ANALYSE : Les 5 points sur lesquels Tucker Carlson a heurté la gauche comme la droite

Par Jackson Richman
29 avril 2023 05:52 Mis à jour: 2 mai 2023 21:26

Tout au long de sa carrière dans l’émission la plus regardée du câble, Tucker Carlson a hérissé le poil de la gauche comme de la droite.

L’animateur de l’émission « Tucker Carlson Tonight » a quitté Fox News le 24 avril, après avoir profondément marqué le discours politique américain, défiant le consensus de l’establishment des deux partis.

« Tucker, dans son approche et ses réflexions sur l’actualité, avait une inclinaison idéologique ou des opinions sur toutes sortes de choses. Ce qui fait que, lorsque vous le mettez face à toutes les autres personnalités de Fox News, cela crée une diversité d’opinions plus riche que tout l’ensemble des différents animateurs de CNN ou MSNBC réunis », a expliqué à Epoch Times Curtis Houck, directeur de la rédaction du blog du Media Research Center, NewsBusters, un organisme de surveillance des médias conservateurs.

« Si l’on retire Tucker du jeu, quelle que soit l’opinion que l’on a de lui sur des sujets comme l’Ukraine, c’était une voix différente. Il avait une opinion différente sur tout un tas de choses ».

Voici cinq sujets sur lesquels Tucker Carlson s’est démarqué des républicains et des démocrates.

Russie-Ukraine

Carlson a été vertement critiqué pour s’être rangé du côté de la Russie lors de la guerre en Ukraine.

En novembre 2019, quelques années avant l’invasion russe, il a déclaré soutenir la Russie contre l’Ukraine, puis il s’est rapidement rétracté et a déclaré qu’il plaisantait.

« Pourquoi ce qui se passe dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie devrait me concerner? », avait-il lancé. « Je suis sérieux. Pourquoi cela devrait me concerner? Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas soutenir la Russie ? C’est ce que je fais. »

Il a pris la défense du président russe Vladimir Poutine, le 22 février 2022, trois jours seulement avant l’invasion

« Cela vaut peut-être la peine de se demander, puisque la situation devient très sérieuse, ce qui se passe vraiment. Pourquoi est-ce que je déteste tant Poutine ? », a-t-il lancé lors de son émission du soir. « Poutine m’a-t-il déjà traité de raciste ? A-t-il menacé de me faire licencier pour avoir été en désaccord avec lui ? »

En décembre 2022, Carlson s’en est pris au président ukrainien Volodymyr Zelenskyy à la suite de son discours devant le Congrès, dans lequel il demandait une aide supplémentaire pour lutter contre l’offensive russe.

« À notre connaissance, personne ne s’est jamais adressé au Congrès des États-Unis en sweat-shirt, mais ils l’aiment bien plus qu’ils ne vous aiment vous », a-t-il dit.

« Le président de l’Ukraine est arrivé à la Maison Blanche habillé comme le gérant d’un club de strip-tease et a commencé à réclamer de l’argent. Étonnamment, personne ne l’a mis à la porte. Au lieu de cela, ils ont fait ce qu’il demandait. Les contribuables américains, a déclaré Joe Biden, continueront à donner à Zelenskyy tout ce qu’il demandera ‘aussi longtemps qu’il le faudra’. »

« Il est intéressant de noter que Joe Biden n’a jamais précisé de quoi il s’agissait. Le temps qu’il faudra pour faire quoi ? Repousser l’armée russe jusqu’aux frontières d’avant l’invasion ? Cela semble raisonnable. C’est ce que pensent la plupart des Américains, la plupart de ceux qui sont attentifs. Mais ce n’est pas ce que Zelenskyy veut dire, et ce n’est pas ce qu’il demande ».

Le 17 février, Carlson a laissé entendre que la vice-présidente Kamala Harris avait des intérêts dans ce conflit.

« Personne n’a bénéficié davantage de ces nouveaux standards – ces standards très inflexibles, basés sur la génétique – que Kamala, Carmela, Komolah, quel que soit le nom que vous lui donnez, la vice-présidente des États-Unis », a-t-il déclaré. « Elle ne s’est pas montrée à la hauteur au sens strict du terme. Elle était censée maintenir la paix en Ukraine. Cela a abouti à une guerre ».

Carlson n’a pas limité ses critiques aux démocrates.

En mai 2022, il a également reproché aux républicains de soutenir l’aide américaine à l’Ukraine.

