Afghanistan: les hommes de retour à l’université, pas les femmes

Par Epoch Times avec AFP
6 mars 2023 12:52 Mis à jour: 6 mars 2023 19:19

Les hommes ont repris les cours ce lundi dans les universités afghanes rouvertes après la longue coupure hivernale, contrairement aux femmes qui, à leur grand désarroi, n’ont toujours pas été autorisées par le régime taliban à étudier.

L’interdiction d’accéder à l’université est l’une des innombrables restrictions aux droits des femmes adoptées par les talibans depuis leur retour au pouvoir en août 2021. Elle a suscité une vague de condamnations dans le monde, y compris dans des pays musulmans. « Je me sens comme un être humain inférieur », s’indigne Negah Khan, il y a encore peu de temps étudiante dans une université de l’est de l’Afghanistan, alors que des milliers de ses homologues masculins ont retrouvé lundi les bancs des universités.

Qu’elles défendent leurs droits, c’est ce qu’ils craignent

« Lorsque vous avez des rêves mais que vous êtes emprisonnées entre les quatre murs de votre maison et que l’on vous oblige à être une domestique, c’est décevant », déplore la jeune femme. « Si les filles et les femmes afghanes sont éduquées […] elles défendront leurs droits… c’est ce que craint le gouvernement », pointe de son côté Waheeda Durrani, qui a dû stopper ses études de journalisme à Hérat (ouest).

Fin décembre 2022, le ministre de l’Enseignement supérieur avait annoncé que les universités étaient désormais fermées aux femmes, au motif que les étudiantes ne respectaient pas l’obligation de se voiler entièrement le corps et le visage et n’étaient pas toujours accompagnées comme requis d’un « mahram », un accompagnateur masculin de leur famille.

Des mesures avaient été prises par les universités pour accueillir les étudiantes

Les universités avaient pourtant déjà adopté de nouvelles règles après le retour au pouvoir des talibans, notamment destinées à séparer filles et garçons pendant les heures de classe. Les femmes n’étaient ainsi autorisées à se voir donner des cours que par des professeurs du même sexe ou des hommes âgés.

Au sein de l’université privée Rana, dans la capitale, des affiches expliquant comment les femmes doivent être vêtues étaient encore accrochées dans les couloirs, tandis que quelques étudiants hommes avaient pris place dans des salles à moitié vides, ont constaté des journalistes de l’AFP. Plusieurs responsables talibans affirment que l’interdiction faite aux femmes d’étudier n’est que temporaire, mais ils n’ont pas donné de calendrier précisant quand elle sera levée. Les écoles du secondaire sont aussi fermées aux filles depuis un an et demi.

« Ca fait mal de voir que des milliers de filles sont privées d’éducation de nos jours », relève Mohammad Haseeb Habibzadah, étudiant en informatique à Hérat. Étudiant ingénieur à la prestigieuse université de Kaboul, Ejatullah Nejati estime, lui, que l’accès à l’éducation est un droit fondamental des femmes. « Même si elles assistent aux cours d’autres jours (que les garçons), ce n’est pas un problème. Elles ont le droit d’être éduquées et ce droit devrait leur être accordé », insiste le jeune homme en rentrant sur le campus.

Réactions de la communauté internationale

Les femmes ont été exclues de nombreux emplois publics, ou sont payées une misère pour rester à la maison. Elles n’ont pas le droit de voyager sans être accompagnées d’un parent masculin et doivent se couvrir intégralement lorsqu’elles sortent de chez elles. En novembre, les talibans leur ont également interdit d’entrer dans les parcs, jardins, salles de sport et bains publics.

Le rapporteur spécial sur la situation des droits humains en Afghanistan, Richard Bennett, a dénoncé lundi dans un communiqué « la politique intentionnelle et calculée des talibans » qui consiste « à répudier les droits fondamentaux des femmes et des filles et à les effacer de la vie publique ». La communauté internationale a quant à elle lié la reconnaissance du régime taliban et le versement des aides humanitaire et financière, dont l’Afghanistan a absolument besoin, au respect par les talibans des droits humains, en particulier celui des femmes à être éduquées et à travailler.

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