Un accord entre le Saint-Siège et la Chine communiste ?

24 septembre 2018 19:13 Mis à jour: 25 septembre 2018 06:33

Commentaire

Les communistes sont arrivés au pouvoir en Chine en 1949. Comme partout où le communisme se répand, le gouvernement a rapidement commencé à emprisonner les chefs religieux, à chasser les missionnaires et à démanteler ou à détruire les églises.

Le régime a expulsé les représentants du pape et a rompu les relations diplomatiques avec le Saint-Siège en 1951. Depuis lors, les quelque 12 millions de catholiques chinois ont eu deux options : adhérer à l’association catholique patriotique contrôlée par l’État ou pratiquer dans une « église de maison », soit la partie de l’Église catholique qui reste clandestinement fidèle à Rome.

Un problème majeur au cœur de la division entre la Chine et l’Église catholique concerne la nomination des évêques. Le canon 377.5 du Code de droit canonique stipule qu’ « aucun droit ou privilège d’élection, de nomination, de présentation ou de désignation des évêques n’est concédé aux autorités civiles ». Les autorités chinoises insistent toutefois sur ce droit.

Selon le décompte¹ le plus récent , il y a environ 100 évêques en Chine. Parmi eux, environ 65 appartiennent à l’association catholique patriotique chinoise et environ 35 appartiennent à l’église « clandestine ». Certains évêques nommés par le gouvernement ont été excommuniés par Rome. Cependant, aujourd’hui un accord peut être envisageable.

Selon les médias, une délégation de haut niveau du Saint-Siège se rendra bientôt en Chine pour signer un accord sur la nomination des évêques. Cette nouvelle a suscité beaucoup de consternation dans le monde catholique, en particulier parmi ceux qui connaissent les récents abus du gouvernement chinois envers l’Église.

Destruction et emprisonnement

En 2014, des responsables chinois ont demandé aux équipes de démolir ou de cacher des statues représentant des scènes bibliques sur un site de pèlerinage catholique dans la ville de Wenzhou. Des centaines d’églises protestantes ont également été endommagées ou détruites dans le cadre de cette campagne. Ce comportement a été comparé à la destruction des biens de l’église pendant la Révolution culturelle.

En 2015, l’évêque Cosmas Shi Enxiang, âgé de 94 ans, est mort en prison après avoir passé 54 ans à travailler dans des camps de travaux forcés en raison de sa foi. Il avait été ordonné prêtre deux ans avant l’arrivée au pouvoir des communistes. Il a été arrêté pour la première fois en 1954 et a passé une grande partie des trois décennies suivantes à travailler dur. Il a finalement été libéré et ordonné comme évêque dans l’Église catholique clandestine de Chine. Malheureusement, il a de nouveau été emprisonné entre 1989 et 1993 et ​​une dernière fois, de 2001 jusqu’à sa mort. Il n’y avait pas de procès ou de charges ; son crime a été de propager sa foi.

À l’époque, la mort de l’évèque Enxiang a laissé James Su Zhimin comme le seul évêque catholique chinois encore détenu en secret. Il est en détention depuis octobre 1997, date à laquelle il a refusé de rejoindre l’Église sanctionnée par l’État. On ne l’a pas entendu depuis plusieurs années, mais selon un rapport² de sa famille datant de 2015, le gouvernement chinois l’a offert en monnaie d’échange dans les négociations avec le Vatican.

Alors même que les négociations pour l’accord à venir étaient en cours, le gouvernement chinois a renforcé son emprise sur la religion.

Ces dernières semaines, le président chinois Xi Jinping a lancé un programme visant à « siniser » toutes les religions pour s’assurer qu’elles sont conformes au point de vue du Parti communiste. Dans le cadre de cette politique, les autorités ont fermé la plus grande église protestante clandestine de Pékin.

De plus, un projet de règlement proposait d’interdire à tous les étrangers d’utiliser Internet pour promouvoir la religion, interdire les diffusions en direct et les émissions en ligne et exiger des licences des bureaux gouvernementaux pour tous les groupes religieux sanctionnés.

