« 3h10 pour Yuma » : la vraie masculinité face au mythe du machisme

Ce volet de la série "Films pour adolescents et jeunes adultes" dépeint la construction et la disparition de la masculinité

Par Rudolph Lambert Fernandez
18 juin 2025 22:10 Mis à jour: 19 juin 2025 17:46

Dans son western à l’image parfaite 3:10 to Yuma (2007), le réalisateur James Mangold affirme que les enfants, les femmes et les hommes qui s’abritent sous l’ombre d’une masculinité subtile devraient être reconnaissants, et non pas aspirer à une alternative spectaculaire mais superficielle.

La sécheresse et les dettes obligent Dan Evans (Christian Bale), vétéran unijambiste de la guerre de Sécession et éleveur à la petite semaine, à se joindre à une bande. Ils sont partis à la recherche de Ben Wade (Russell Crowe), un hors-la-loi véreux mais charmant, pour le mettre dans le train de 3 h 10 qui le conduira à la prison de Yuma. Pendant que Dan se débat dans cette chasse à l’homme bien réelle, sa femme Alice (Gretchen Mol), son fils cadet Mark (Benjamin Petry) et son fils aîné William (Logan Lerman) se retrouvent dans une chasse à l’homme d’un autre genre.

Alice et William, en particulier, sont contraints de faire face à des manifestations contrastées de la masculinité : la suffisance de Ben Wade, le sadisme de son acolyte dévoué Charlie Prince (Ben Foster) et le courage tranquille et consciencieux de Dan Evans. En les observant, William doit choisir le genre d’homme qu’il veut être, tandis qu’Alice s’interroge sur le genre de mari qu’elle préférerait avoir.

Dan Evans (Christian Bale) n’est pas respecté par sa femme, Alice (Gretchen Mol), dans 3:10 to Yuma. (Lionsgate Entertainment/MovieStillsDB)

Une femme obstinée, un fils têtu

Pour Alice, l’infirme Dan Evans n’est qu’un demi-homme, loin d’être assez viril pour elle. Son mépris se transmet à William, qui pense que son père est un lâche indécis qui n’aime pas prendre de risques. Mais avec sa famille bien-aimée à protéger et à entretenir, Dan ne peut pas se permettre d’être cavalier, même pour impressionner sa femme obstinée ou son fils têtu. Il espère que lorsque William marchera dans les pas de son père, il comprendra. Méprisant, William le détrompe en lui disant : « Je ne me mettrai jamais à ta place. »

William Evans (Logan Lerman, à g.) s’oppose à son père, Dan Evans (Christian Bale), dans  3:10 to Yuma. (Lionsgate Entertainment/MovieStillsDB)

Toujours aussi charismatique, Ben Wade, brièvement chez les Evans, est observé par un William ébloui et une Alice rougissante et légèrement flattée. Dan est en train d’apprendre à ses fils à faire la différence entre être en colère contre quelqu’un et tuer quelqu’un. Pour lui, si l’agresseur est injuste, la colère peut être légitime, mais le meurtre ne l’est jamais. Mais pour Ben Wade, qui affiche un sourire suffisant, il n’y a pas de différence entre tuer un homme et un animal. Il considère que son équipe et lui ne sont guère plus que des animaux. Leurs instincts devraient l’emporter sur tout le reste : « C’est dans la nature de l’homme de prendre ce qu’il veut », à ses yeux.

Regardez comment l’impétuosité de William se manifeste. C’est par l’expérience (et l’erreur) que les garçons apprennent à devenir des hommes, en distinguant le risque calculé de l’imprudence.

Ici, même les hommes valides finissent par devenir des renégats. Par ses actes, et non par ses paroles, Dan Evans l’unijambiste démontre que la masculinité n’est pas seulement une question de physique. C’est un degré supérieur de l’être, plus proche d’un état d’esprit, et une expression de la volonté.

Oui, les paroles ont leur importance. Dan met en garde William contre l’utilisation de jurons comme de prétendus pistons pour se gonfler. Les mots n’ont qu’une portée limitée. Ben Wade aussi a des paroles. Il cite la Bible pour s’expliquer ou se justifier. Il dessine ce qui attire son attention – un oiseau, une belle serveuse, un homme courageux. C’est plus fort que lui. Il respecte la beauté, la vérité et la bonté. Mais il ne peut pas montrer ces valeurs qui sont au fond de lui, sauf sur le papier.

Le charmant hors-la-loi Ben Wade (Russell Crowe) est l’image même du macho dans 3:10 to Yuma. (Lionsgate Entertainment/MovieStillsDB)

Plus que de sortir ses armes ou ses portraits, Ben Wade trouve du plaisir à attirer l’attention sur lui ; la bravade est une habitude qui nourrit son égocentrisme. Comme la féminité, la masculinité se définit par l’attention à autrui. L’altruisme par une personne narcissique perd son authenticité et toute spontanéité.

Le respect de la masculinité

Il est facile pour les garçons de dégénérer en caricatures d’eux-mêmes en tant qu’hommes. Rester masculin est une tâche ardue. C’est pourquoi les hommes masculins exigent et méritent le respect ; ils le donnent en premier. On entend la fermeté dans la voix de Dan lorsqu’il dit laconiquement à Alice : « J’en ai assez de voir mes garçons souffrir de la faim. Je suis fatigué de la façon dont ils me regardent. Je suis fatigué de la façon dont vous ne me regardez pas. »

Les femmes qui ne savent pas faire la différence entre ce qui est masculin et macho ont du mal à respecter le masculin chez les autres parce qu’elles détestent le féminin en elles-mêmes.

Le premier plan du film se déroule la nuit. Le petit Mark dort. Réveillé, William craque une allumette, puis contemple avec adoration un croquis de bande dessinée représentant un homme à califourchon sur un cheval cabré. Les mots « Deadly Outlaw » (hors-la-loi mortel) sont affichés sur la page.

Ils semblent inviter le garçon à entrer dans un monde où l’homme obtient « ce qu’il veut » et ne laisse rien ni personne se mettre en travers de son chemin. C’est là une explication par James Mangold de son film, comme s’il souhaitait que le garçon aux yeux pleins d’étoiles voie, au-delà de la mascotte de pacotille, l’homme qui a du cran.

Ces articles de réflexion peuvent intéresser les parents, les responsables ou les éducateurs d’adolescents et de jeunes adultes, à la recherche de bons films à regarder ensemble ou à recommander. Il s’agit de films qui, lorsqu’ils sont regardés de manière réfléchie, incitent les jeunes à devenir de meilleures versions d’eux-mêmes.

Consultez le site Internet Movie Database pour obtenir la bande-annonce, le résumé de l’intrigue, la distribution, les critiques et les évaluations ; une critique est également disponible sur le site The Epoch Times.

Vous pouvez regarder 3:10 to Yuma sur Amazon Prime Video, Apple TV et Hulu.

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