« Il faut espérer qu’un milliardaire sincère acceptera de financer des challengers aux primaires contre chacun des sénateurs républicains qui soutiennent Mitch McConnell », a déclaré l’animateur, citant les sénateurs de l’époque, Rob Portman (Ohio) et Pat Toomey (Pennsylvanie), et les sénateurs Lindsey Graham (Caroline du Sud), Tim Scott (Caroline du Sud) et Cindy Hyde-Smith (Mississippi). Il a également critiqué Nikki Haley, aujourd’hui candidate républicaine à l’élection présidentielle.

Le même mois, il a affirmé que les démocrates soutiennent l’Ukraine pour se venger de la Russie, qu’ils accusent d’avoir interféré dans l’élection américaine de 2016 pour favoriser l’élection de Donald Trump à la présidence.

« Les démocrates se sont convaincus que la Russie a volé la présidence qui appartenait légitimement à Hillary Clinton. Ils le pensent vraiment », a-t-il dit. « C’est pour cela qu’ils nous entraînent dans cette guerre contre la Russie (…) à un certain niveau, la motivation principale est aussi simple que cela. Nous savons que la guerre en Ukraine n’a pas pour but de sauver la démocratie. Nous savons qu’il ne s’agit pas de protéger les frontières sacrées d’un pays souverain ».

Guerre d’Irak

En mars, dans le cadre de l’émission « Full Send Podcast », Carlson a expliqué que l’un de ses plus grands regrets est d’avoir soutenu la guerre en Irak en 2003.

« Les médias font partie de l’appareil de contrôle (…) mais si vous êtes moi et vous passez toute votre vie dans ce monde, et [à un moment] vous regardez autour de vous et tout d’un coup vous vous dites : ‘Oh wow’. Non seulement [ces personnes] font partie du problème, mais moi aussi j’ai passé la majeure partie de ma vie à faire partie du problème, en défendant la guerre en Irak. C’est ce que j’ai fait ». Vous imaginez cela ? », a-t-il déclaré.

En août 2022, Carlson a critiqué la gauche pour son interventionnisme, y compris en Irak.

« La question la plus fondamentale est la suivante : quand les libéraux [de gauche] américains ont-ils construit quelque chose pour la dernière fois ? Quand Nancy Pelosi, Joe Biden ou n’importe lequel d’entre eux – Susan Rice – ont-ils créé quelque chose qui en valait la peine ? »

« Jamais. Ils cassent tout. Ils arrivent, ils aggravent la situation, ils passent à autre chose. Ils ne s’excusent jamais. Ils l’ont fait en Afghanistan, en Irak, en Ukraine, en Syrie et en Libye. Vont-ils le faire avec la Chine maintenant ? »

En février, sur un autre podcast, Carlson s’est emporté contre l’establishment républicain de la politique étrangère qui a soutenu la guerre d’Irak.

« Je pense que la politique étrangère néoconservatrice a complètement corrompu le Parti républicain et orienté la nation tout entière dans une direction erronée et très triste », a-t-il déclaré au podcast The Overton Window Podcast (La fenêtre d’Overton).

Big tech

Tucker Carlson s’en est également pris aux Big techs.

Il a accusé les démocrates d’être de connivence avec les Big Tech pour fausser l’élection présidentielle de 2020 en faveur de M. Biden.

« Par-dessus tout, les Démocrates ont exploité le pouvoir des Big Tech pour remporter cette élection. Pratiquement toutes les news et toutes les informations dans le monde anglophone transitent par une seule entreprise, Google. Un pourcentage énorme de nos débats politiques se déroule sur Facebook et Twitter », a-t-il déclaré en novembre 2020.

« Si vous utilisez la technologie pour censurer les idées que les gens sont autorisés à exprimer en ligne, en fin de compte, vous contrôlez la façon dont la population vote. Et c’est exactement ce qu’ils ont fait. Ils ont truqué les élections sous nos yeux à tous, et personne n’a rien fait pour y remédier. »

Il n’a pas exempté les Républicains de sa colère contre les Big Tech.

En décembre 2019, Carlson a interpellé la Heritage Foundation, qui l’a accueilli le 21 avril en tant qu’orateur principal lors de leur gala pour célébrer les 50 ans du groupe de réflexion conservateur, ainsi que d’autres groupes de droite.

En juillet 2020, il a déploré le peu de « Républicains ayant forcé les Big Tech à faire face aux conséquences de leurs actions au cours des quatre dernières années ».

En avril 2022, Carlson a fustigé Kevin McCarthy (Parti républicain, Californie), aujourd’hui président de la Chambre des représentants, pour avoir apparemment exprimé le souhait que les Big Tech censurent les déclarations controversées de ses collègues républicains, espérant ainsi ne pas compromettre les chances du parti lors des élections de mi-mandat organisées cette année-là.