Les nouvelles règles mises en place au début de cette année ont augmenté les sanctions pour les congrégations non officielles et pour les activités religieuses non enregistrées des bouddhistes et des musulmans.

Nouvel accord

Alors que les termes exacts de l’accord proposé entre Rome et Pékin restent confidentiels, des sources signalent que les candidats à l’épiscopat seront choisis au niveau diocésain par le biais d’un système « d’élection démocratique » introduit par les autorités chinoises en 1957.

Dans le cadre de ce processus, les prêtres, les religieuses et les laïcs voteront parmi une liste de candidats présentés par le gouvernement. Les résultats de ces élections seront ensuite envoyés aux autorités de Pékin, qui les examineront et soumettront ensuite un nom au Saint-Siège. Le pape prendra la décision finale d’approuver ou non. Les détails de ce qui se passe après un veto papal ne sont pas clairs.

L’accord proposé comprend la reconnaissance par le Saint-Siège de sept évêques chinois « illégitimes » qui ont été ordonnés sans l’approbation du pape au cours de la dernière décennie, dont trois ont été excommuniés par Rome. Ils seront nommés évêques de leurs diocèses respectifs.

Cette concession du pape sur les évêques excommuniés exigerait des évêques qui ont rejeté le contrôle du gouvernement dans leurs diocèses de se retirer en faveur des évêques nommés par le gouvernement. Ils devront ensuite adhérer à l’association patriotique pour obtenir une reconnaissance officielle. Un évêque a déjà refusé de confier son diocèse à un évêque excommunié, approuvé par le gouvernement. De nombreux prêtres ont aussi exprimé leur réticence à se joindre à l’église sanctionnée par le communisme.

« J’imagine un dessin animé montrant le pape agenouillé et offrant les clés du royaume des cieux et disant : ‘Maintenant, veuillez me reconnaître en tant que pape.’ Les conseillers du pape lui recommandent de renoncer à son autorité », a déclaré le cardinal Joseph Zen, ancien évêque de Hong Kong, selon le journal Wall Street.

Des sources à Rome affirment que le pape François est convaincu que le dialogue, la rencontre et l’amitié peuvent apporter davantage. En espérant qu’il ait raison. Il y a certainement de nombreux différends à résoudre. Les parties ne s’entendent pas sur le statut de la conférence des évêques chinois (non reconnue par Rome), ni sur le droit de voyager qu’auront les évêques chinois et les fonctionnaires du Saint-Siège, ni sur la taille, le nombre et l’emplacement des diocèses catholiques en Chine.

Pour sa part, la Chine a toujours considéré la religion sous un angle politique. Elle voit indubitablement les bénéfices qu’un accord avec le Saint-Siège lui apporterait. Ces bénéfices sont importants et incluent la possibilité de détourner l’Église catholique de cette nation.

Ronald J. Rychlak est un avocat américain, juriste, auteur et commentateur politique. Il a publié plusieurs ouvrages, dont Hitler, the War, and the Pope (Genesis Press, 2000) (Hitler, la guerre et le pape), Disinformation (Désinformation) (co-écrit avec Ion Mihai Pacepa) et The Persecution and Genocide of Christians in the Middle East (La persécution et le génocide des chrétiens au Moyen-Orient) (coédité  avec Jane Adolphe).

Les opinions exprimées dans cet article sont les opinions de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les points de vue d’Epoch Times.

Références :

1 : HOLY SPIRIT STUDY CENTRE (consulté le 23 septembre), « Provisional statistics of the catholic church in china (2017) », sur le site Holy spirit study centre, (en ligne)
http://hsstudyc.org.hk/en/china/en_cinfo_china_stat17.html

2 : UCA NEWS (consulté le 23 septembre), « Chinese Catholics appeal for release of long-imprisoned bishop », sur le site de UCA News, (en ligne), https://www.ucanews.com/news/chinese-catholics-appeal-for-release-of-long-imprisoned-bishop/74182

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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