À Paris, concilier patrimoine architectural et adaptation aux canicules

Par Epoch Times avec AFP
25 juillet 2019 16:16 Mis à jour: 2 avril 2021 13:16

Paris, ses toits en zinc qui font son charme…. cette signature architecturale peut tourner au cauchemar pour les habitants par 41°C comme relevés jeudi. Mais la Ville lumière travaille à s’adapter au réchauffement climatique, sans perdre son patrimoine.

Paris est une vieille dame: 80% de ses bâtiments ont été construits avant 1945. Hôtels particuliers du Marais du 17e siècle, immeubles haussmanniens du 19e, façades en brique… Toutes ces constructions datent de bien avant les réglementations thermiques. La mairie de Paris s’est dotée d’un plan climat ambitieux pour lutter contre le réchauffement climatique, avec en ligne de mire la neutralité carbone d’ici 2050.

Les seuls logements représentent presque 15% des émissions de gaz à effet de serre de la capitale, selon l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur). Pour atteindre la neutralité carbone, il faudrait rénover 40.000 logements par an d’ici 30 ans, soit la quasi-totalité des 45.000 copropriétés, selon l’Agence parisienne du climat.

Les logements doivent rester vivables quand les canicules se multiplient 

Le but est aussi que les logements restent vivables, quand les canicules vont se multiplier dans la capitale et que les pics à 40°C ou plus ne seront plus l’exception. Les bâtiments anciens possèdent des avantages, souligne l’architecte Fabien Gantois, de l’Ordre des architectes d’Île-de-France (région parisienne) .

« Ils sont mitoyens les uns des autres et ont des échanges réduits avec l’air chaud extérieur » et « les façades sur rue en pierre ont la capacité de garder la fraîcheur », détaille-t-il. Des logements sont traversants et permettent de créer des courants d’air et les immeubles possèdent pour la plupart des cours ou des courettes.

« Les courettes sont sous-exploitées, on pourrait y créer des cheminées de froid » en refroidissant l’air de la rue par les caves ou les rez-de-chaussée avant de le faire remonter par ces puits de lumière, envisage l’architecte. Les bâtiments parisiens possèdent toutefois un gros point noir en cas de fortes chaleurs: les toits. « Ils ne sont pas isolés, pas ventilés, c’est du zinc ou de l’ardoise, ils sont sombres », énumère Fabien Gantois.

Des toits clairs ou végétalisés sont eux beaucoup mieux adaptés aux fortes chaleurs.

Les murs sur cour sont souvent construits dans des matériaux moins nobles que ceux sur rue mais il est plus facile de les isoler par l’extérieur, car les façades ne sont pas sculptées, ou de les végétaliser. Le mieux est d’utiliser des matériaux bio-sourcés (fibres de bois, chanvre…), qui stockent la chaleur moins vite et la restituent la nuit.

Les fenêtres peuvent laisser entrer beaucoup de chaleur, mais il est possible de les équiper de persiennes ou de brise-soleil orientables.

Les travaux d’amélioration de la performance énergétique d’un bâtiment  isolation thermique par l’extérieur, la végétalisation d’un mur ou des changements de fenêtres,  nécessitent une autorisation auprès de la ville et les architectes des bâtiments de France chargés de conserver les bâtiments historiques ont très souvent leur mot à dire.

« Il n’y a pas d’opposition doctrinaire » à des travaux thermiques sur les bâtiments, le feu vert dépendant plus de « la qualité des projets », assure Fabrice Fouriaux de l’Agence parisienne du climat (APC).

Pour autant, il n’est pas facile de convaincre des copropriétaires car « à moyen et long terme ça peut être bénéfique mais l’investissement initial est important et compliqué à mettre en place » et ne constitue pas une plus-value à la revente, relève Vivian Dépoues, chercheur à l’Institut de l’économie pour le climat I4CE.

A terme, il faudra mener une réflexion « sur l’esthétique de la ville », estime l’architecte Fabien Gantois. « La ville haussmannienne a été conçue dans une idée d’harmonie.  On ne va pas remplacer ce qui se voit nulle part ailleurs par ce que qui se voit partout, une hétérogénéité ».

Mais ces toitures inadaptées aux canicules posent un « défi », reconnaît-il. « Que fait-on de ces toitures en zinc et en ardoises? »

 

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