L’immigration

En décembre 2022, Carlson a attaqué les Démocrates et les Républicains au sujet d’un éventuel projet de loi sur l’immigration, qui prévoyait l’amnistie de millions d’étrangers en situation irrégulière.

« Et bien sûr, l’immigration déstabilise votre société. Elle la rend beaucoup moins cohésive. C’est toujours vrai. Peu importe d’où ils viennent. Si vous avez une tonne de nouvelles personnes, vous êtes moins cohésif », a-t-il déclaré.

« Alors pourquoi viennent-ils ? Il n’y a qu’une seule raison. Parce que le Parti démocrate veut de nouveaux électeurs, un point c’est tout. Ce n’est pas un complot raciste. Pas du tout. C’est la vérité. Et nous savons que c’est vrai non pas parce que nous l’avons entendu sur Alex Jones, mais parce que les chefs de file des démocrates l’ont dit à plusieurs reprises en public depuis des années. »

« De nouvelles informations suggèrent que les Démocrates et plusieurs Républicains travaillent sur un accord visant à adopter une amnistie de masse pour des millions d’étrangers en situation irrégulière avant que le nouveau Congrès ne puisse siéger. Kevin McCarthy, le nouveau président de la Chambre des représentants, a promis de ne pas voter de projet de loi sur l’immigration tant que la frontière ne sera pas sécurisée, car ce serait de la folie de faire autrement. »

« Pourtant, plusieurs membres républicains du Sénat tentent de faire passer une amnistie de masse avant que le nouveau Congrès républicain ne siège le mois prochain. Thom Tillis, sénateur républicain de Caroline du Nord, est à la tête de ces efforts, et il mérite de devenir célèbre rien que pour cela. Il est rejoint par la démocrate Kyrsten Sinema, de l’Arizona ».

Le 6 janvier

En 2021, Carlson a publié un documentaire intitulé « Patriot Purge » sur l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole des États-Unis par des partisans de Trump désireux d’empêcher la certification par le collège électoral de la victoire de Biden en tant que président.

En mars, il a présenté à ses millions de téléspectateurs des images de vidéosurveillance prises le 6 janvier, le bureau du président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, ayant décidé d’en donner l’accès à l’émission de Tucker Carlson.

Carlson a décrit ce qui s’est passé au Capitole, où les partisans de Trump ont affronté la police et ont frappé l’un d’eux, comme étant un « chaos essentiellement pacifique ».

« ‘Insurrection meurtrière’. Tout dans cette phrase est un mensonge », a-t-il déclaré, en référence à l’expression retenue par les Démocrates pour qualifier les évènements du 6 janvier. « Il n’y avait pas grand-chose d’organisé ou de violent le 6 janvier. Les vidéos de surveillance de l’intérieur du Capitole montrent un chaos essentiellement pacifique », a-t-il ajouté.

En plus des Démocrates, qui ont critiqué Carlson pour avoir obtenu les enregistrements et pour la façon dont il a parlé de cette journée tragique, les Républicains s’en sont également pris à lui.

« Je n’ai pas de problème avec le fait de rendre publiques les images du 6 janvier », a déclaré Dan Crenshaw (Parti républicain, Texas). « Mais si notre message consiste à essayer de convaincre les gens que rien de grave ne s’est produit, nous allons avoir l’air ridicule. »

En réponse au commentaire de Tucker Carlson, M. Graham a déclaré « qu’étouffer l’affaire du 6 janvier ne l’intéressait pas ».

Carlson a répliqué aux républicains qui l’ont critiqué qu’ils étaient « du même côté » que le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer (Parti démocrate, New-York), qui a déclaré qu’en « choisissant Tucker Carlson, McCarthy a montré que ce simulacre ne visait qu’à plaire aux partisans du MAGA qui nient l’élection, et non à faire éclater la vérité. Tucker Carlson n’est pas fidèle à la vérité ou aux faits et a utilisé sa plateforme pour promouvoir ‘le gros mensonge’ [‘The Big lie’, le terme utilisé par les Démocrates pour désigner la théorie selon laquelle les élections de 2020 ont été truquées, NDLR], déformer la réalité et épouser de fausses théories du complot sur le 6 janvier ».

Carlson a ajouté : « Chuck Schumer, le chef de la majorité au Sénat, a été rejoint dans cet outrage par le chef de la minorité au Sénat, un Républicain, Mitch McConnell. Et ils ont été rejoints par une cascade d’autres Républicains – Tom Tillis de Caroline du Nord, Mitt Romney de l’Utah – tous partageant la même indignation. »

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