9 méthodes utilisées par le régime chinois pour freiner la montée des chrétiens en Chine

Par Jocelyn Neo
26 décembre 2019 00:11 Mis à jour: 26 décembre 2019 08:35

Dans certaines parties du monde, il n’est pas rare d’entendre des gens s’identifier comme croyants d’une foi chrétienne. Selon un sondage mis à jour par le Gallup’s Daily tracking en 2017, environ trois quarts des Américains sont soit protestants, soit catholiques. Bien que ce chiffre ne semble alarmant pour personne aux États-Unis, en Chine, cela pourrait être perçu comme un problème par le gouvernement communiste chinois, au vu du nombre croissant de personnes qui se tournent vers la foi chrétienne.

« D’ici à 2030, la population chrétienne totale de la Chine dépasserait les 247 millions, ce qui la placerait au-dessus du Mexique, du Brésil et des États-Unis en tant que plus grande congrégation chrétienne du monde », a déclaré Fenggang Yang à Telegraph en 2014, une professeur de sociologie à l’université Purdue.

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Cependant, au contraire, le Parti communiste chinois (PCC) est connu pour être athée et sévit depuis des décennies contre plusieurs groupes religieux et croyances, comprenant les pratiquants de Falun Gong, les musulmans ouïgours, les bouddhistes tibétains et les chrétiens. Il n’est donc pas surprenant qu’avec le nombre croissant de personnes qui se joignent à la population chrétienne, le PCC ait conçu plusieurs moyens pour les freiner et les cibler.

Voici neuf de ces moyens :

1. Surveillance

La province du Zhejiang est connue comme la « Jérusalem de la Chine » en raison de sa forte concentration de population et d’églises chrétiennes. Pour surveiller la croissance de la population, le gouvernement a émis des ordonnances en 2017 pour faire installer des caméras de surveillance dans les églises, en mentionnant comme raison la lutte contre le terrorisme. Certains pasteurs et pratiquants n’étaient pas d’accord avec cette mesure et ont tenté de résister, tandis que d’autres ne comprenaient pas la nécessité de ces caméras.

©Getty Images | NICOLAS ASFOURI

« Nous, les chrétiens, faisons de bonnes actions et nous ne faisons rien qui puisse mettre le public en danger », a déclaré un pratiquant au South China Morning Post. « Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement veut nous surveiller. »

2. Restriction et suppression de contenus en ligne

En 2018, de nouvelles réglementations ont été introduites pour freiner la montée du christianisme en Chine, et l’une d’entre elles comprenait la restriction du contenu religieux en ligne. Selon le site de nouvelles en ligne Hong Kong Free Press, la réglementation permet à « certains types de contenus religieux » d’être publiés sur Internet par des organisations officiellement autorisées, interdisant ainsi aux individus de télécharger ou de partager tout type de contenu religieux non approuvé par le Parti communiste chinois (PCC).

Quels types de contenus religieux ne sont donc pas autorisés ? Les photos, les vidéos ou les textes qui contiennent des prières, des chants ou des scènes où on brûle de l’encens. Jeremy Daum, fondateur de China Law Translate et expert en droit chinois, a déclaré à la presse qu’en raison de la façon dont les règlements ont été rédigés, cela pourrait signifier que les « photos d’une cérémonie de mariage » pourraient également devenir illégales.

3. Limitation des dons

Avec la popularité croissante des plateformes de financement public telles que GoFundMe, il n’est pas rare que les gens fassent des dons pour aider ceux qui sont dans le besoin, peu importe où ils se trouvent.

Cependant, en 2017, une nouvelle disposition en Chine a déclaré qu’il était interdit d’accepter des dons de groupes ou d’individus étrangers. Si une église acceptait de tels dons, elle se verrait infliger une amende. Conformément à la nouvelle règle, il est nécessaire de déclarer aux autorités les dons de plus de 100 000 yuans (environ 13 000 euros), selon Reuters.

4. Démolition des croix

Depuis 2014, de nombreux médias ont fait état du retrait des croix dans les églises du Zhejiang. Le New York Times a rapporté qu’en vertu d’une directive de 36 pages, les croix ne doivent pas être installées au-dessus des bâtiments mais plutôt sur les façades, et la couleur de la croix doit s’harmoniser avec le bâtiment. De plus, la croix ne doit pas dépasser « un dixième de la hauteur de la façade du bâtiment ».

La Hong Kong Free Press a rapporté en 2015 que selon le Gospel Herald, un journal chrétien en ligne, plus de 1 200 croix d’églises avaient été détruites au cours des 18 derniers mois dans le Zhejiang.

Les églises autorisées par l’État, comme l’Église chrétienne de Chengdong, une église des Trois-Soi de la province de Jiangsu qui a été enregistrée auprès du gouvernement, n’ont pas non plus été exemptées de faire enlever leurs croix, a rapporté l’organisation non gouvernementale chrétienne China Aid.

