Affaire Gérard Depardieu: une contre-tribune récolte 8000 signatures

Par Vincent Solacroup
2 décembre 2023 16:37 Mis à jour: 2 janvier 2024 17:12

Quelque 8000 artistes ont signé en 48 heures une « contre-tribune » en réponse aux soutiens de l’acteur Gérard Depardieu, mis en cause pour viol et faisant l’objet d’un scandale politico-médiatique après la diffusion d’un documentaire sur France 2.

Depuis 2020 à la suite de la plainte de la comédienne Charlotte Arnould, l’acteur Gérard Depardieu est mis en examen pour viols qu’il réfute. Le 7 décembre dernier, la diffusion d’un documentaire Complément d’Enquête : Gérard Depardieu, la chute de l’ogre sur France 2 a créé un tollé allant jusqu’au souhait de la ministre de la Culture Rima Abdul Malak de retirer au comédien la légion d’honneur. Ce documentaire qui exposait des propos misogynes et insultants envers des femmes, a par ailleurs été critiqué pour son but de piéger l’acteur et a également dénoncé par le réalisateur pour « vol d’images ».

Le chef de l’État lui-même intervenait pour dénoncer le 20 décembre une « chasse à l’homme » contre l’acteur de 75 ans. Dans le Figaro, une tribune parue le jour de Noël appelait à « ne pas effacer » l’ex-icône du cinéma français, parue le jour de Noël. Ainsi, plus d’une cinquantaine de personnalités, artistes, écrivains et producteurs de cinéma, avaient dénoncé le lynchage médiatique dont Gérard Depardieu fait l’objet, en expliquant ne pas vouloir entrer dans la polémique et laisser la justice faire son travail. «Gérard Depardieu est probablement le plus grand des acteurs. Le dernier monstre sacré du cinéma. Nous ne pouvons plus rester muets face au lynchage qui s’abat sur lui, face au torrent de haine qui se déverse sur sa personne, sans nuance, dans l’amalgame le plus complet et au mépris d’une présomption d’innocence dont il aurait bénéficié, comme tout un chacun, s’il n’était pas le géant du cinéma qu’il est», ont écrit les soutiens de l’acteur.

Fracture

Depuis lors, contre-tribune et pétitions s’enchaînent montrant une fracture au sein du 7e art et plus largement encore.

« Merci à tous les artistes, connus ou non », dont les chanteuses Angèle et Louane ou le rappeur Médine, a écrit sur X (ex-Twitter) le collectif de gauche Cerveaux non disponibles à l’origine de la contre-tribune sur un blog hébergé sur le site de Mediapart. « Cette tribune et la défense de Macron sont autant de crachats à la figure des victimes de Gérard Depardieu mais aussi de toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles », estiment les signataires de la « contre-tribune ».

Une autre pétition critique, intitulée « Adresse au vieux monde », a été publiée dimanche sur le site de Médiapart avec quelque 70 signatures de personnalités du cinéma dont Laure Calamy et Anouk Grinberg. « Personne ne veut effacer l’artiste. Mais le talent de Gérard Depardieu n’autorise pas l’indignité de ses comportements », est-il écrit dans ce texte.

La tribune publiée lundi par Libération proclame que « l’art n’est pas un totem d’impunité ». « Les monstres sacrés n’existent pas. Il n’y a que des hommes ordinaires auxquels on a donné tous les droits », est-il écrit dans cette tribune signée par 150 personnalités du monde de la culture, dont les comédiennes Muriel Robin, Alexandra Lamy et le metteur en scène Thomas Jolly.

Par ailleurs depuis la parution de la tribune de soutien, plusieurs des quelque 60 personnalités qui avaient signé, ont depuis pris leurs distances. Ces personnalités dont Carole Bouquet, Nadine Trintignant et Gérard Darmon, souhaitent avant tout prendre leur distance d’avec le comédien, Yannis Ezziadi, éditorialiste au magazine conservateur Causeur et proche de Julie Depardieu, à l’initiative de la tribune et qui a déclaré à Franceinfo : « De quel droit on empêcherait Gérard Depardieu, qu’est-ce qu’il a fait de condamnable ? Il a fait des blagues ! » « J’ignorais en signant cette tribune par qui elle était écrite » confiait ainsi Nadine Trintignant au Point. « Je serai toujours contre les lynchages médiatiques quels qu’ils soient », poursuit-elle pour justifier son soutien au texte publié dans Le Figaro.

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