À Aix-en-Provence, le RN à la conquête d’une jeunesse privilégiée

Par Etienne Barreau
25 septembre 2023 12:49 Mis à jour: 25 septembre 2023 12:49

Le Rassemblement national de la Jeunesse (RNJ) des Bouches-du-Rhône, branche jeune du parti, a préféré Aix-en-Provence la bourgeoise à Marseille la populaire pour sa réunion de rentrée. Un choix stratégique pour élargir son socle.

Les garçons en chemise blanche, les filles en robe de soirée. C’est bien la jeunesse lepéniste d’Aix-en-Provence qui s’est réunie dans le bar branché du centre-ville pour lancer sa saison militante. « Lancer » et non « relancer », car tout est à construire dans la commune de 140.000 habitants. Bryan Vincent, responsable du RNJ des Bouches-du-Rhône, le reconnaît : « Pendant les élections de 2022, il n’y avait rien à Aix. » Le parti de Marine Le Pen a subi une saignée nommée Zemmour dans cette commune estudiantine et aisée. C’est ici que la première affiche géante « Je signe pour Zemmour » a été déployée sur le cours Mirabeau, dès avril 2021. Plus tard, l’antenne RN locale se faisait chiper deux de ses cadres par Reconquête : Nathalie Chevillard, conseillère régionale, et Virginie Merlin. Au premier tour des présidentielles 2022, Eric Zemmour obtenait 10 % à Aix (contre 7 % au national) et Marine Le Pen 15 % (contre 23 % au national). Opération (re)conquête donc pour le RNJ qui revendique 200 adhérents de moins de 30 ans dans le département et une vingtaine à Aix-en-Provence, dont une dizaine de militants actifs.

« Une chance historique »

En terre provençale, c’est désormais une habitude, le RN abandonne le « ni droite ni gauche » mariniste et s’habille en parti de droite. Franck Allisio, député et chef de file du groupe RN PACA, le rappelle en se plaçant dans la filiation de ses anciens compères de l’UMP Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, tenants (du moins en parole) de la ligne « dure ». Bryan Vincent le reprend à son compte : « Pour moi, le RN est un parti de droite radicale. » Une stratégie autorisée dans cette Provence orpheline d’une droite de gouvernement, alliée aux macronistes.

Le député Allisio, conscient de l’enjeu, appelle les 40 jeunes à l’action : « Vous avez une chance historique, le président du Rassemblement national a votre âge ! » Pierre-Romain Thionnet, président du RNJ et véritable « bébé Bardella », lui emboîte le pas : « Nous avons aussi un objectif de formation, d’où la liste de lecture que le RNJ vous a partagée cet été. »

De Génération Nation au RNJ

Il y a encore un an, le mouvement de jeunes de Marine Le Pen s’appelait Génération Nation (GN) et était dans un état quasi-végétatif. Son président, un certain Jordan Bardella, étant occupé à d’autres tâches comme ses mandats européen et régional. Plus question de lésiner sur la jeunesse. Les visages de ce RNJ aixois sont charmeurs : Bryan Vincent, collaborateur parlementaire, grand gaillard volubile de 24 ans au visage doux, gère les Bouches-du-Rhône et délègue le Pays d’Aix à Marie Bermejo, brune de 18 ans, étudiante en droit et moins expérimentée. Elle nous parle de ses militants : « Ce sont surtout des étudiants en droit, un peu de Sciences Po. »

Tandis que certains élus locaux comme Romain Baubry, député, et Eléonore Bez, conseillère métropolitaine, ont fait acte de présence, Nathalie Chevillard brille par son absence. Celle qui a réintégré les troupes de Jordan Bardella depuis quelques semaines devrait pourtant avoir la tâche de représenter le parti à Aix-en-Provence. Bryan Vincent balaye toute hypothèse de rancœur envers l’élue proche de Stéphane Ravier : « Ce n’est pas comme pour Stéphane. Elle n’a pas eu des mots aussi durs sur le RN et elle nous a aidés au second tour des présidentielles. »

Malgré les résultats décevants d’Eric Zemmour et le recul de Reconquête, le RNJ ne semble pas avoir siphonné la force militante jeune du parti. Aucun ancien militant de GZ n’était présent ce soir. C’est un microcosme de droite distinct que le RNJ d’Aix révèle. Loin des caricatures sur les « crânes rasés », il y avait autant de filles que de garçons.

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