Maya Wang, chercheuse principale sur la Chine à Human Rights Watch, a souligné que « le gouvernement a toujours été méfiant à l’égard des religions – il contrôle étroitement les croyances et les expressions religieuses et les Chinois ne peuvent croire qu’en cinq religions officielles. Et il est important de souligner que plusieurs des églises dont les croix ont été retirées par le gouvernement sont des églises officiellement reconnues par le gouvernement ».

Ceux qui ont résisté au retrait de leurs croix ont été arrêtés, comme Huang Yizi, un pasteur de la ville de Wenzhou, dans la province du Zhejiang, qui a été détenu puis emprisonné pendant un an en 2015, selon le journal quotidien South China Morning Post.

5. Arrêter et emprisonner les gens

Alors que les gens du monde entier profitaient de la chaleur de la saison de Noël 2018 avec leurs proches, en Chine de nombreux chrétiens d’églises non reconnues par le PCC ont dû faire face à des arrestations massives et à une surveillance permanente pour leur foi.

Les 9 et 10 décembre 2018, une centaine de fidèles ainsi que leur pasteur de l’église de l’Alliance des premières pluies, une église protestante indépendante de Chengdu, dans la province du Sichuan, ont été placés en garde à vue. La raison invoquée était que leur église n’était pas enregistrée auprès des autorités chinoises. Les églises non enregistrées en Chine sont appelées « églises clandestines » par le régime communiste.

Il arrive également, et souvent, que les personnes détenues soient victimes de persécutions de la part de la police, comme le fait d’être battues ou privées de nourriture et d’eau, comme dans le cas des fidèles de l’église de l’Alliance des premières pluies (Early Rain Covenant).

Bob Fu, le fondateur de l’organisation américaine de défense des droits des chrétiens China Aid, a déclaré au South China Morning Post qu’en 2018, plus de 10 000 cas de chrétiens détenus ont été enregistrés, contre environ 3 000 cas en 2017.

6. Tuer pour le prélèvement forcé d’organes

Ces dernières années, il y a eu de nombreux rapports qui indiquent que le régime communiste a prélevé de force des organes de prisonniers de conscience, la majorité d’entre eux étant des pratiquants de Falun Gong.

Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, est une ancienne pratique de culture de l’esprit et du corps basée sur les principes d’Authenticité, de Bienveillance et de Tolérance. La pratique a été interdite par le régime communiste chinois en 1999, peu après qu’une enquête menée par l’État a estimé qu’il y avait au moins 70 millions de personnes qui pratiquaient le Falun Gong en Chine.

Depuis que le régime communiste a commencé à réprimer la pratique en juillet 1999, de nombreux pratiquants du Falun Gong ont été arrêtés et détenus.

Photo : Minghui.org

Dans les centres de détention, ceux qui pratiquent le Falun Gong se sont également retrouvés « fréquemment soumis à des tests sanguins et des examens médicaux alors que d’autres prisonniers ne reçoivent pas de tels traitements (de même, les Ouïghours, les Tibétains et certains groupes de chrétiens clandestins ont aussi été ciblés par ces examens) », selon le rapport de 2016 Bloody Harvest / The Slaughter : An Update de David Kilgour, ancien secrétaire d’État canadien (Asie-Pacifique), Ethan Gutmann, candidat au prix Nobel de la paix, et David Matas, avocat spécialisé dans les droits de l’homme.

Le but de ces examens médicaux est de vérifier l’état de leurs organes pour leur prélever de force en vue de demandes de transplantations.

À la suite de la mise à jour de leur rapport accablant, David Matas a déclaré : « La conclusion ultime de cette mise à jour et de notre travail précédent est que la Chine s’est engagée dans l’assassinat massif de prisonniers de conscience, principalement des pratiquants des exercices spirituels du Falun Gong, mais aussi des Ouïghours, des Tibétains et certains chrétiens d’églises clandestines, afin d’obtenir des organes pour des transplantations. »

©The Epoch Times

Dans le rapport, les auteurs ont également estimé que le nombre d’organes prélevés par an se situait entre 60 000 et 100 000, alors que les autorités chinoises affirmaient que seulement 10 000 transplantations d’organes ont lieu chaque année.

7. Interdire aux enfants d’avoir des activités religieuses

En 2016, le régime communiste a publié des règles d’éducation pour les ouïgours, qui stipulent que les parents ne peuvent pas « organiser, attirer ou forcer les mineurs à participer à des activités religieuses », rapporte le magazine américain Foreign Policy. La règle stipule également que si un parent est pris à encourager la religion, « tout groupe ou personne a le droit de mettre fin à ce genre de comportement et de le signaler aux autorités de la sécurité publique ».

Tout comme la minorité ethnique des Ouïgours, la population chrétienne a également été soumise à des règles similaires, où les enfants étaient limités ou empêchés d’assister aux activités religieuses.

