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Alerte des services secrets allemands : la Russie se prépare à une confrontation militaire directe avec l’OTAN

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Les drapeaux de l'UE (à g.) et de l'Allemagne devant le siège du service de renseignement fédéral allemand (BND) à Berlin, le 19 mai 2020. -

Photo: JOHN MACDOUGALL/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Les renseignements allemands ont lancé lundi un avertissement sans précédent : Moscou se prépare à une confrontation militaire directe avec l’Alliance atlantique. Martin Jäger, président du Service fédéral de renseignement (BND), a livré une analyse alarmante devant la commission de contrôle parlementaire du Bundestag.
« Le Kremlin estime disposer d’une opportunité réelle pour étendre son influence vers l’ouest et soumettre économiquement l’Europe à sa dépendance. Pour y parvenir, Moscou n’hésitera pas à engager un conflit militaire direct avec l’OTAN si nécessaire », a déclaré M. Jäger, ancien ambassadeur allemand en Ukraine désormais à la tête du BND depuis septembre dernier.
Un calendrier plus inquiétant que prévu
Contrairement aux prévisions initiales situant une éventuelle agression russe à l’horizon 2029, le chef du renseignement extérieur allemand estime que la menace est déjà présente. « Nous ne pouvons pas nous bercer d’illusions en pensant qu’une attaque russe n’interviendra pas avant 2029. Nous sommes déjà dans le feu de l’action aujourd’hui », a-t-il martelé.
Cette mise en garde intervient dans un contexte de multiplication des incidents suspects à travers l’Europe : intrusions de drones russes en Pologne, violation de l’espace aérien estonien par trois chasseurs militaires russes, sans compter les innombrables survols de drones, sabotages et campagnes de désinformation visant l’Allemagne elle-même.
L’Allemagne, cible prioritaire du Kremlin
« L’Europe vit au mieux une paix glaciale susceptible de basculer à tout instant vers une confrontation violente. Nous devons nous préparer à une nouvelle détérioration de la situation », a poursuivi M. Jäger, soulignant que l’Allemagne représente « la cible numéro un de la Russie en Europe ».
Cette position particulièrement exposée s’explique par le statut de première économie européenne de l’Allemagne et son « rôle de premier plan dans le soutien à l’Ukraine ». Berlin se retrouve ainsi au cœur de la stratégie de déstabilisation orchestrée par Moscou.
Une guerre hybride déjà engagée
Sinan Selen, président du renseignement intérieur allemand (BfV), a confirmé cette analyse inquiétante : « La Russie poursuit de manière agressive ses ambitions politiques contre l’Allemagne, l’Union européenne et ses alliés occidentaux. »
Les services russes ajustent constamment le degré d’escalade de leurs opérations dans un objectif stratégique clair : affaiblir les démocraties libérales. « Nous détectons un large éventail d’activités d’espionnage, de désinformation, d’ingérence, de sabotage et de cyberattaques menées par des acteurs et des États étrangers en Allemagne », a-t-il détaillé.
Des méthodes héritées de la Guerre froide
« La Russie n’a pas oublié la Guerre froide, ce qui signifie que les instruments utilisés à l’époque sont toujours disponibles », a rappelé M. Selen, faisant référence aux techniques éprouvées d’infiltration et de manipulation.
Le chef du BND a également dénoncé les tentatives russes « d’influer sur la politique intérieure et les décisions politiques en Allemagne ». Moscou a récemment intensifié ses interventions lors d’élections cruciales dans plusieurs pays européens, notamment en Moldavie.
Par ailleurs, le Kremlin instrumentalise délibérément les flux migratoires pour déstabiliser les nations européennes, comme l’illustre la situation à la frontière polono-biélorusse. Cette stratégie multiforme vise à fragiliser la cohésion européenne et à tester la résilience des démocraties occidentales face à une menace protéiforme et persistante.
Avec AFP