-Blanche, les attaques contre le personnel de l’agence ICE ont bondi de plus de 1000 % depuis janvier. Le 24 septembre, une attaque contre un bâtiment de l’agence ICE à Dallas a fait deux morts – dont l’assaillant.
Des reportages de terrain menés par Epoch Times dans trois grandes villes montrent toutefois des perceptions contrastées, tant du côté des élus que des habitants.
Portland, Chicago et Memphis
Des centaines de manifestants se sont rassemblés le 3 octobre devant le siège local de l’agence ICE à Portland, scandant des slogans hostiles et proférant des menaces à l’encontre des agents fédéraux retranchés derrière une grille métallique.
« Cet endroit serait parfait pour vous pendre », a lancé une femme vêtue de noir dans un mégaphone, en désignant la façade du bâtiment. « On pourrait en accrocher douze de chaque côté… ce serait efficace. »
Le lendemain soir, la manifestation prenait de l’ampleur, avec la présence de membres d’Antifa. Vers 21 heures, des agents fédéraux ont lancé des gaz lacrymogènes pour repousser la foule.
La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a qualifié ces rassemblements « d’émeutes » et accusé les protestataires d’inciter à la violence.
« Depuis plus de cent jours, nuit après nuit, les locaux de l’agence ICE sont littéralement assiégés par ces anarchistes », a-t-elle déclaré le 6 octobre.
Selon Bob Day, chef de la police de Portland, 36 arrestations ont été effectuées depuis juin, mais il estime qu’une intervention fédérale n’est pas nécessaire.
« Je l’ai déjà dit : nous n’avons pas besoin de la Garde nationale pour gérer la situation sur le front sud », a-t-il affirmé à la télévision locale KGW News.
Il a toutefois reconnu que des violences avaient bien eu lieu : « Je ne serais pas honnête si je prétendais le contraire : il y a eu des agressions, il y a eu des affrontements. »
Le chef de la police a également admis que ses effectifs étaient déjà trop limités pour répondre à toutes les urgences.
À Chicago, le 2 octobre dernier, deux attaques violentes ont visé des agents de l’ICE, selon le Département de la Sécurité intérieure (DHS). Deux immigrés en situation irrégulière auraient tenté de foncer sur des agents avec leur véhicule, et l’un d’eux était armé d’un fusil semi-automatique.
Depuis le 8 septembre, l’agence ICE a arrêté plus de 1000 personnes soupçonnées d’être en situation irrégulière dans l’Illinois. Le 30 septembre, une descente dans un immeuble de cinq étages a conduit à 37 arrestations. L’opération visait des individus liés à un gang violent, le Tren de Aragua.
Les 3 et 4 octobre, des affrontements entre manifestants et policiers ont entraîné plusieurs arrestations. Des clôtures ont été installées autour du bâtiment en brique, situé dans un quartier populaire.
Les autorités municipales se sont jointes à la plainte de l’État pour bloquer le déploiement fédéral.
« Nous n’avons ni besoin ni envie de voir la Garde nationale dans nos rues », a déclaré le maire de Chicago, Brandon Johnson, le 6 octobre.
Il estime que la ville a connu son été le plus sûr depuis soixante ans : 331 meurtres recensés au 4 octobre, contre 456 à la même période l’année précédente. Pour autant, le site officiel de la ville rappelle que « Chicago reste confrontée à des niveaux de violence dévastateurs, phénomène particulièrement marqué depuis 2016 ».
Le même jour, le maire signait un décret désignant les propriétés municipales comme « zones sans ICE », interdisant aux agents fédéraux d’y mener leurs opérations.
Donald Trump a annoncé l’envoi prochain de la Garde nationale à Memphis (Tennessee), où le taux de criminalité violente était en 2024 six fois supérieur à la moyenne nationale. Cette année-là, la ville arrivait en tête du pays pour les crimes violents comme pour les atteintes aux biens.
« La Garde nationale du Tennessee devrait arriver dans les prochains jours », a déclaré le maire Paul Young sur ABC24. « Nous nous attendons à les voir bientôt sur le terrain. »
Car contrairement à Portland et Chicago, Memphis et l’État du Tennessee ont accueilli cette initiative favorablement.
« Nous avons déjà investi massivement dans la lutte contre la criminalité au cours de mes sept années de mandat, et grâce au leadership du président Trump, cette force commune nous donnera tous les moyens nécessaires pour produire un véritable changement », a affirmé le gouverneur républicain.
Le maire de Memphis estime que les autorités fédérales viendront en soutien aux efforts de la police locale : « Cela va nous permettre de retirer des rues les individus directement responsables des crimes violents. »
La plupart des habitants interrogés par Epoch Times se sont dits favorables à l’intervention fédérale.
« C’est une bonne chose que la Garde nationale vienne ici », estime Daphne Carpenter, 37 ans, évoquant plusieurs fusillades récentes, dont celle d’une jeune diplômée de 18 ans.
« Je me sens plus en sécurité », explique Kourtney Winters, de Memphis.
Beaucoup de résidents nuancent toutefois l’image de ville dangereuse véhiculée par les médias. « Cela affecte la vie de mes enfants, bien sûr, mais je n’ai jamais vu la situation telle qu’elle est décrite de l’extérieur », confie Cosandra Neely, enseignante depuis de longues années.
Même constat pour Sarah Tims, originaire de Memphis : « Il y a des problèmes, oui, mais ça dépend des quartiers. » Elle dit se sentir en sécurité en tant que femme seule.
D’autres estiment que ces dépenses fédérales seraient mieux utilisées pour l’éducation et la lutte contre la pauvreté. « La criminalité à Memphis ne date pas d’hier », souligne Michelle, une jeune femme rencontrée lors d’un anniversaire. « Ce n’est pas une crise soudaine. »
Certains visiteurs, au contraire, notent des améliorations visibles. « C’est une transformation incroyable par rapport à ma dernière visite », confie Chad Cassells, 54 ans, venu de Floride. « Avant, c’était un peu risqué, je n’aurais pas osé sortir seul. »