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Les autorités de la ville de Wenzhou ont interdit l’école du dimanche en 2017, a rapporté Reuters. Malgré l’interdiction, les églises n’ont pas été dissuadées. Plusieurs chrétiens ont déclaré que certaines églises avaient déplacé l’école du dimanche au samedi ou commencé à enseigner aux enfants dans des maisons privées. Dans d’autres provinces, comme le Jiangsu et le Henan, les enfants n’ont pas pu participer aux camps d’été chrétiens, d’après The World Watch Monitor, un organe de presse chrétien.

Le journal ajoute que les églises du Mouvement patriotique des Trois Soi, reconnues par l’État (dans la ville de Fuzhou – province de Fujian), ont été informées « qu’il est interdit de forcer ou de tenter les jeunes à croire en une religion, et il est également interdit de mener des activités religieuses dans des lieux non enregistrés sans autorisation ».

8. Renoncer à la foi

Une autre méthode utilisée par le régime communiste pour freiner l’augmentation de la population chrétienne est de la faire renoncer à sa foi. La VOA a rapporté en août 2018 que certains chrétiens chinois avaient affiché sur Internet un formulaire de renonciation écrit par les autorités, et qu’il fallait signer.

Ce formulaire contenait la déclaration suivante : « J’avais une compréhension limitée du christianisme. Accepter le christianisme comme ma croyance, c’est aussi suivre aveuglément la tendance. J’ai maintenant une compréhension plus complète de la religion et des croyances religieuses. Après avoir étudié le christianisme, j’ai une meilleure compréhension de mes besoins spirituels. J’annonce que je ne participerai plus aux activités religieuses chrétiennes à partir de maintenant et que je ne croirai plus au christianisme. »

Un mois plus tard, RFA a rapporté que le PCC avait demandé aux enseignants du secondaire de la province du Zhejiang de signer une lettre dans laquelle ils s’engageaient à ne pas suivre de religion. « Les autorités du district d’Ouhai de Wenzhou ont publié une courte vidéo qui a été mentionnée lorsque les écoles tenaient leurs réunions », a déclaré un chrétien. « Elle disait que les enseignants ne devaient avoir aucune croyance religieuse, et en particulier qu’ils ne devaient pas faire de prosélytisme dans les écoles. »

Les professionnels de la santé ont également été confrontés à des restrictions similaires et on leur a dit qu’ils devraient signaler aux autorités les personnes qui violent les lois, y compris leur famille et leurs amis.

9. Réécrire la Bible

En 2018, Bob Fu a déclaré à la Chambre des représentants des États-Unis que le Mouvement patriotique des Trois Soi et le Conseil chrétien chinois, deux organismes protestants reconnues par l’État chinois, avaient élaboré un plan quinquennal visant à « promouvoir la sinisation du christianisme », a rapporté le journal évangélique américain Christian Post.

Selon The Guardian, ce plan visait à trouver des similitudes avec le socialisme et à avoir une « compréhension correcte » des textes. Les organes ont également proposé de « retraduire la Bible ou de réécrire des commentaires bibliques ». M. Fu a expliqué au Christian Post que selon les grandes lignes, « la nouvelle Bible ne devrait pas avoir l’air occidentalisée et devrait avoir l’air chinoise en reflétant l’éthique chinoise du confucianisme et du socialisme ».

Le but final étant de ré-écrire la Bible pour la faire correspondre aux idées communistes, ce qui, à défaut de pouvoir faire disparaître la foi chrétienne, permettrait de la contrôler majoritairement.

Le PCC a déjà acté cela avec le confucianisme. Quand le Parti communiste a pris le pouvoir en Chine, Confucius a été considéré comme un ennemi à éradiquer et de nombreux temples et livres ont été détruits. Avec le temps, voyant que les valeurs du confucianisme pouvait leur faire gagner la sympathie du peuple chinois et des pays étrangers, le PCC a fait en sorte de s’approprier les paroles de Confucius pour les faire correspondre au communisme.

Sous couvert de transmettre la culture et la langue chinoises, le PCC, qui est par essence anti-Confucius, a même crée les « Instituts Confucius », qui sont en réalité des armes de « soft-power » (littéralement, « pouvoir doux ») du régime chinois. En France, le dernier en date a été ouvert à Pau malgré les inquiétudes d’ingérences et d’espionnages de Pékin sur le territoire français.

Poursuivant sa lancée, le régime chinois a déjà commencé à s’approprier la foi chrétienne. En septembre 2019, Bitter Winter, un magazine en ligne sur la liberté religieuse et les droits humains en Chine, a rapporté que les autorités chinoises avaient demandé aux chrétiens de l’église des Trois-Soi, gérée par l’État, de retirer leurs étalages de dix commandements et de les remplacer par des citations du dirigeant chinois Xi Jinping.

« Vous devez obéissance au Parti communiste à tous les égards. Vous devez faire tout ce que le Parti vous dit de faire. Si vous le contredisez, votre église sera fermée immédiatement », auraient déclaré des responsables du Département du travail du Front uni à une assemblée de la province du Henan à la fin du mois de juin 2019.

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