Washington prend l’avantage sur Pékin dans le conflit tarifaire

Des analystes affirment que les États-Unis ont l'avantage dans le différend commercial, tandis que la Chine connaît une augmentation des fermetures d'entreprises et une hausse du chômage

Par Haizhong Ning, Luo Ya & Olivia Li
10 mai 2025 17:57 Mis à jour: 10 mai 2025 17:57

Alors que la Chine maintient une position ferme et une rhétorique intransigeante en réponse à la hausse des tarifs douaniers imposée par les États-Unis, des analystes affirment que Pékin tente de masquer ses difficultés économiques et de sauver la face.

En revanche, ils notent que les États-Unis, armés d’un plus grand pouvoir de négociation, ont adopté une approche diplomatique plus souple, prenant le dessus sur le régime chinois qui s’est accroché à une stratégie rigide largement considérée comme inefficace.

Malgré la pression économique croissante, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a réaffirmé en avril la position intransigeante de la Chine sur le différend commercial avec l’administration Trump, déclarant : « Une bataille ? Nous nous battrons jusqu’au bout. Un dialogue ? Notre porte reste grande ouverte. »

Henry Wu, macroéconomiste et responsable de la recherche économique chez Taiwan AIA Capital, a déclaré à Epoch Times que la rhétorique agressive du Parti communiste chinois (PCC) vise à préserver son image publique.

« Ils n’arrêtent pas de dire qu’ils se battront jusqu’au bout, mais la vérité est que Xi Jinping a mal évalué l’impact des tarifs américains. Au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes, il a eu recours au sentiment nationaliste, ce qui a finalement entraîné le déclin de l’économie chinoise », a poursuivi M. Wu.

Ces dernières semaines, le secteur chinois de l’exportation a été durement touché, avec une augmentation des fermetures d’entreprises et une hausse du chômage. Des vidéos d’ouvriers de l’industrie et de propriétaires d’entreprises se plaignant du ralentissement ont largement circulé sur les médias sociaux chinois.

Pékin a initialement tenté de rallier l’opposition internationale aux tarifs douaniers réciproques du président américain Donald Trump par le biais d’actions diplomatiques et d’appels aux intérêts économiques communs, mais n’a guère réussi, en particulier dans ses efforts pour courtiser l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) et l’UE, car d’autres pays ont donné la priorité à leurs propres intérêts.

« Malgré les frictions politiques occasionnelles avec Washington, ni l’un ni l’autre bloc ne peut se permettre de s’aliéner les États-Unis », a expliqué à Epoch Times, Wang He, commentateur des affaires chinoises basé aux États-Unis.

« En 2024, l’UE et l’ANASE affichaient toutes deux d’importants déficits commerciaux avec la Chine, qui étaient effectivement compensés par leurs excédents commerciaux avec les États-Unis. De plus, avec l’affaiblissement de l’économie chinoise et ses perspectives incertaines, Pékin a peu à offrir en termes d’avantages économiques tangibles. Par conséquent, très peu de pays se sont alignés sur la Chine, la laissant de plus en plus isolée sur la scène mondiale », a ajouté M. Wang.

Il a noté que le régime chinois espérait également que les États-Unis tomberaient dans le désarroi sous la pression des tarifs douaniers, mais cela ne s’est pas produit.

« Au contraire, c’est l’économie chinoise qui a été touchée », a déclaré M. Wang.

Le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, le représentant au Commerce, Jamieson Greer, et le vice-premier ministre chinois, He Lifeng, se rencontreront en Suisse les 10 et 11 mai pour les premières négociations commerciales en personne depuis le début du conflit tarifaire, dans le but d’apaiser les tensions, quelques semaines après que M. Trump a annoncé des droits de douane de 145 % sur les importations chinoises et que Pékin a répondu par des droits de douane de 125 % sur les importations américaines.

Le 9 mai, M. Trump a signalé qu’il envisageait de réduire les tarifs douaniers sur la Chine de 145 % à 80 % avant la réunion.

« Un tarif de 80 % sur la Chine semble correct ! C’est à Scott B. de décider », a écrit M. Trump sur son compte de réseau social vendredi matin, en référence à M. Bessent.

Bien que la Chine ait publiquement nié que Xi Jinping se soit entretenu avec M. Trump ou que de hauts fonctionnaires chinois aient eu des entretiens commerciaux privés avec la Maison-Blanche, des informations suggèrent que la Chine a discrètement abaissé les tarifs douaniers sur certaines importations américaines – en particulier les produits de haute technologie – comprenant les semi-conducteurs.

« Les deux parties ont dû rester en contact à différents niveaux et par différents canaux, mais Pékin jouait sur les mots, insistant sur le fait que ces contacts ne constituaient pas des négociations formelles », a expliqué M. Wang.

Selon lui M. Trump a utilisé les tarifs douaniers comme moyen de pression pour forcer la Chine à négocier et à ouvrir ses marchés.

« M. Trump s’est montré proactif et flexible, tandis que la Chine, sur la défensive et soucieuse de son image, est restée obstinée, créant un contraste saisissant », a fait remarquer M. Wang.

Concernant l’avenir des relations commerciales entre les États-Unis et la Chine, M. Wu a noté que lors du premier mandat de Donald Trump, Washington avait déployé d’importants efforts de négociation, pour finalement constater que les accords n’étaient souvent pas respectés. « Même lorsque la Chine signait, la mise en œuvre était généralement superficielle et de courte durée, juste suffisante pour satisfaire au strict minimum. »

Selon lui, M. Trump pourrait ne pas être intéressé par des pourparlers cette fois-ci, soulignant qu’il a augmenté les tarifs douaniers sur les produits chinois jusqu’à 145 % sans entamer de négociations, tout en poursuivant activement des accords commerciaux avec le Canada, le Mexique, Taïwan, le Japon et le Vietnam.

« Les États-Unis ont compris que Xi Jinping n’était pas le seul à poser problème : c’est l’ensemble du système autoritaire du PCC qui est en cause », a souligné M. Wu. « Dans ce système, tous les gains économiques sont finalement accaparés par les élites à travers le pouvoir politique. L’intégration de la Chine dans la mondialisation n’a fait que renforcer ce modèle autoritaire. Aujourd’hui, le président Trump voit clairement qu’il ne s’agit pas seulement de négocier, mais d’exercer une pression maximale pour faire tomber le régime du PCC et reconstruire une Chine fondée sur la démocratie, l’État de droit, la liberté et les droits de l’homme. »

M. Wang a prédit que, pour l’avenir, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine suivrait probablement un schéma de combats et de pourparlers continus, sans résolution à court terme.

« Mais M. Trump devrait rapidement finaliser des accords commerciaux avec d’autres pays cette semaine, ce qui renforcera sa position. Si les États-Unis forment une alliance tarifaire, la Chine sera confrontée à une pression encore plus forte. À ce stade, l’initiative est fermement entre les mains du président Trump », a-t-il indiqué.

M. Wu a suggéré une autre possibilité. Il pense que les pourparlers en Suisse pourraient ne pas aboutir à un résultat positif. Il pourrait s’agir d’un événement unique, sans négociations ultérieures.

Jack Phillips a contribué à la rédaction de cet article.

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