Colère de Pékin après l’arrestation d’une dirigeante de Huawei sur demande des USA

6 décembre 2018 09:23 Mis à jour: 10 avril 2020 13:43

La Chine s’est insurgée jeudi contre l’arrestation au Canada, sur demande des États-Unis, d’une haute dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei, une affaire qui pourrait perturber la récente trêve dans la guerre commerciale Pékin-Washington.

« Meng Wanzhou a été arrêtée le 1er décembre à Vancouver. Les États-Unis réclament son extradition et une audition pour sa remise en liberté conditionnelle doit avoir lieu vendredi », a indiqué mercredi le ministère canadien de la Justice.

Des informations de presse affirment que Washington soupçonnerait Mme Meng, la directrice financière de l’entreprise, de violation des sanctions américaines contre l’Iran. Huawei est un leader mondial des smartphones et des équipements télécoms.

L’annonce de cette arrestation intervient après l’annonce ce weekend d’une trêve dans la guerre commerciale sino-américaine, à l’issue d’une rencontre entre les présidents Donald Trump et Xi Jinping, en marge du G20 en Argentine.

« Nous exigeons des deux parties (Canada et États-Unis) que des clarifications nous soient fournies au plus vite quant aux motifs de cette détention », a martelé jeudi lors d’un point presse le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang.

Il a demandé la remise en liberté « immédiate » de Meng Wanzhou.

L’ambassade de Chine au Canada avait déjà indiqué dans un communiqué diffusé plus tôt que Pékin avait « protesté avec force » contre cette interpellation d’une citoyenne chinoise « n’ayant violé aucune loi américaine ni canadienne ».

Huawei a pour sa part indiqué n’avoir aucune connaissance d’acte répréhensible de la part de sa directrice financière.

« La compagnie a reçu très peu d’informations en ce qui concerne les accusations et n’est pas au courant d’un quelconque méfait de la part de Mme Meng », a indiqué l’entreprise dans un communiqué.

« Huawei respecte toutes les lois et réglementations en vigueur, y compris les lois et réglementations en matière de contrôle des exportations et de sanctions, adoptées par l’ONU, les États-Unis et l’Union européenne. »

La nouvelle de l’arrestation a fait plonger jeudi les bourses asiatiques, notamment chinoises : Shanghai a chuté à la clôture de 1,68 %, Hong Kong de 2,47 %.

Mme Meng est la fille de Ren Zhengfei, fondateur de Huawei en 1987, et ancien membre de l’armée chinoise.

En avril, le quotidien Wall Street Journal avait rapporté que la justice américaine avait ouvert une enquête pour établir si la dirigeante avait enfreint les sanctions américaines contre l’Iran.

Les autorités américaines soupçonneraient Huawei d’avoir exporté depuis 2016, au moins, des produits d’origine américaine vers l’Iran et d’autres pays visés par des sanctions américaines, en violation des lois des États-Unis.

Un autre géant chinois des télécoms, ZTE, a été lourdement sanctionné cette année par l’administration Trump pour avoir enfreint l’embargo américain visant Téhéran.

Washington avait interdit à la mi-avril toutes les ventes de composants électroniques américains à ZTE. Elle avait dû cesser la majeure partie de ses activités, mettant en péril sa survie. L’entreprise s’en était finalement sortie en payant une amende d’un milliard de dollars.

Le gouvernement américain a demandé officiellement en début d’année à ses opérateurs télécoms de ne pas s’équiper de produits chinois.

Plusieurs élus du Congrès à Washington voyaient notamment dans Huawei « une menace pour la sécurité des États-Unis », invoquant des rapports du groupe « avec le Parti communiste chinois ainsi qu’avec les services de sécurité et de renseignement chinois ».

La croissance explosive de l’équipementier se heurte aussi désormais à l’écueil géopolitique, certains acteurs occidentaux ou asiatiques refusant de le laisser s’installer dans leurs réseaux 5G, qui ont un caractère stratégique.

Durant l’été, l’Australie a à son tour exclu Huawei du déploiement de la 5G, estimant que « l’implication de fournisseurs susceptibles d’être soumis à des décisions extrajudiciaires d’un gouvernement étranger » constituait un risque, suivie par la Nouvelle-Zélande en novembre, officiellement pour incompatibilité technologique.

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